« Elle est où ? »
L'infirmière m'indique la chambre numéro 427, au bout du couloir.
Je trottine rapidement à travers l'allée, où les murs blancs me donnent le tournis. C'est si putain de glauque.
Devant la porte, je toque deux fois avant de rentrer doucement.
Je fais face à un nouveau mur blanc. Au fur et à mesure que j'avance, j'aperçois enfin un lit. Autour de celui-ci il y a quelques machines, mais à mon plus grand soulagement, elles ne sont connectées à personne.
« Hey, Gem... »
Ses yeux vides de tout sentiment se posent lentement sur moi. Ses cheveux bruns, d'habitude si brillants et soyeux, sont ternes à présent, et sa peau aussi blanche que la cuvette de mes toilettes la rend encore plus meurtrie. Je remarque que ses poignets sont bandés. Comme la dernière fois.
Je pose les clés de ma moto sur la petite table de chevet et viens m'allonger sur le lit, sur mon flanc. Je vois bien qu'elle essaye de ne pas craquer. Ses yeux sombres sont rivés sur le plafond, la tête droite.
« Gem... chuchote-je en m'approchant d'elle pour poser mon menton sur son épaule gauche. »
Puis elle craque.
Elle explose en sanglots, et je la sens poser sa main sur ses yeux. Je pose mon bras en travers de sa taille et la colle contre moi pour lui rappeler que je suis là. Que je ne la laisserai pas tomber. Alors elle s'accroche à moi. Elle s'accroche à moi et serre mon avant-bras en signe de remerciement. C'est ce qu'elle fait lorsqu'elle est incapable de parler. Elle serre mon bras comme pour me dire qu'elle est désolée de pleurer devant moi mais qu'elle est reconnaissante de ma présence. Et c'est horrible de rester là, impuissant, et de savoir qu'on ne peut rien faire pour soulager sa douleur. Alors je ne bouge pas. Je la laisse tremper mon t-shirt de ses larmes qui coulent par milliers, et je la laisse pousser ses faibles gémissements de douleur lorsque son cœur s'échappe trop loin dans les souvenirs.
Ce n'est qu'une heure plus tard qu'elle se calme enfin.
« J'y arrive pas, Harry, me chuchote-t-elle de sa voix brisée. J'y arrive pas. »
– Tu vas y arriver. J'essaye de la rassurer. Même si au fond, je n'en sais foutrement rien.
– J'y arriverai pas. C'est trop dur, putain. C'est trop dur.
– Je suis là. On va y arriver. Je te lâcherai pas, d'accord ? Tu vas y arriver.
– Et si je n'y arrive pas ?
– On ressayera. Encore et encore. Jusqu'à ce que tu y arrives. Mais il faut que tu me promettes que tu ne recommenceras plus.
– Je... Son ton se fait hésitant. Je... Non... Je ne peux pas te promettre ça, Haz...
– Alors promets-moi que tu m'appelleras. Promets-moi que dès que tu penseras à te faire du mal, tu m'appelleras.Je ne te laisserai pas te bousiller une nouvelle fois.
– Je te le promets, susurre-t-elle. »
Je me laisse tomber sur mon vieux canapé en soupirant. La pluie qui tombe dehors m'a trempé de la tête aux pieds. Tout ça est putain de déprimant. Gemma doit rester encore une nuit de plus à l'hôpital. Je dois aller la chercher demain midi.
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âme indomptable ↝ h.s
خيال (فانتازيا)« Et si finalement... Les Sirènes n'étaient pas là pour rien ? Si finalement, elles avaient été créées pour quelque chose de bien précis ? Pour quelque chose d'encore jamais fait ? De jamais osé ? »