Je me souviens encore de nos rires, bruyants comme des sifflets de train, de nos jeux d'enfants, de nos escapades furtives pour aller danser. De vous qui pleurez votre chagrin d'amour, moi qui vous console et nous qui essayons de marcher malgré vos yeux embués de larmes. Je me souviens de nos pires journées, passées à se plaindre de nos notes minables et à maudire les embouteillages qui nous retardent, notre course pour chopper le dernier bus et nos pieds tremblants sur le seuil de nos maisons à force de s'être arrêtées pendant tout le trajet. Je me souviens de beaucoup de choses, gaies, tristes ou tout à fait barrées, et je ne fais que ça, d'ailleurs... Me souvenir de vous et me dire encore que c'était bien, l'époque où vous m'écoutiez avec l'attention émanante de votre calme et le regard fiévreux d'attendre la suite de mes aventures quotidiennes.
Maintenant, j'ai l'impression que vous êtes bouchées ou que parfois, vous avez les oreilles ailleurs, comme si vous guettiez impatiemment la première conversation qui vous sauverait de ma fausse compagnie.
Apparemment, vous me fuyez.