6- Pensées (1/2)

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Bonjour, ici LondonPaper ! Je me rends compte que le rythme de l'histoire est un peu lent... J'en appelle alors au pouvoir de l'élipse !

Samaël observait le ciel à travers les barreaux de la petite fenêtre de la cave. Il distinguait les avions, et repensa à ce jour où, par mégarde, il s'était assi à la mauvaise place et avait rencontré celle qui occupait maintenant la plupart de ses pensées.

Une insulte faite à sa mère le ramena à la réalité. Ses hommes venaient de lui amener l'espion qu'il devait torturer. Un flic en infiltration, qui s'était trahi tout seul comme un sombre demeuré quand on lui avait appris que Sam était l'assassin de son père.

L'espion fut attaché, bras en croix, à un mur, et Samël s'installa sur une chaise face à lui. Difficile de croire que c'était un flic, l'espion n'avait même pas 18 ans. "C'est quoi ton nom, petit ?
  -Gregory Keller, putain d'enfoiré de batard !!
  -Samaël Jaggar, patron de la mafia européenne. Enchanté."
Les hommes de main de Samaël, postés aux coins de la pièce, rirent discrètement. Le prisonnier redoubla d'injures.
Sam repris: "Bon on ne va pas y passer toute la journée, j'ai accepté de m'occuper de toi en personne car tu es le premier espion à être allé aussi loin dans notre hiérarchie sans qu'on ai remarqué quoi que ce soit. C'était quoi ton objectif ?
  -Venger mon père !
  -Ton père, hein... C'était qui ?"

Après quelques autres questions auxquelles Gregory daigna ne pas répondre que par des insultes et des menaces, Samaël se souvint enfin du vieil officier qu'il avait tué avec sa propre arme lors d'un interrogatoire il y avait une dizaine d'années. Il avait alors 15 ans. Le vieux qui regardait Cozy Framboise.

"J'me souviens, il est mort sous une table. Tu vas pas me dire que ce vieux a eu un gosse à 70 ans...
  -J'ai été adopté.
  -Aaah, mais tout s'explique. Voilà pourquoi tu as pu nous infiltrer sans qu'on se rende compte de l'entourloupe. Tu as grandit dans la rue, je parie ? Comme la plupart d'entre nous, donc tu comprenais notre manière de penser et d'agir. Les flics n'en ont jamais êtes capables, eux qui viennent pour la plupart de cossus quartiers bourgeois. Et ce vieux t'as recueilli au lieu de t'arrêter, c'est ça ? Il t'a donné tout l'amour dont tu avais besoin. Adorable.
  -Je n'en ai pas honte, j'aimais mon père et j'ai failli réussir à le venger !! Je te tuerai, Jaggar !!!"

Samaël se leva. Il ordonna d'aller chercher tous les instruments de torture disponibles, ainsi que tous les membres sur place qui avaient vécu leur enfance dans la rue, et ils étaient nombreux. La salle se retrouva bondée de criminels en tout genre, et à la place de la chaise on installa une table sur laquelle tous les objets tranchants ou non(pour faire durer le plaisir) furent assemblés.

Devant les visages d'incompréhension du prisonnier comme de ses propres camarades, Samaël s'expliqua: "Mes chers compatriotes... Merde, ça ressemble déjà à un discours politique !" Les compatriotes en questions rirent de la franchise de leur patron, puis ce dernier repris: "Je vous ai demandé de venir afin d'accomplir une vengeance. Vous tous, vous avez vécus seuls dans la misère de la rue, vous en connaissez les lois et les coutumes, et vous approuvez qu'aucun gamin ne devrait avoir à grandir dans ce milieu, n'est-ce pas ?"

Tous approuvèrent.

"Toi, à quel âge as-tu quitté la rue ? demanda Sam à l'un des compagnons.
  -22 ans, en joignant le gang.
  -Et toi ?
  -35 ans, pareil en entrant dans la mafia.
  -Et toi ?
  -À 29 ans, patron."

Samaël s'adressa ensuite à Gregory d'une voix douce. "Et toi, petit ? À quel âge le vieux papy Keller t'a pris sous son aile ?
  -à 7 ans..."
Il se tourna vers ses camarades.
"Y'en a-t-il un parmi vous qui a quitté la rue à 7 ans ?"
Pas de réponses.

"Toi, reprit-il, qui t'as sorti de la rue ?
  -C'est vous, m'sieur.
  -Et toi ?
  -C'est vous patron.
  -Et toi ?
  -Comme nous tous, patron, c'est vous."

Samaël se tourna lentement vers le prisonnier. "Donc si je suis la logique de ce brave Gregory, cela signifierait que je suis pour vous tous comme un père, une figure paternelle rassurante, n'est-ce pas ?"
Tous acquiescèrent.
Gregory ne voyait absolument pas où il voulait en venir, puis il compris.

"Dis moi Gregory, tu as voulu me tuer, tu m'as menacé et insulté, parce que je m'y suis pris à ton père. Pas les papas, hein ? Mais n'est-ce pas légitime que mes enfants obtiennent réparation pour le mal que tu m'as fait alors ? Allez les gars, je vous laisse avec ce gosse qui est sorti de la misère 20 ans avant vous, et qui vient se plaindre."

Samaël repassa voir l'espion en fin de soirée. Quand il entra dans la cave sombre, il ne distingua pas que le sol et une partie du mur où était attaché Gregory avaient pris une teinte rouge. Il trouva le prisonnier détaché et à terre, ne ressemblant plus maintenant qu'à un amas de chair sanguinolente.

Il s'accroupit à côté du tas et l'observa longuement. Il cherchait du remord au fond de son propre esprit, quelconque regret pouvant lui permettre d'affirmer qu'il était capable de sentiments normaux, mais ne trouva rien. Il avait privé ce gamin de son père, et avait orchestré sa mort pour qu'il subisse les pires souffrances possibles, et cela avait fonctionné bien au dessus de ses espérances: on ne reconnaissait même plus une trace d'humanité dans les restes du jeune homme.

Un mystère restait inexplicable. Il avait tué tellement de gens, beaucoup d'autres étaient morts par sa faute, il aurait dû se sentir malade de ses propres actes, mais non. Il n'avait aucun scrupule à jouer avec la vie humaine, même la sienne... Sauf pour une personne. Lili.

Jaggar et LioraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant