Farewell, my love

801 48 44
                                    



« La nuit n'est jamais complète. Il y a toujours puisque je le dis, puisque je l'affirme, au bout du chagrin, une fenêtre ouverte. » - Paul Eluard.

Debout derrière la fenêtre, Magnus Bane observait la pluie qui tombait à l'extérieur. Elle ne s'était pas arrêtée depuis plus de quatre jours, et il savait que ce n'était pas dû au hasard. Tout autour de lui était devenu gris, insipide. Lui n'était plus qu'une pâle copie de lui-même. Des creux se traçait sur son visage amaigri et son corps, jadis si puissant, s'affaiblissait de jours en jours. Son regard doré était maintenant vide, tout comme son cœur qui était en train de perdre ce qui le maintenait en vie. Le sorcier poussa un long soupir et ferma les yeux pour s'accorder un court moment de répit, seul avec lui-même.

-Tu n'es toujours pas allé le voir, n'est-ce pas ? Dit un homme, rentrant soudainement dans la pièce.
Magnus rouvrit les yeux et se retourna avec lassitude vers la voix. Un bel homme d'une cinquantaine d'année, aux cheveux bruns et à la peau basanée, faisait face à Magnus un plateau à la main. Il semblait moins faible que ce dernier, mais son visage laissait paraitre une grande fatigue.
-Je t'ai apporté un repas, j'aimerais bien que tu manges un peu, dit l'homme en posant le plateau sur une table.
Magnus se retourna vers la fenêtre, peu intéressé.
-Merci mais je n'ai pas faim, Rafael.
-Papa, je t'en prie. Cela fait des jours que tu n'avales plus rien. Regarde autour de toi, qu'est-ce que tu es en train de faire ?

Le sorcier jeta rapidement un œil à la pièce. Les meubles et le sol étaient recouverts de bouteilles vides de Martini. L'alcool était la seule chose qui remplissait l'estomac de Magnus depuis des jours, mais finalement, même l'alcool ne lui faisait plus aucun effet.

-Oh ne t'inquiètes pas mon fils, ma sous-nutrition ne va pas me tuer. Je suis immortel...
Il prononça ces derniers mots dans un murmure presque inaudible, une mélancolie infinie dans sa voix.

-Il faut que tu viennes le voir, papa. Il a besoin de toi, et maintenant.
-Je ne peux pas.
-Mais pourquoi ? Demanda Rafael en haussant légèrement le ton. Tu ne comprends donc pas ce qu'il se passe ?
-Je sais très bien ce qu'il se passe, répondit-il. Mais ne le dis pas, s'il te plait. Je ne peux pas l'entendre.
Agacé, Rafael s'approcha de Magnus et lui attrapa l'épaule, l'obligeant à se retourner.
-Tu devras bien finir par l'entendre ! reprit-il. Ton époux a besoin de toi, il a besoin de s'accrocher à quelque chose qui le rend vivant, et c'est toi. Tu n'as pas le droit de le laisser seul dans un moment pareil, je te l'interdis !
-Ne prends pas ce ton là avec moi, Rafael. Tu n'as rien à m'interdire, ni à m'obliger à faire quoi que ce soit. Je ne peux pas le voir, c'est tout... C'est au dessus de mes forces.

Bien que Rafael semblait avoir vingt ans de plus que Magnus, qui avait toujours gardé le visage de ses trente ans, le fils avait toujours voué un immense respect à son père. 

-Mais papa, je ne te comprends pas cette fois. L'homme de ta vie est mourant. Le père de tes enfants. Tu ne peux tout simplement pas le laisser partir... seul.

Un long silence s'installa entre les deux hommes. Les larmes les avaient maintenant rejoints. Magnus leva les yeux vers son fils, bien plus grand que lui. Son chagrin se lisait dans ses yeux éteints.

-Ce n'est pas ce que je souhaite, Rafe. J'aimerais être à ses côtés mais c'est bien trop dur... de dire au revoir. Encore une fois. 

Sa voix se brisa lorsqu'il prononça ces derniers mots. Les larmes dévalèrent les joues de Magnus, et sans dire un mot, Rafael le serra dans ses bras. Pendant un moment qui parut éternel, le père et le fils étaient là l'un pour l'autre, se soutenant pour ce qui était leur plus grande peur : la disparition de la personne la plus importante de leur vie.

Farewell, my love. | Malec (OS)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant