Chapitre 22 : A l'aube du dix-neuvième jour

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Ce matin là tout est différent, cela fait maintenant dix-neuf jours que Peter est dans ce lit. L'aube se lève à peine, le ciel est encore teinté de rose et de violet. Tout est calme si ce n'est encore et toujours les BIP du moniteur cardiaque. Une fois encore Tony a veillé toute la nuit au chevet du jeune homme, rien n'a changé sauf le respirateur artificiel qui lui a été retiré hier, à la place il y a une canule nasale qui lui apporte l'oxygène requis. Ses poumons ont guéri. Peter peut de nouveau respirer tout seul ou presque. C'est une excellente nouvelle. Tout le monde souhaite maintenant qu'il ouvre enfin les yeux et en savoir plus sur les dommages cérébraux s'il y en a. Tony passe encore un linge frais sur le front de Peter quand il voit les sourcils de celui-ci se froncer doucement. Le milliardaire croit rêver, il regarde attentivement le visage du jeune homme et voit encore un léger mouvement. Peter bouge presque imperceptiblement ses doigts. Tony est tremblant. Que va-t-il se passer ? Et si Peter n'avait plus toutes ses facultés ? 

Peter est encore dans un sombre brouillard mais il entend des bruits et ressent des choses. Ses oreilles enregistrent un BIP incessant et répétitif, c'est très désagréable puis la minute d'après il ressent une fraîcheur salvatrice sur son visage et c'est assez plaisant. Là encore, il sent qu'il peut bouger ses doigts, qu'une pince lui serre l'index. Tout est trop étrange, l'odeur d'antiseptiques emplit son nez et sa gorge et quand il déglutit, il ressent la soif. Alors il se force à ouvrir les yeux, il ne sait pas bien s'il y parvient ou pas, tout est trouble. Il bat des paupières plusieurs fois, mais rien ne change, tout est flou. Il déglutit encore et bouge sa main, il veut enlever cette chose qui lui chatouille le nez mais une main le retient.

-"Non Peter, laisse ça tranquille, ça te permet de respirer." 

A qui est cette voix ? Il pense la connaître mais ne se rappelle plus, il tourne à peine la tête et aperçoit tout près de lui un homme, puis en regardant encore, il voit les tubes et autres intraveineuses sur son corps. Les BIP viennent d'un moniteur cardiaque à gauche de son lit, ce sont les battements de son propre cœur. Il a deux gros pansements sur son torse, ses jambes sont sous une douce couverture bleue. Où est-il ?

-"Que-s'est-il passé ?" Croasse Peter dans un souffle, la voix cassée et la gorge sèche.

Immédiatement Tony se précipite et donne un peu d'eau dans un verre avec une paille au jeune homme encore un peu endormi. 

Tony ne sait pas trop quoi dire. Au lieu de cela, il pose le verre sur la table toute proche et appuis sur le bouton d'appel pour les infirmières et les médecins. 

-"Je veux voir ma tante." Sa voix n'est qu'un chuchotement mais le milliardaire à très bien entendu. Il voit l'inquiétude dans le regard flou du jeune homme et les gestes un peu hasardeux. Peter a peur tout à coup, il se réveille dans une chambre médicale avec un inconnu et sa tante n'est pas là, il ne se souvient de rien, il est groggy et perdu. Il panique.

-"Où est ma tante ? Où est May ? JE VEUX LA VOIR." Du peu de force qu'il a, il crie cette dernière phrase. Il essaie de retirer les intraveineuses et le tube dans son nez et Tony se précipite sur lui mais Peter le repousse d'une seule main. Comment peut-il avoir autant de force après un coma de presque trois semaines ?  Tony n'en revient pas, il percute le mur juste derrière lui mais s'empresse de se redresser et de rejoindre Peter qui tire déjà sur ses couvertures pour se lever.

-"May ? MAY ?!" Peter crie le nom de sa tante, il ne sait même pas si elle est dans les parages ou même si elle peut l'entendre. Tout est confus, il sait juste qu'il doit se lever et partir, il veut la retrouver. A peine a-t-il posé les pieds par terre que ses jambes flanchent, il est bien trop faible, il va pour s'écrouler au sol mais deux bras le retiennent de justesse et les deux hommes se retrouvent à genoux sur le lino de la chambre. Tony est secoué de voir Peter dans un tel état, il serre le garçon plus fort dans ses bras, celui-ci ne cesse de se débattre...

-"Peter ! Arrête c'est moi ! c'est Tony, Monsieur Stark." Le milliardaire essaie tant bien que mal de retenir le jeune homme qui veut se relever et partir. "Je t'en supplie, calme toi gamin !" Ce mot Tony ne l'utilise pas pour rien, il sait ce que Peter en pense. Ça semble fonctionner, immédiatement Peter se calme, il ne bouge plus, ses bras sont le long de son corps, son front repose sur l'épaule de son mentor. Il souffle violemment, il est épuisé, il a mal. Tony garde ses bras accrochés autour du corps amaigri du jeune homme, il le tient et ne compte plus le lâcher. 

-"Monsieur Stark..." Sanglote le plus jeune dans un souffle et un sifflement douloureux.

-"Je suis là gamin, je suis là..." Tony sent ses yeux le piquer, il aime ce gosse comme le sien et le voir ainsi lui brise le cœur. "Tout va bien se passer." Dit-il autant au jeune homme qu'à lui-même. "Je reste avec toi." La porte s'ouvre à cet instant, Tony fait signe au médecin de partir, ce qu'elle fait, elle sait qu'elle peut faire confiance au milliardaire, il sait comment agir avec l'adolescent. 

Puis tout s'effondre dans la poitrine douloureuse de chagrin et de détresse de Peter, il se rappelle, il comprend et revit tous ses moments de perte qu'a été la mort de ses proches. Il s'accroche à la chemise de son tuteur, il agrippe le tissu comme si sa vie en dépendait, il souffre, mon Dieu, oui, il souffre comme jamais il n'a souffert et il pleure, il pleure tout ce mal qu'il ressent. Il resserre son emprise autour du corps de son père et se laisse aller. 

Tony est dévasté, il ne supporte plus de voir son enfant souffrir de la sorte, il aimerait tant que ce gosse soit enfin tranquille, qu'il vive simplement comme un garçon de son âge, qu'il soit heureux tout simplement. Le destin a mis bien trop d'obstacles sur le chemin de la vie de Peter. Pourquoi ?

Tony serre plus fort l'enfant et le berce doucement pour le soulager et le réconforter, il est maladroit mais il s'en fout, il veut juste apporter le maximum de consolation à ce "gamin".  

Il se passe certainement plusieurs dizaines de minutes quand Tony sent les bras de Peter glisser de son dos, toutes ses émotions ont eut raison de sa force, il s'est épuisé et s'est endormi sur l'épaule du plus âgé. Tony le maintient pour qu'il ne se blesse pas et le place comme il faut dans ses bras, il n'écoute pas les protestations de ses muscles et ses os, il n'a plus l'âge de porter quelqu'un mais il laissera personne d'autre prendre soin de ce gosse, il est sa famille, il est son enfant, il le protégera, il aimera et le soignera autant qu'il le faudra. Il repose l'adolescent dans son lit, brosse quelques mèches sur son front et essuie les traces de larmes sur les joues pâles et creuses de Peter, il prend le linge frais et propre et enlève les traînées de sang que Peter à laisser sur ses mains quand il a arraché ses intraveineuses. Il le recouvre jusqu'à la taille et sort prévenir un médecin non sans jeter un dernier coup d'œil au jeune homme avant de sortir.

Trois ans d'absence  (Tome I) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant