Just Play 2 (Terminé)

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JEANNE

Toutes les maisons se ressemblent ici. Elles sont petites et pauvres. Les villageois qu'on a croisé portent tous des gros bonnets en fourrure sur leurs têtes avec des grands manteaux en cuir. Ce village ne doit pas être grand car ils nous dévisagent tous avec curiosité. C'est sûr qu'avec nos doudounes d'occidentaux et nos baskets, on fait vraiment touristes.

Sam ne m'a pas lâchée la main pendant tout le trajet. Je suis congelée de la tête aux pieds, mes lèvres sont si gercées que j'ai l'impression qu'elles sont collées.

On arrive devant une maison en pierres qui paraît aussi pauvres que les autres. Sonya et Blaise sonnent à la porte. Ils sont accueillis par une femme d'une cinquantaine d'années. Elle a les cheveux rouges bouclés et une vieille robe en tissu délavée.

Elle nous fait tous rentrés avec un grand sourire chaleureux, mais semble m'ignorer quand je passe à côté d'elle.
Des légers doutes viennent m'envahir. Si elle est voyante ou guérisseuse comme elle le prétend, elle devrait ressentir ma tâche noire non ?
Elle devrait tout de suite savoir que quelque chose cloche en moi. Mais non, elle nous conduit d'une démarche lente et assurée vers le fond de sa maison qui est beaucoup trop décorée à mon goût.

Alex s'arrête à un moment dans un vieux couloir pour me chercher du regard. Il paraît aussi inquiet que Sam qui me tient toujours fermement la main.
Quand on passe à sa hauteur, il me demande si ça va, mais Sam me tire pour avancer.

Je suis si contente qu'il ait repris les choses en mains. Je sens de nouveau ce sentiment de sécurité et de protection qui me fait du bien. Quand il m'a recadrée cette nuit à la station essence, c'est comme si j'avais reçu une bonne claque dont j'avais tant besoin. Mon homme est là, toujours présent, malgré mes sauts d'humeur noirs, très obscurs qui envahissent mon esprit.

Quelques minutes plus tard, on débarque en file indienne dans une petite pièce sombre, remplie de bougies. Des grands tissus verts et oranges, en forme de losanges, sont accrochés aux murs.

La femme s'assoit sur une chaise en bois, alors qu'on s'est tous alignés contre le mur en attendant la suite.
Il y a quatre pots d'encens allumés dans les quatre coins de la pièce. Une petite table en bois devant la femme, et une bibliothèque derrière elle. Je ressens une curieuse énergie flotter dans la pièce. Elle est puissante et douce à la fois. Très spéciale.

—La fille à la marque, vient ici.

Son français nous surprend tous.
Je croyais qu'elle parlait anglais ?
Bien qu'elle roule les lettres à la russe, sa phrase était bien prononcée.

Je capte son regard noisette qui me déstabilise. Il paraît autoritaire et gentil à la fois. Très bizarre.

Les jambes un peu tremblantes, je jette un regard à Sam qui me fait signe d'y aller. Je souffle un bon coup, et lache sa main pour m'avancer vers elle.
Elle braque alors ses yeux sur les autres.
Ne sachant pas où m'asseoir, j'opte pour le tapis devant la table en bois.

—L'homme au cœur brûlé, également.

La femme aux cheveux rouges prend son temps pour nous observer, et s'adresse à nous d'une voix légèrement rauque.

Sam vient s'installer auprès de moi en tailleur, et attrape ma main pour la placer dans la sienne. Je sens son stress à travers ses doigts et ça me rend nerveuse. J'essaye de le rassurer par mon regard, mais j'ai l'impression que notre connexion est rompue. Parasitée par l'ambiance lourde et stressante qui nous entoure.

—Il y a un deuxième homme aussi. Pourquoi ?

Mon cœur loupe un battement.
Elle n'a pas posé la question à moi.
Ni à Sam.
Mais au plafond.