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Lundi 10 Septembre, 2018.


Je ne m'attendais certainement pas à tomber sur ton journal intime, cher J. C'est plutôt sympa de pouvoir partager à chacun son histoire, bien que je ne sais pas du tout avec qui j'écris tout ça ! C'est dommage tout de même d'attendre la fin de l'année pour tout révéler, mais la curiosité me pousse à écrire.
Toutefois, je vais me présenter. Je m'appelle Gowon. Je suis la petite blonde de la classe de première, rien de plus normal. Personne n'a demandé à ce qu'on se présente, mais je tenais à ce qu'on sache qui je suis à partir du moment où on lira ceci.
Je n'ai pas vraiment de problèmes, voir pas du tout je crois. Ou alors j'en parlerai au fur et à mesure, mais je commence en douceur, dira-t-on.


Pourquoi Gowon ? C'est une question qui me vient en boucle, encore maintenant. Pourtant, j'ai déjà la réponse car un jour je suis allée demander à ma mère. Ce qu'elle m'a répondu ? C'est que si on séparait le Go de Won, ça penserait au jour et à la nuit. Ou plus drôlement à " Va gagner " en anglais. Même si ce n'est pas la traduction exacte. Disons que l'anglais et moi est comme le chocolat blanc et le chocolat. Ils ne collent pas. Et Dieu seul sait que je raffole du chocolat blanc.
Et le pire dans tout ça, c'est que je suis à moitié coréenne, mais ANGLAISE. Je suis née à Manchester. Mais au bout de mes cinq ans, je suis venue habiter à Séoul. Mon père est coréen, mais ma mère est anglaise. Tout comme mes noms de famille. Lee Smith Gowon. Je vous laisse imaginer le calvaire pour prononcer mon nom anglais, car à la fin je me trompe une fois sur deux.
Je dirais que mon âme coréenne trône plus sur la balance que l'âme anglo-saxonne. Sans doute pour ça que je me sens plus à l'aise ici et sur ma deuxième langue natale.
En même temps, je n'ai vécu que cinq ans en Angleterre. Ma personne n'a sans doute pas eu le temps de s'adapter au climat de là-bas. Heureusement que ma mère sait parler couramment le coréen, car si elle ne savait parler qu'anglais le temps d'apprendre la langue locale, la communication entre elle et moi serait assez difficile.
Mais je trouve que je parle beaucoup de ma mère, et pas de mon père ! En réalité ça me déplaît de parler de lui. Mais vous finirez par savoir pourquoi. Ils se sont d'ailleurs rencontrés quand ma mère était allée à Londres pour le travail. Lui était en voyage. Contradictoire, n'est-ce pas ?
Enfin je ne vais pas aller plus loin dans les détails. Ce sera plus tard. Je suis la petite blonde anglaise de la classe, qui est tout à fait banale. Je n'ai rien de bizarre, de différent, ni d'exceptionnel, si ce n'est mes origines.
Pourtant, ce que je trouve comique, c'est que les autres arrivent à prononcer Smith. J'ai l'impression sur ce coup-là d'être différente des autres ! C'est frustrant.

Cependant, je me trouve un peu plus différente depuis que je suis tombée sur ce carnet. Disons que j'étais en train de travailler sur mes prochains devoir en français aux côtés de Choerry quand j'ai tourné mon attention sur mon sac à dos. Au début, il n'y avait rien. RIEN. Et il avait fallu que je tourne la tête pour quelques instants et constater qu'un étrange carnet était à l'intérieur. Mon amie n'avait rien remarqué d'ailleurs.
Bien sûr, je suis de nature très curieuse. Alors j'ai sauté sur l'occasion pendant la prochaine pause. Loin des regards. Mais voilà que je me trouve à écrire ça la nuit même après toute cette folle journée.
Je ne suis pas bavarde, mais quand il faut s'exprimer à l'écrit c'est une autre histoire. Vous pouvez demander à Choerry, je suis aussi muette qu'un pigeon.

D'ailleurs ! Choerry est mon amie depuis le collège. On est inséparable. Et une fille comme elle, il n'y en a pas deux ! J'espère qu'en terminale je serais dans la même classe qu'elle, car je n'ai pas souvent été parmi les élèves qu'elle était obligée de fréquenter en cours.

Pour ce qui est de cette journée de rentrée, mis à part les devoirs que l'on a directement eus pour le lendemain, j'ai atterri dans une classe assez nombreuse. Notre professeur principal est un certain Yi. Il enseigne l'histoire-géographie. Je suis plutôt rassurée que de tomber sur un professeur de physique-chimie, mais je reste tout de même sceptique pour la géographie. Mon cerveau va sans doute passer pour un petit pois, mais je ne sais pas placer les villes de la Corée sur une carte...

Mis à part ça, j'ai essayé de mémoriser un peu les têtes des autres. Il y en a un qui me vient toujours à l'esprit. Un certain Lee Minhyuk, je crois. Il est déjà connu par le biais de ses camarades, mais moi je ne le connais, mais alors PAS du tout. Il sort d'où même ?
On peut croire que j'ai quelque chose contre lui. Mais en réalité c'est le cas. J'ai essayé de sympathiser avec lui car il ne me paraissait guère méchant. Et apparemment c'est tout le contraire. A peine je m'étais approché de lui que j'avais le droit à un regard aussi fusillant que celui de ma grand-mère à chaque week-end à Oxford. Il m'avait dit, je cite " Tu veux quoi ? Dégage. ", outrée je suis ?
J'en ai parlé à Choerry d'ailleurs. Mais celle-ci m'a ris au nez. Apparemment il était assez réputé pour être rejeté car il était gay. Et donc il a préféré se donner l'image d'une personne froide. Je suis déçue de voir que des idiots poussent encore les autres à changer et à s'isoler. C'est triste. Mais si il se sent mieux ainsi pour le moment, alors j'irais l'aborder d'une autre manière plus tard. Si il croit qu'il ne deviendra pas mon ami, il peut se mettre un doigt dans l'œil, tiens ! Comme quoi, les rentrées sont pleines de surprise. Je n'ai aucun ami de ma classe, mais on s'adapte. Je suis toujours bien avec Choerry ! Je croise les doigts pour avoir des choses croustillantes à raconter que des banalités à l'avenir...

Lee Smith Gowon.


𝗽𝘂𝗿𝗴𝗮𝘁𝗼𝗿𝘆​ | jhOù les histoires vivent. Découvrez maintenant