Chapitre 2

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J'avais encore passé une matinée seul, à essayer de m'occuper. Il n'y a rien à faire dans cette tour, à présent. Même plus de place pour peindre, et je n'ai rien pour coudre ! J'ai l'impression d'être en prison.

J'ai quand même trouvé un endroit, derrière des rideaux, qui ne servaient strictement à rien. Et j'y avais peint quelque chose qui me tenait à cœur, pendant une ou deux heures, ce qui m'a occupé tout de même.

Les lanternes.

Moi, voyant les lanternes de près, pour la première fois.

Lorsque mère est rentrée, j'étais tout excité : demain, c'était mes dix-huit ans après tout, alors elle pourrait au moins accepter cela ! Même si elle m'accompagne, tout ce que je veux, c'est voir les lanternes.

J'ai été le plus gentil et attentionné possible, et même si je suis encore enfantin et immature comme elle le dit, elle avait très bien compris que je n'étais pas comme ça juste par bonne humeur.

« Eddie, je ne sais pas ce que tu veux me demander, mais tu le feras après. Utilise donc de ta soudaine bonté pour me rafraîchir ! »

Elle n'aimait pas dire rajeunir : elle trouvait que ça faisait trop désespéré.
Du coup, je compris tout de suite ce qu'elle voulut dire, et j'étais tellement impatient de lui demander que j'avais rapidement préparé les sièges et la força à s'asseoir, lui mettant la brosse dans les mains, et commença à chanter cette fameuse chanson qu'elle m'a apprise depuis que je suis jeune tellement rapidement que cela lui fit passer une drôle de décharge.
L'effet de rajeunissement ne fit donc pas effet ; évidemment, à cause de cela, je l'avais énervé.

« Très bien ! Qu'as-tu à me demander ? »

Même si j'avais dû être contrarié par son ton agressif, je ne le fus pas ; et je me précipita vers la peinture que j'avais faite quelques heures avant son retour, le visage rayonnant.

« Vous voyez, mère, j'ai fait cette peinture car je voulais vous demander quelque chose d'important : chaque soir, le jour de mon anniversaire, il y a ces lanternes dans le ciel. Et j'aimerais tellement, tellement les voir en vrai...
-Tu insinues que tu voudrais sortir d'ici ?
-Juste pour cette soirée... Et pas plus longtemps. »

Elle s'était levée de sa chaise d'un air furieux, et l'aspect rayonnant que j'avais a directement disparu suite à cela. Je savais qu'elle allait me répéter la même chose, ce qu'elle me dit à chaque fois que j'énonce le dehors.

« Edward, tu as complètement perdu la tête ! Ces lanternes, tu les regardes de ta fenêtre, et c'est suffisant. Tu ne peux pas sortir d'ici ! Tu es immature, naïf, et regarde ton accoutrement ! Les personnes vont penser que tu es une jeune fille, ce qui va te mettre encore plus en danger ! Et ta chevelure ! Tu y as pensée ? Je... »

Je soupirai fortement, et me dirigea vers elle, le regard baissé cependant. Je ne voulais pas croiser le sien rempli de colère. Je pris ses mains entre les miennes, comme pour essayer de la rassurer, même si à mon avis, elle n'en avait pas réellement besoin.
Ce n'est pas tant de moi-même et de mon bien-être qu'elle se souciait, après tout.

« Mère, j'ai compris. J'abandonne ce souhait. A la place, pour mon anniversaire, vous pourriez peut-être me ramener cette peinture aux coquillages blancs... Ou de la soie. Je sais que ces demandes vous ferons faire un long voyage, mais ça me ferait fortement plaisir... »

C'était évidemment une ruse pour qu'elle parte longtemps, assez longtemps pour que je puisse sortir et voir ces lanternes qui rayonnent dans le ciel noir.

Et ça avait marché. Elle avait préparé son panier, et j'ai aidé, bien sûr, pour paraître serviable, et s'en était allée quelques minutes après mes paroles, déblatérant des mensonges comme quoi elle m'aimait et que j'allais lui manquer.

En attendant qu'elle soit partie assez loin pour ne pas que je la croise lors de mon chemin, je faisais les cent pas : était-ce vraiment une bonne idée ? Si elle revient plus tôt, elle verrait que je serais parti, et elle se serait fait un sang d'encre, pensant qu'on a trouvé notre cachette... Et que quelqu'un aurait coupé ma chevelure.

Qu'importe ! J'ai dix-huit ans, et c'est l'âge pour faire ce que je veux, après tout !

Mais lorsque je m'apprêtais à partir, sur un coup de tête, évidemment, un bruit se fit entendre à la sorte d'entrée. Puis je vis une silhouette, mais comme elle était à contre-jour, je ne pus voir son visage. Pris de peur, je me munis de la première chose que j'avais sous la main, qui était en l'occurrence une poêle à frire. Je m'approcha alors derrière lui pour l'assommer, et suite à cela, il tomba raidement sur le sol.

Le ciel étoilé - [FF REDDIE FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant