Chapitre 4: When the rain begin to fall

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Le contact d'une peau sur la mienne me fait revenir à la réalité. La seule chose dont je me souviens, ce sont une paire de yeux bleus qui m'ont fixé puis plus rien. J'entrouvre doucement mes yeux et croise encore une fois ce regard bleu. L'infirmière présente dans la pièce se tourne vers moi et me demande doucement comment je vais. 

"J'ai faim et très soif aussi.

- Je vais demander à ce qu'on vous apporte une collation, dit-elle en me caressant doucement les cheveux.

Merci..."

Mon regard se promène à la recherche d'une paire de yeux mais elle semble avoir disparu de la pièce en même temps que l'infirmière. Par la fenêtre j'aperçois un ciel gris. La météo semble s'accorder à mon humeur ces derniers jours. Mes paupières se ferment toutes seules et à peine 2 minutes plus tard, je sombre dans les bras de Morphée. Et il m'emporte au plus profond de son royaume... 

Il fait sombre et je ne sens plus mon corps. Les voix qui me parviennent sont atténuées au point de n'être que des murmures graves. Ces derniers se rapprochent et s'affairent autour de moi mais à aucun moment je ne sens mon corps bouger. Aucun son ne sort de ma gorge seul le silence répond à mon cerveau. Je veux ouvrir les yeux mais c'est comme si tout mon corps était figé dans un sommeil éternel. C'est comme si je flottais dans une endroit aussi noir que l'espace. Alors je me laisse de nouveau entraîner dans les profondeurs du royaume de Morphée.

Je ne sais pas si je suis là depuis quelques minutes ou plusieurs jours. J'entends des voix, elles viennent me parler pendant de longues heures mais ce ne sont que des morceaux ou parfois il faut que je me concentre pour comprendre. Je n'arrive plus à compter les heures tellement je suis perdue. Je sais juste qu'elles défilent à une vitesse incroyable. A chaque instant, j'ai l'impression que le vide dans lequel j'ai plongé se remplit et les ténèbres s'illuminent un peu plus.

Je ne sais toujours pas combien de temps je suis dans cet endroit si noir, si lugubre mais je perçois clairement le bruit autour de moi maintenant. Une main chaude et douce me caresse le visage, tandis que je reconnais la voix de ma mère qui me raconte sa journée.

"Tu sais aujourd'hui, Clarisse et Vanessa sont passées à la maison. J'avais fait un gâteau aux noix et au miel, ton préféré...."

J'entends sa voix qui se brise au fur et à mesure qu'elle me parle.

"Tu me manques tellement Eeva, quand est-ce que tu vas te réveiller? C'est bientôt l'anniversaire de papa, on aimerait tellement que tu sois avec nous ce jour-là... Ton père passe ses journées entières au travail, il n'est presque plus à la maison... Ton absence lui pèse autant qu'à moi, si tu pouvais juste nous faire un signe..."

Mon cerveau est encore trop embrumé pour envoyer un quelconque signal à mes nerfs. Cependant, mon coeur réagit à ces quelques mots et se comprime dans ma poitrine. Au loin, j'entends une machine émettre un bruit désagréable. Plus le bruit s'éternise moins je comprends ce qu'il se passe, des bruits de pas se font entendre et plusieurs personnes entrent en catastrophe dans la chambre.

"Que se passe-t-il docteur? murmure ma génitrice d'une voix faible

- Rien de grave mais je vais vous laisser suivre une des mes collègues dans une autre salle en attendant que  je puisse vous donner une réponse sûre.

- Je vous laisse me suivre, prononce une voix féminine  très douce et chaleureuse.

Faites entrer le jeune homme s'il vous plait Mathilde, finit par demander le praticien."

Je ne sais pas de qui ils parlent mais j'entends une personne s'approcher et s'asseoir sur une chaise à côté de moi. Puis le médecin reprend la parole.

"Bon, tu peux lui dire ce que tu veux, on va sortir de la pièce parce que cela ne nous regarde pas. Cependant, on va aller à notre bureau et voir si notre théorie est la bonne. Si tout ce passe comme prévu, le réveil ne devrait plus trop tarder. A tout à l'heure.

- Eeva...

Baptiste.

- Eeva, je sais que tu m'entends et c'est pour ça que je vais te dire tout ce que j'ai sur le coeur depuis très longtemps... Je suis désolée de ne pas te le dire alors que tu n'es pas totalement consciente, tu pourras me le reprocher à ton réveil mais laisse moi la chance de m'exprimer aujourd'hui. Toi et moi, on se connait depuis tout petit, on n'a jamais vraiment été très proche, je n'ai jamais osé t'aborder car tu étais et tu seras toujours un mystère pour moi. Après avoir pris la décision de t'observer de loin, je me suis rendu compte que c'était la plus grosse erreur que j'avais pu faire. Surtout lorsque j'ai commencé à avoir de mauvaises fréquentations, je m'en suis pris à toi alors que j'aurais dû m'éloigner de ce genre de personne  que mes soi-disant amis étaient. Mais toi, tu n'as jamais rien dit, tu étais toujours dans ton coin, tu restais avec les gens qui voulaient bien de toi. Oh ça je n'en doutais pas que tu nous en voulait, ça se voyait sur ton visage, dans ta manière d'être  mais tu ne l'as pas exprimé verbalement. A partir de ce moment,  je t'ai admiré et j'ai souhaité plus que tout que tu me remarques. Alors j'ai continué à être mauvais avec toi, je t'ai fait les pires crasses, je me suis moqué... non, je t'ai humilié par tous les moyens possibles. Je suis un idiot fini... Je voudrais tellement me racheter mais comment? Comment pourrais-je me faire pardonner de toutes ces mauvaises années? Par dessus tout je voudrais que tu comprennes mes sentiments. Parce que il y a quelque chose de fort en moi qui bouillonne depuis un moment, je n'en peux plus, je souffre de te savoir si près et pourtant si loin... Tu me hais et moi... Et moi... Moi je t'aime! Et ça me détruit de te voir allongée sur ce lit d'hôpital depuis 3 mois bientôt.... S'il te plait, reviens moi Eeva."

Et ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants. Ou pas. J'ai toujours détesté ce mec, rien que de penser à sa main qui tirait mes cheveux, sa jambe tendue pour me faire un croche-pied, j'en ai la nausée... Et pourtant je sais qu'au fond de moi, quelque chose avait changé. Son regard n'était plus froid et distant mais réconfortant et doux. Sa main qui venait se poser violemment dans mon dos pour me faire tomber laissait une empreinte brûlante là où elle s'était appuyé. Pourquoi ça doit finir comme ça? Moi qui suis condamné à rester comme ça, qui pourrait être dans ce genre de romans à l'eau de rose ou même la pire des enflures pour finir par aimer la jeune fille frêle et timide qu'est l'héroïne? POURQUOI?

Mon coeur cogne de plus en plus fort dans ma poitrine, j'ai l'impression que le bruit est assourdissant. Je n'entends plus de bruit. Je ne sens plus rien. Je voudrais parler mais aucun son ne sort de ma gorge. Quelque chose m'empêche de faire tout ça... Mais quoi?
Alors que j'essaie de me rappeler ce qui me bloque les souvenirs me reviennent en mémoire.  La mort de Lisa, son enterrement, l'école et puis le malaise. Je suis submergé par la vague de mes émotions, je pleure, je hurle et je me roule en boule dans mon lit et puis soudain....

Le bruit des machines parvient à mes oreilles. Un doigt bouge. Puis un autre. Jusqu'à ce que ma main entière bouge. Alors j'ouvre les yeux.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 02, 2019 ⏰

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