Eclipse dans l'obscurité (terminée)

Chapitre 8

Lorsqu' Aranissa revint de sa cueillette, elle ne put que constater que son ami était encore plus mal que quand elle était partie.

- Sir, j'ai rapporté tout ce que vous m'avez indiqué, fit-elle en tendant un sac à l'archange.

- Merci Aranissa.

La jeune femme s'inclina devant l'archange et fit de même avec son supérieur.

- Tu n'as pas à être aussi aimable tu sais, lui fit Gabriel.

- Je le sais, rigola Aranissa, mais les divergences d'opinion n'empêchent pas le respect. Par ailleurs, même si ces deux-là n'ont pas voulu s'étaler sur le sujet, j'ai changé mon point de vue moi aussi. Et puis vous voir ensemble est une preuve suffisante ....

- Et bien je crois qu'on est grillés Gabriel, fit le démon en souriant.

- Je suis navrée Seigneur, je sais reconnaître ces choses là quand je les vois. C'est assez surprenant à constater de ses propres yeux mais pas désagréable. Bref je serai dans la pièce à côté si vous avez besoin d'aide.

Elle s'inclina de nouveau, fière d'elle. Béhémut était fortement amusé par cette jeune femme pleine d'aplomb. Elle ferait sans doute un très bon général, pensa-t-il.

- Mut je vais préparer tout ça, essaie de ne pas hurler sur Veniel d'accord ? Il n'est pas responsable tu le sais.

- Ne m'en demande pas tant, lui répondit son amant en grimaçant.

- Si tu hurles sur lui, c'est comme si tu hurlais sur moi alors essaie de l'aider mmh ? Il est perturbé et tu vois bien qu'il s'en veut assez comme ça.

Béhémut acquiesça. Pendant que Gabriel préparait sa mixture, il alla s'asseoir aux côtés de Veniel, qui visiblement avait décidé de jouer les statues.

- Oï !

- Que ... quoi ?

- Tu comptes rester planter là ?

- Que voulez-vous que je fasse ? J'ai assez fait de dégâts comme ça, dit-il la tête toujours entre les mains.

- Ça, je suis d'accord mais comme Gabriel l'a dit, il a besoin de toi. Tu ne peux pas imaginer à quel point on peut guérir de tout avec la personne que l'on aime à ses côtés, fit l'archidémon très sérieusement.

- Vous parlez en connaissance de cause j'imagine ? répondit Veniel d'un ton ironique.

- Oui. Tu as entendu parler de la bataille des Alfaï ?

- Évidemment, c'est l'une des batailles les plus sanglantes de notre histoire.

- j'y étais, ainsi que Gabriel. Nous n'étions pas encore ensemble à ce moment-là mais nous nous voyons secrètement, quand le temps nous le permettait. Durant la bataille, j'ai été gravement blessé, à tel point que mes généraux craignaient pour ma vie. Gabriel a eu le culot de venir dans la tente où je reposais. Il n'a pas dit un mot, conscient d'être exposé en terrain ennemi. Il m'a regardé de ses yeux bleus azurs, s'est approché et il m'a embrassé, tout simplement. Nous avons su, à ce moment-là, que quelque chose d'incroyable était en train de se produire. Gabriel est un soigneur exceptionnel, si ce n'est le meilleur, et sa magie était en train de me soigner, moi, un démon. Je me souviens exactement de la chaleur que j'ai ressenti. Ce jour-là, un archange a sauvé un prince démoniaque de la mort. Mais personne ne le sut jamais. Les hommes de mon armée mirent mon rétablissement sur le compte de la chance et je devins une légende d'invincibilité.

- Pourquoi vous me racontez tout cela ? C'est privé...

- Garde bien ça en tête pour le moment. Ce gars a besoin de toi. Il ne mérite pas de crever comme un chien !