Le médecin a décrété qu'il était temps pour moi de quitter l'hôpital pour me rendre dans un centre de revalidation. Dans quelques jours, je quitterai donc ce lit pour aller en rejoindre un autre. Ma vie est vraiment pathétique. Je ne rêve que d'une chose, retourner me battre. Sur le terrain au moins je peux me rendre utile. Ici, je ne sers à rien et pour tout dire, jusqu'à il y a une dizaine de jours, je ne savais même plus bouger le petit doigt. Sans compter le fait que personne ne vient me voir. D'un autre côté, cela aurait été un véritable miracle étant donné que je n'ai personne. J'entends la porte qui s'ouvre ce qui attire mon attention. Ce n'est pas l'heure des soins ni celle des repas. Une petite femme rentre avec des papiers à la main. Je ne sais pas si elle est dans la bonne chambre puisqu'elle n'a encore rien dit mais une chose est sûre, je ne l'ai jamais vue.
Je profite de sa distraction pour l'observer un peu plus. Elle n'est pas ce qu'on peut appeler une pin-up. Je dirais même qu'elle est tout le contraire. Les formes que laissent deviner ses vêtements sont plutôt bien prononcées. Ses cheveux sont attachés en queue de cheval mais je peux dire qu'ils sont longs et noirs. À première vue, c'est une femme banale. Elle s'arrête au bout du lit et relève les yeux l'air de se demander ce qu'elle fait là. À un moment, je la vois tourner la tête vers moi. Ce que je vois me scotche sur place. Ses yeux sont juste magnifiques. Ils sont d'un vert très clair et reflètent toute la bonté dont elle est probablement capable. Ceci dit, en y regardant de plus près, ils cachent aussi bien des secrets. Je peux me tromper mais j'ai l'impression que cette demoiselle cache bien son jeu ou du moins elle essaie.
- Bonjour, hum monsieur Simons, me dit-elle après une hésitation.
- ...
- Je suis secrétaire à cet étage et j'ai quelques formulaires à vous faire remplir, me dit-elle toujours aussi gênée, pour votre transfert de vendredi.
- Et quel est votre nom?
- Mon nom?... Il n'a pas beaucoup d'importance, je vous assure.
- Pour vous peut-être mais j'aime bien savoir à qui j'ai à faire, lui dis-je peut-être un peu trop sèchement.
- Audrey... mon prénom c'est Audrey.
- Voilà qui est mieux. Quels papiers dois-je signer? lui demandais-je un peu plus gentiment.
- Il s'agit d'un formulaire d'accord quant au choix du centre de revalidation ainsi que de certains papiers que vous deviez normalement signer à votre arrivée.
- Apportez-les moi. Je ne mords pas vous savez?
- Évidemment que vous ne mordez pas, me dit-elle en s'approchant avec les papiers et un stylo.
Je prends les feuilles péniblement grâce au peu de mobilité que j'ai gagné ces derniers jours. Je les lis brièvement et les signe tant bien que mal. Je les garde un peu plus longuement que nécessaire rien que pour voir la réaction de la secrétaire. Réaction qui ne se fait pas prier puisque je vois une étincelle d'agacement passer dans ses prunelles. Ça me prouve qu'elle est loin d'être aussi lisse que l'image qu'elle veut donner.
- Vous avez des questions?
- Non, aucune, lui répondis-je en lui tendant les fameux formulaires.
- Bon et bien, j'espère que tout ira bien pour vous monsieur Simons. Si jamais des questions vous viennent, n'hésitez pas. Dites-le à une infirmière, elle viendra me chercher.
- Je n'y manquerai pas, Audrey, lui répondis-je en insistant bien sur son prénom.
Elle se dépêche de tout vérifier et repart aussi vite qu'elle est arrivée.
Cette petite visite était bien distrayante. J'en regretterais presque de partir d'ici. Je me demande quand même dans quel centre ils m'envoient. Apparemment il s'agit d'un service pour militaires uniquement et la personne qui est en charge de mon dossier est une certaine Gabriella Daniels. De toute façon, mon but n'est pas de faire connaissance avec qui que ce soit. Je veux juste me remettre en forme pour retourner m'entraîner et pour ça, je dois oublier toutes les distractions qui se trouveront sur mon chemin.
La journée continue avec son lot de kiné et de soins en tout genre. Je me concentre tout du long non sans avoir un visage qui hante mon esprit. Des yeux verts, des cheveux noirs... Je reviens à la réalité quand l'infirmière m'interpelle.
- Alors comme ça vous nous quitter?
- À ce qu'il paraît. Dites-moi, vous connaissez le centre dans lequel on m'envoie?
Je vois à sa tête qu'elle est étonnée, je ne lui ai jamais dit des phrases aussi longues et encore moins posé de questions.
- Un de nos anciens patients connaît leur assistante sociale. À vrai dire, ils sont même en couple à l'heure actuelle. Je n'en ai entendu que du bien.
- Vous êtes au courant de la vie de tous vos résidents? lui demandais-je intrigué.
- Non évidemment. Il se trouve qu'ils ont fait connaissance ici si je puis dire. Logan était mon patient avant de rencontrer Gabriella.
- Ah oui, comment ça?
- Et bien il était un peu comme vous. Il était chez nous à la suite d'un problème en mission. Il était taciturne, seul et avait un très mauvais caractère. Il m'en a fait voir de belles! Un jour, on lui a proposé de participer à un nouveau programme. C'est comme ça qu'ils ont fait connaissance.
- Un programme?
- De la correspondance. Il a commencé à correspondre avec Gabriella. Ils ne se connaissaient pas du tout et de fil en aiguille, ils se sont attachés l'un à l'autre, au point d'être ensemble maintenant.
- Et bien, on dirait une histoire à l'eau de rose, me moquais-je.
- Riez tant que vous voulez mais je sais que c'est ce qui a sauvé la vie de cet homme. Peu importe comment ils se sont rencontrés. Le plus important, c'est qu'il n'a pas laissé passer sa chance. J'espère que si une telle opportunité s'offre à vous, vous en profiterez, me dit-elle en me faisant un clin d'œil.
Sur ce, elle sort de la chambre me laissant seul avec plus de questions qu'avant.
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Voici le prologue de la nouvelle histoire. Qu'en pensez-vous? Cela vous semble intéressant ou je passe à autre chose?
Correction 9/10/18
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Lettres inavouables
RomanceEn apparence, Audrey Vincent aurait tout pour être heureuse. Secrétaire médicale, elle partage sa vie avec Tom, son compagnon depuis 7 ans et sa fille Sylvie âgée de 5 ans. Mais voilà, sa vie n'est pas comme elle le souhaiterait. En effet, comment s...