— Ma reine, vous y êtes presque, exhorta la matrone. Poussez ! Encore !
Ladite reine, femme d'une grande beauté, lui répondit par une plainte qui déforma sa bouche mince. Des cheveux en bataille encadraient son visage aux traits fins, typique de son espèce. Assise sur le rebord du lit à baldaquin, les jambes écartées, elle se tenait au montant comme si sa vie en dépendait. Les joues de la parturiente se coloraient de rouge et des gouttes de transpiration perlaient sur ses tempes. Une main masculine les épongea délicatement pendant que face à elle, la matrone continuait de l'encourager d'une voix forte et sans appel.
La reine poussa alors un gémissement plus fort que les autres et l'homme-elfe à ses côtés grimaça, l'autre main broyée par celle de sa bien-aimée. Il enleva les quelques mèches empêchant de voir les yeux azur de la patiente et sourit. Le regard ancré dans celui de sa femme, il lui murmura alors des mots doux pour lui témoigner tout son amour. Elle acquiesça d'un sourire forcé, faisant bonne figure malgré la situation. Habituellement, la voix aux notes suaves du roi apaisait la reine, mais ce jour se distinguait des autres. La pression de sa main devint plus forte et elle se cambra, la tête rejetée en arrière.
Les lois de la nature ne s'encombrent pas de l'identité d'une future mère, qu'elle soit noble ou qu'elle provienne du peuple. La souveraine éprouvait donc autant de douleur que toutes celles passées par là avant elle. La mise bas est un acte merveilleux. Donner la vie est unique, mais non sans danger. Bien entourée par la sage-femme et ses assistantes, la peur tenaillait quand même les entrailles de la reine. La matrone massait son entrejambe pour activer l'arrivée du bébé qui se faisait attendre et ses ordres fusaient d'un ton sec en direction de ses aides.
Les commères et les nourrices courraient dans tous les sens afin d'apporter linges humides et équipements pour la suite des évènements. Elles murmuraient que le sort ne serait pas favorable si cet homme ne quittait pas la chambrée. Leurs regards insistants ne déstabilisèrent pas pour autant le roi qui n'avait que faire de leurs croyances. Un regard de supplice de ses yeux de félin envers son mari et la parturiente gémit une nouvelle fois, poussant de toutes ses forces. Celui-ci jeta des coups d'œil inquiets à la matrone et chercha en elle un soutien. Il voulait être rassuré pour pouvoir lui-même transmettre ses encouragements à sa femme.
La matrone continua son travail alors que les discussions des assistantes tenaient le silence à distance. La chambre majestueuse semblait comme figée dans l'expectative de cet événement tant attendu. La cire qui coulait le long des bougies aux flammes vacillantes témoignait des minutes qui défilaient au gré de la brise nocturne de cette fin de printemps. Le courant d'air se déversait par les fenêtres maintenues entrouvertes et venait adoucir la scène d'une fraîcheur bienvenue. Des offrandes à Ilúvatar étaient disposées sur un autel pour le moment fatidique et diffusaient un parfum enivrant.
La nuit était maintenant bien entamée, un feu brûlait fièrement dans la cheminée permettant de changer les linges régulièrement. Une layette disposée avec soin dans un coffre attendait sagement d'accueillir l'enfant. Mais c'est seulement au matin que les cheveux châtains d'un petit ange apparurent aux portes de la vie. Le corps minuscule du bébé elfe s'échappa de sa mère transie d'épuisement sous les mains expertes de la matrone. Les premiers cris du nouveau-né ne tardèrent pas à réconforter les parents.
La reine put enfin relâcher ses muscles endoloris. Une nourrice coupa le cordon ombilical puis baigna l'enfant dans le cuvier rempli d'eau tiédie, sous le regard attentif du père impatient. Un tissu en coton vint l'envelopper, recouvrant chaque parcelle de sa peau excepté son visage poupin et ses petits doigts potelés. Le roi laissa sa dulcinée au soin des commères pour enfin accueillir l'être sans défense dans ses bras musclés, d'un geste protecteur. Comme s'il la préservait du monde. La, une petite elfe, sa fille, l'héritière du trône d'Esméra.
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Olympe d'Esméra
FantasyJe ne suis pas dangereuse. Mon cœur est pur, mes intentions sont bonnes. Je ne suis qu'une elfe d'Alantya à la recherche de la vérité. Celle-là même qui lors de mon périple confirma le doute à propos de mes origines. Au commencement, je ne connais...