CARELESS | 1 & 2

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑

˚⊱ Que vais je faire de ce qu'on a fait de moi... ⊰˚

IFE.

La rentrée est déjà là.

Les jours ont filé sans que je m'en rende compte.

En même tant, j'ai passée la majorité de mon temps enfermée dans ma chambre, enveloppée par l'illusion d'une existence idéale que je consignais méticuleusement dans les pages de mon intime journal.

Une vie parallèle où ma mère m'aimait et mon père prenait conscience que j'étais sa fille , au lieu de me percevoir comme un simple locataire à qui il louait une chambre.

Tout en soufflant je me glisse dans un collant noir, que je superpose avec la jupe grise de notre uniforme. Mon t-shirt à manches courtes blanc est dissimulé sous un col roulé noir. Mes pieds se rentrent dans des moccasins plateforme.

À travers le miroir de mon armoire, je distingue la silhouette de Solveig, adossée à la porte en bois peint en blanc. Tout comme moi elle revêt cet uniforme hideux qu'elle a enfilé par-dessus un collant noir effilé, laissant entrevoir les traces de bronzage de ses vacances à Hawaï. Ses longs cheveux blonds, légèrement ondulés, tombent en cascade sur ses épaules.

Cinq jours après l'incident au Market, elle a frappé à ma porte me suppliant de la laissée rester chez moi, tout en m'expliquant qu'elle ne supportait plus son père.

Je ne pouvais pas la laisser seule, errant dans les rues, alors que je savais qu'elle avait besoin de moi, j'ai donc naturellement accepté. Mais en échange de mon aide, je lui ai demandé de prévenir David, afin qu'il ne s'inquiète pas.

— Pour une fois que cette tenue de grand-mère va bien à quelqu'un, siffle-t-elle avec un clin d'œil malicieux.

— C'est juste un uniforme, rétorqué-je en haussant les épaules, peu convaincue par son compliment.

— Ne sois pas si modeste, t'es canon à l'intérieur. À l'heure où je te parle, Lauren London ressent la pression.

— T'as vraiment pris la première actrice «noire pour me comparer à elle ?

— C'est auprès d'Hollywood qu'il faut se plaindre pour le manque de diversité... ou tu voulais peut-être que je te compare à Rihanna ? Parce que si mes souvenirs sont bons, tu es folle amoureuse d'elle.

Devant mon silence, les pommettes roses de ses joues s'accentuent, tout comme les commissures de ses lèvres, laissant entrevoir son magnifique sourire et ses dents de lapin.

— J'ai vu juste, alors, allons-y, mademoiselle Replay. Sinon, on va être en retard. Cette école, aussi nulle soit-elle, ne plaisante pas avec les retards, dit-elle en agitant ses clés. Je t'attends dans la voiture, lance-t-elle avant de quitter ma chambre.

Ses mots résonnent encore dans ma tête alors qu'elle s'éloigne, sa voix s'élevant dans les couloirs en chantant les paroles entraînantes de "Replay" : It goes one by one, even two by two. Everybody on the floor, let me show you how we do.

Je me dépêche de rassembler mes affaires et jette un dernier coup d'œil à mon reflet dans le miroir. Le plaquage de mes cheveux en arrière et réussis, mon visage est propre et ne montre aucune trace de l'anxiété qui m'envahit intérieurement.

Disons que je suis prête à affronté cette journée.

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