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D'aussi loin que je m'en souvienne je l'ai toujours suivi. Même quand il allait dans ce grand bâtiment au toit vitré ; aux murs remplis d'histoires que seuls les adultes pouvait comprendre. Les remontrances de sa mère dut à son comportement ne l'empêchaient guère d'y aller. Car dès que celle-ci tournait la tête il s'élançait dans les rues pour retourner voir sa cabane secrète ; la bibliothèque.

Moi du haut de mes quatre ans je ne comprenais guère pourquoi ce lieu l'attirait tant que ça. Je ne faisais que le suivre - comme un poussin suivrait sa mère – entre les étagères qui à l'époque me semblaient immenses. Et comme toutes les fois où nous venions ici ; il prenait un livre et s'assaillait sur le sol de marbre blanc. Il tapotait sur ses jambes et l'ancien moi venait s'assoir pour qu'il commence la lecture.

Ici sur ce sol froid il m'a lu des romans plus différents les uns des autres. En passant par le fantastique à l'humoristique, et de l'angoisse à la romance.

Il me faisait la lecture jusqu'à ce qu'uns adultes viennent nous chercher ; adultes qui brisaient notre bulle d'enfants rêveurs. Et mains dans la main il me raccompagnait chez moi, me déposait un baiser sur le front et repartait chez lui en courant.

Quand je fêtai mes sept ans il m'offrit une magnifique machine à écrire. Il n'arrêtait pas de me répéter que les histoires que j'inventais étaient super et qu'il fallait les concrétiser avec de l'encre. Cette machine à écrire je l'ai aujourd'hui encore ; malheureusement celle-ci est devenue obsolète.

Grâce à elle j'ai pu écrire mes premières petites histoires et avec mon hyung comme juge je ne pouvais que m'améliorer. Car celui-ci, avec ses dix années passées et une de ces canines en moins, avait lu plus de livres que nos parents respectifs. Et pour moi c'était incroyable que quelqu'un pût être plus fort que mes géniteurs sur le sujet qui me passionnait depuis plusieurs années déjà.

J'avais quinze ans quand j'eus réussi à publier mon premier roman ; une petite histoire d'amour à l'eau de rose de deux cents pages. Pour me féliciter mon hyung m'avait invité à un voyage d'une semaine avec lui à Londres. Il ne faisait pas le travail qu'il rêvait plus jeune – à savoir libraire - mais il gagnait beaucoup d'argent et ne s'en plaignait pas. Grâce à son argent il avait quand même réalisé un de ses rêves ; avoir une grande bibliothèque comme quand nous étions petits.

Lors de notre voyage à Londres j'ai découvert que mes sentiments pour mon hyung n'étaient pas que fraternel ou amical.

J'ai découvert une nouvelle émotion qui à la fois m'effrayait et me comblait.

Mais je ne lui avais rien révélé ; j'avais à l'époque bien trop peur de sa réponse.

Lors de ma dix-huitième année je publiai mon sixième roman ; début d'une longue série qui comptera plus d'une dizaines de volumes. Une histoire à propos de deux jeunes hommes diamétralement opposé qui se retrouve du jour au lendemain dans le corps de l'autre.

Mes sentiments envers mon hyung étaient toujours cachés au fin fond de mon cœur ; à l'abri de tous les regards, et surtout celui de l'homme que j'aimais.

L'année de mes dix-neuf ans fut à la fois terrible et remplit de bonheurs. Mon hyung eut un grave accident ; perdant la vue pour toujours et à jamais. Cette nouvelle m'avait grandement bouleversé mais ce n'était rien à ce qu'il ressentait. Sa vie tournait autour de sa vue ; son travail, sa passion, la personne qu'il aimait.

Writer ✏ TaegiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant