Dance with me

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Comme souvent, je regardais les vidéos qu'on avait faites avec Thomas. Celles de notre mariage, de nos journées de marche...

Comme souvent, j'entends sa voix me rassurer, me redonner courage.

Sur la table est posée sa tasse fétiche. Elle n'a pas bouger depuis son départ, je n'ose pas la déplacer. Parfois, je l'imagine boire son café matinal, et ça me fait sourire.

Mais très vite, la réalité me rattrape, et efface ce que je venais de voir.

Sur le porte manteau est pendue ma veste. Celle que je lui avais mise sur le dos à notre premier rendez-vous, parce qu'il avait froid.

Devant moi se joue le plus beau jour de ma vie. Il était si beau, son sourire était si franc.

Pourquoi c'est toi qui a conduit ce jour là ? Tu n'avais pas voulu que je prenne le volant, à cause de mon bras qui me faisait mal. Pourquoi il a fallu que tu perdes la vie ?

«Damien, arrête de te sentir coupable. Tu n'as pas à l'être.
-Si je dois l'être ! J'aurai dû prendre la route à ta place !
-Tu sais que ça aurait donné la même chose, j'aurai été malheureux à ta place.
-Mais tu serais en vie...Tu mérites plus la vie que moi...
-Ne dis pas ça ! Je ne mérite pas plus qu'un autre.
-À mes yeux, si...»

Je serrais mon poing très fort. Je pleurais en serrant les dents, revoyant en boucle mon petit chéri sur son lit d'hôpital, le crâne bandé et les yeux à peine ouvert.
J'aurai tant voulu voir ses yeux une dernière fois, regoûter ses lèvres, l'entendre rire avant son départ...

L'ordinateur avait fini de jouer la vidéo du mariage, et diffusa notre chanson. Celle sur laquelle on avait dansé pendant la fête du mariage. Notre danse à nous. Même si nous ne savions pas danser à cette époque, ça ne nous avait pas empêcher de nous coller l'un à l'autre et d'essayer.

Je n'avais jamais autant aimer danser. L'avoir près de moi me fait toujours plaisir, mais le voir sourire et pleurer d'émotion comme il l'avait fait m'avait touché au plus profond de mon coeur.

Mon coeur me fait mal quand j'y pense. Il se contracte et bat fort.

«Tu me manques tellement Thomas...
-Arrête de te faire du mal...
-Je ne sais pas faire autrement ! Tu... Tu étais tout ce que j'avais... J'ai perdu mes parents, je n'ai aucun contact avec ma famille...
-Je t'en prie Damien calme toi.
-Tu étais si beau, si doux, si attentionné... Comment veux-tu que j'aille mieux ? Tu étais le seul à pouvoir me remonter le moral...
-Je suis toujours là. Dans ton coeur. Tu m'entends, tu me parles...
-Mais tu n'es pas avec moi ! Je ne peux pas te prendre dans mes bras comme j'aimais tant le faire, t'embrasser des heures durant ! Plus jamais ça ne sera possible, et c'est ça le plus douloureux...»

Je me levai, mis cette veste qui me rend si nostalgique, et sortis de la petite maison.

Les larmes continuaient de couler, mais je m'en foutais. Pourquoi vouloir cacher une peine si présente ?

J'étais passé chez un fleuriste acheter un bouquet de ses fleurs préférées, pour aller les lui déposer.

J'étais devant lui, assis. J'avais remplacer l'eau et les fleurs du vase. Je relisais en boucle son épitaphe:
«Don't be sad, I'm just a man like everyone.»

Dance with me, pleaseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant