Снαριτπε 8 : Bataille imminente

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La solitude me rongeait le coeur depuis plusieurs jours alors que nous avions déjà rejoins les montagnes dans une atmosphère grave. On pourrait croire que je m'y serais habitué mais non, la mort de mes amis m'était toujours aussi douloureuse. La seule différence qui prouvait mon habitude des champs de bataille, c'était mes yeux secs et ma capacité à pouvoir continuer bon gré mal gré mon rôle de capitaine, d'un air toujours égal.

Les novices que je dirigeais, eux, ne paraissaient pas au meilleur de leur forme et je pouvais les comprendre après la vision de ce véritable charnier. Je les entendait remuer la nuit depuis ma tente que je ne quittais plus pour faire mes rondes habituelles, laissant ce rôle à Mikasa. J'imaginais parfaitement la teneur de leurs rêves et je leur souhaitais des nuits vides de songes tandis que mes insomnies s'enchaînaient.

Mes pensées nocturnes emplies de regrets et de souvenirs furent perturbées par l'entrée discrète de quelqu'un dans ma tente alors que la nuit était déjà tombée depuis des heures, ne me laissant apercevoir qu'une ombre. Je me relevai d'un mouvement souple, sortant mon épée de son fourreau à mes côtés pour la fixer sur l'intrus. J'allumais d'une main la lampe à huile sur ma table de chevet sans quitter ma cible des yeux et rencontrai deux perles émeraudes qui me fixaient calmement.

- Qu'est-ce que tu fous là gamin ? J'aurais pu te tuer, lâchai-je en rengainant mon arme avant de m'asseoir sur ma couchette la tête basse.

- Vous ne venez plus le soir alors je suis venu vous chercher, répondit-il doucement sans me quitter des yeux.

- Et si j'avais été en train de dormir, tu y as pensé morveux, questionnai-je ironiquement en relevant mon visage vers Eren.

- Vous ne dormez pas, répliqua-t-il d'un ton neutre sans esquisser le moindre geste.

Je soupirai devant sa légère effronterie et étégnis ma lampe pour en économiser l'huile avant de sortir à l'air libre, le jeune Jeager sur les talons.

- Bon qu'est-ce que tu me veux sale mioche, grondai-je en me retournant vers Eren.

- Je n'ai même plus le droit d'être appelé par mon prénom, releva-t-il avec un sourire espiègle.

Je sentis mon coeur se serrer à cette douce vision.

- Pas quand tu fais irruption dans ma tente en plein milieu de la nuit, grommelai-je en reprenant ma marche vers l'extérieur du camp, me sentant étouffer.

- Si vous ne vous y enfermiez pas tous les soirs, je n'aurais pas eu besoin de recourir à ce genre de méthodes mon Capitaine, déclara-t-il simplement en m'emboîtant le pas.

Je saluai les soldats en charge de monter la garde en sortant de la limite du campement pour m'aventurer vers un petit bosquet enneigé. La neige fraîche ne facilitait pas mon avancée mais je ne perdais pas mon objectif de vue.

- Ne m'abandonnez pas Capitaine, m'interpella Eren avant que je ne passe la barrière des premiers arbres pour m'abriter du vent glacé sous les frondaisons givrées.

- Qu'elle connerie tu m'inventes encore Jeager, grognai-je en me retournant pour faire face à ses yeux verts déterminés et à ses poings serrés près de son corps.

- Je sais que ces derniers jours ont été durs pour vous après ce que nous avons vu mais vous n'êtes pas seul Capitaine, dit-il sans quitter mon regard du sien.

Je restai muet face à ses mots.

- Moi je ne compte pas mourir lors de la prochaine bataille alors vous tenir à l'écart ne rime à rien, ajouta-t-il sans détourner les yeux.

Je laissai mon regard légèrement écarquillé par ses mots se promener jusqu'aux poings serrés de mon vis-à-vis. Il m'agaçait à deviner toujours ce que je pensais, à tout comprendre. Je lui avais décidemment bien trop parlé, j'avais passé trop de temps avec lui, tellement qu'il était maintenant capable de me comprendre. Effectivement la mort d'Erwin m'avait affectée. Oui, je n'avais plus rejoins Eren pour observer le ciel depuis ce jour-là car je ne voulais pas ressentir cette sensation de perte et de douleur une seconde fois. Il avait raison, j'étais bien en train de l'abandonner dans une tentative désespérée de me protéger de l'idée de sa mort.

Je relevai mon visage vers le sien en soupirant et m'approchai jusqu'à me tenir face à lui.

- J'espère bien que ce n'est pas dans vos intentions Jeager sinon je me chargerai moi-même d'aller vous chercher jusqu'en enfer pour vous tuer de mes propre mains, dis-je d'un ton froid.

Le magnifique rire d'Eren retentit face à mes paroles avant qu'il n'acquiesce d'un air sérieux mais plus paisible. Je jetai un oeil à ses mains qui s'étaient relâchées et souris doucement.

- Alors arrêtes de te prendre la tête avec des bêtises Eren, je ne t'abandonnerai plus, murmurai-je en le contournant pour reprendre finalement la direction de ma tente.

L'apprenti soldat {Riren}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant