Chapitre 3 :

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   Cette nuit-là, le sommeil de Laura fut très agité. Elle se trouvait sur un sentier bordé de part et d'autre par des plaines s'étendant à perte de vue. Un homme était présent et lui tournait le dos, face à un immense arbre qui barrait le petit chemin de campagne. Ses cheveux bruns flottaient légèrement au vent... Grâce à l'illogisme des songes, sa chevelure était la seule chose qu'elle parvenait à distinguer de lui. Le reste de son corps se cachait sous l'ombre d'un parapluie semblable à celui qu'elle possédait dans la gare le matin même. Laura n'y préta pas attention et reconnut son père. Elle cria aussi fort qu'elle le put : « Papa ! C'est moi, Laura ! Attends-moi, j'arrive ! Tu m'as tellement manqué ! Je te retrouve enfin ! J'étais sûre que tu étais vivant ! Tu te cachais seulement ! »

   Laura s'élança le plus rapidement possible vers lui pour retrouver son père. Mais, plus elle avançait, plus son père s'éloignait. Soudain, l'homme se retourna ! Maintenant, Laura pouvait le voir clairement. La personne qu'elle avait prise pour son père n'était autre qu'Alexandre. Mais, il était différent. Son sourire était cruel et ses yeux... Ses yeux étaient ROUGES ! Rouges de haine. Rouge de méchanceté. Il ressemblait à un monstre ! Laura cessa instantanément sa course avant de rebrousser chemin pour s'éloigner de cette horrible créature, mais plus elle tentait de s'en distancer, plus il se rapprochait d'elle. Il finit par la rattraper et lui empoigner violemment le bras. Laura ressentit une forte douleur et fut brusquement tirée vers l'arrière. Il prit son cou entre ses deux main et serra. Ses pieds ne touchaient plus le sol, elle donnait des coups vains, son souffle était coupé, elle ne respirait plus, elle allait mourir...

   « AAAAAAH ! hurla Laura se réveillant en sursaut.

   —Que se passe-t-il ? Pourquoi as-tu crié ? demanda sa mère qui arrivait dans sa chambre en panique. »

   Laura n'arrivait plus à parler ni à réfléchir. Son regard allait dans toutes les directions sans jamais se poser sur un point fixe. Elle transpirait et avait peur. Ce dont elle avait rêvé... Était-ce un cauchemar ou un message lui disant de ne faire confiance à personne ?

   « Que se passe-t-il ? interrogea Alexandre en arrivant dans la chambre de Laura, à peine réveillé. J'ai entendu des cris venant de cette pièce. Quelque chose s'est-il produit ?

—C... C'est Lau... Laura ! balbutia Morgane au summum de l'affolement. Elle... elle ne parle plus !

—M... Maman ? murmura Laura d'une voix tremblante. J... Je ne t'avais pas entendue entrer. »

   Morgane dévisagea sa fille et poussa un soupir de soulagement avant de s'évanouir. Alexandre la rattrapa de justesse. Il la déposa délicatement sur le sol, de côté et souleva légèrement sa tête pour qu'elle puisse respirer. Puis, il regarda Laura et sursauta, oubliant complètement la présence de Morgane, inconsciente. Celle-ci le fixait à moitié effrayée et en colère.

   « Tu as fait un cauchemar, je présume, devina-t-il.

   —Oui, acquiesça-t-elle, de la haine dans la voix.

   —Et j'étais dedans, n'est-ce pas ?

   —Oui.

   —Peux-tu me le raconter ? Je ne le prendrai pas mal, je te le promets. »

   Il avait dit cela avec une telle sincérité dans la voix que Laura hésita à le lui raconter. Si elle le lui disait, que se passerait-il ? Après tout, peut-être qu'il comprendrait qu'elle ne l'aimait pas. S'il était si gentil que cela, il pourrait très bien être compréhensif.

   « Vous étiez là, avec un parapluie dans la main. Vous l'avez lâché et vous m'avez attrapée. Vos mains m'ont étranglé, je ne respirais plus. Le pire dans tout cela, c'est que j'ai cru un instant que mon père était vivant.

Les Quatre Saisons (correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant