Chapitre 42

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Lorsque je me réveille, Faustian n'est déjà plus là. Ce n'est pas une chose surprenante venant de lui. Néanmoins, je ne peux cacher une certaine inquiétude à l'idée qui puisse lui arriver quelque chose aujourd'hui. La blessure qu'on lui a infligée hier me hante encore l'esprit. Et s'il ne revenait pas ce soir ? Et s'il ne revenait même jamais ? Et puis, suite à notre courte discussion de la veille, j'espère qu'il n'est pas fâché des propos que j'ai pu tenir bien que, de mon côté, je ne vois pas en quoi ceux-ci auraient pu l'irriter. Pourtant, il m'avait paru presque froid avant que le sommeil nous emporte alors que, peu de temps avant, tout semblait plutôt... Calme.

Brusquement, quelqu'un vient donner trois coups à la porte. Je me lève rapidement en comprenant que notre hôtesse en est sûrement à l'origine. Je m'empare de ma tenue, que je revêts en toute vitesse, pour commencer la journée de travail. Je mets un peu d'ordre dans la chambre et prends la direction du rez-de-chaussée. Mon regard se pose sur Yeva qui semble fort agitée ; elle ne cesse de faire des aller-retour un peu partout à travers le hall. Elle semble trop affairée pour remarquer ma présence. Je ne comprends pas immédiatement la cause de toute cette agitation jusqu'à ce que mes souvenirs me reviennent. Aujourd'hui, elle attend plusieurs clients. La journée s'annonce difficile. Je me précipite jusqu'à elle pour lui proposer mon aide. Elle m'indique de la rejoindre dans la cuisine pour m'occuper de certaines taches, qu'elle ne spécifie pas aussitôt. Une fois à l'intérieur, je la vois fouiller un peu partout dans ses rangements, à la recherche de quelque chose qu'elle semble, visiblement, ne pas être en mesure de trouver.

-Yeva, que puis-je faire pour t'aider ? Demandai-je diligemment.

-Rien de vraiment important... Enfin, si. À moins que tu puisses trouver les herbes aromatiques que j'ai utilisées hier pour le repas, je ne pense pas que tu puisses faire grand chose... Je pense avoir utilisé mes dernières pour le repas d'hier soir... Il me semblait pourtant en avoir gardé en réserve... Enfin, je dois m'en procurer dans les plus bref délais pour pouvoir cuisiner, sans elles, je ne pourrai pas cacher l'arrière-goût désagréable que peut avoir la viande de ce midi... Dit-elle en continuant sa recherche désespérée.

-Il me semble bien vous avoir vu utiliser les dernières que vous aviez hier soir... Vous n'en avez sans doute plus ici...

Il est vrai que notre hôtesse, une femme au premier abord acariâtre, se trouve être, en réalité, une personne très gentille, mais aussi très autoritaire. Elle se montre très soucieuse des personnes qui l'entourent, bien qu'elle n'en donne pas l'impression. La voir dans un tel affairement me met plutôt mal à l'aise puisque je ne sais pas ce que je peux faire de plus pour lui venir en aide. Nous ne sommes que deux à travailler ici et à nous occuper des clients. Il m'est même difficile de m'imaginer combien les journées devaient être longues lorsqu'elle était seule à s'occuper de l'auberge. Et malgré tout le courage dont elle fait preuve pour tenir cet endroit, elle reste aussi maladroite et des fois étourdie, chose très surprenante.

-Oh mince... Je pensais vraiment en avoir acheté le double la dernière fois, histoire d'en avoir en réserve... La viande est presque prête, mais je crains qu'elle soit beaucoup moins bonne... Si je ne trouve pas une solution rapidement, je vais avoir du retard pour le reste de la journée...

-Je peux sans doute vous venir en aide ? Les herbes sont rangées quelque part dans la cuisine...

-Non, j'ai fait le tour des étagères par trois fois, il n'y a rien. Les clients arrivent bientôt, je ne dois pas avoir de retard... Le repas que je dois leur servir doit être parfait, pour ne pas que la réputation de mon établissement n'en soit que plus mauvaise... Enfin, tu sais, on n'a pas bonne réputation auprès des citadins de cette ville... Je ne sais vraiment plus quoi faire, maintenant que je dois gérer cet endroit seule... Quelques étrangers s'arrêtent le temps d'une nuit tout au plus et quelques habitués fréquentent toujours les lieux... Mais les temps se font de plus en plus durs, et je refuse de voir cet endroit tomber en désuétude alors que nous avons passé des années à essayer de survivre...

FaustianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant