IX : Parce que se sont les détails qui donnent vie au tableau.

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DEAN

C'est un camouflage trompeur, celui d'une sirène où de pauvre marins comme moi si m'éprenne.

Le reste de la semaine est passé en un clin d'œil, Érin m'a un peu tanné au départ en disant que si ça se faisait alors elle voulait en être et qu'après tout, je le lui devais bien puisqu'elle avait tenu le principal occupé pour moi -il faut comprendre qu'elle a flirté avec ce vieux-. Alors j'ai fini par me résoudre et elle a gagné, j'ai passé la journée du vendredi en paix. Le dimanche matin, je suis toujours là à ressasser toute cette histoire dans ma tête.

Camille arrive dans mon dos et pose sa tête sur mon épaule pour regarder par-dessus, les documents qui sont éparpillés sur la table du salon. Je me raidis à son contact après la grosse crise qu'elle m'a faite mercredi matin lorsqu'elle a vu qu'après mon aller au bar, je m'étais finalement échoué dans la nuit sur le canapé de notre salon. Elle a hurlé, ce qui a empiré ma migraine – je n'avais pas assez bu pour avoir une gueule de bois et même alors je suis assez rodé pour l'éviter- puis a cassé quelques assiettes et a fini par claquer la porte en disant qu'elle aussi allait se faire plaisir – comprendre qu'elle allait coucher avec un autre-. On pourrait se dire que tout cela n'a aucun sens, mais ça en a un et il est terrifiant. Alors depuis jeudi, elle fait tout ce qu'elle peut pour se faire pardonner et va même jusqu'à marcher sur des œufs avec moi, ce qui est assez plaisant pour un temps, mais je sais que lorsqu'elle en aura marre, elle sera de retour.

_Tu bosses sur quoi ? Dit-elle en ignorant mon tressaillement.

_Un projet pour l'école. Tu as bien dormi ?

_Oui. Quant à toi, on dirait que tu n'as pas fermé l'œil. Es-tu seulement venue me rejoindre cette nuit ?

Je soupire ; bien sûr que non. Je ne l'ai pas fait et j'aurai sûrement pu si ma conversation avec Spencer ne m'avait pas tant galvanisé. Qui l'aurait cru ? Dire que je pensais que jamais elle n'accepterait de m'aider. Peut-être a-t-elle de bons côtés finalement ?

_Non, j'ai passé la nuit ici à travailler. C'est vraiment important pour moi...tu vois ?

_Hum, sûrement. Et je peux savoir de quoi il s'agit ?

J'hésite un instant, Camille va encore dire que c'est une de mes nouvelles lubies, de sorte à ce que je me tienne occupé. Je lui explique en quelques mots ce que je compte faire.

_Pourquoi ? Demande-t-elle.

Je passe une main dans mes cheveux. C'est une bonne question, une question que vont me poser tous ceux dont je vais devoir convaincre de m'apporter leur aide, et moi je n'ai toujours pas d'arguments vraisemblables à leur soumettre.

_Pour passer le temps, je suppose.

Inutile de lui dire la vérité. Camille, habillé d'un de mes pulls et d'un short gris, se dirige vers le réfrigérateur de la cuisine en pouffant.

_Du moment que je passe toujours en premier pour toi. Je ne veux plus que quoique ce soit nous éloigne, ok ?

_OK.

_Dean...je suis vraiment désolée de ce qui s'est passé, et de t'avoir crié dessus. Tu sais que je ne le fais pas exprès, pas vrai ? C'est plus fort que moi.

Elle vient s'asseoir en travers de mes genoux et passe une main derrière mon cou. Je regarde attentivement son visage, essayant d'y déceler la moindre parcelle de sincérité. Au premier abord, Camille ressemble à tout autre jolie jeune fille ; accessible, gentille, magnifique et chaleureuse. Et c'est peut-être bien le problème justement. Elle semble tellement innocente et inoffensive, totalement insouciante. C'est un camouflage trompeur, celui d'une sirène où de pauvres marins comme moi si m'éprennent.

Again and More [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant