Chapitre 11

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Mila


On arrive au lycée, et le nœud qui se forme au creux de mon ventre se fait de plus en plus imposant. Je déteste les oraux. Je passe dans une heure, alors je compte bien mettre ce temps à profit pour réviser encore et me détendre. J'aimerais beaucoup tomber sur le roman. Isaac et Nolhan ont exactement le même programme que moi, mais en français. J'ai déjà validé cette épreuve en français, alors cette année, j'ai préféré suivre le cours en espagnol pour être sûre d'avoir les deux langues. C'est l'avantage d'avoir vécu à la frontière entre la France et l'Espagne tant d'années. Je me perds dans ces souvenirs qui ne sont pourtant pas si vieux. Je repense aussi au nouveau de mon ancienne classe, là-bas. Lui et sa sœur étaient arrivés moins d'un mois avant la fin des cours, et bien que cette fille - Ivána je crois- ne me portait pas dans son cœur vu les regards qu'elle me lançait, je sentais que le feeling passait bien avec son frère. Adriel. C'était un mec vraiment attirant et je n'ai jamais eu le temps de lui parler, car c'était toujours à l'intercours qu'on se voyait, et le mois est passé beaucoup trop vite. Sa sœur a toujours vu nos regards, et ne manquait pas de me le faire remarquer.

Je n'ai pas vu le temps passer, mon oral est dans dix minutes, et je décide malgré moi de ne pas réviser encore une fois, car ça ne servirait strictement à rien. Le temps file, et la jury appelle le nom suivant. Je suis tellement paralysée par le stress que je lui demande de répéter. Ah, oui, c'était bien mon nom. Je me lève, prends mes affaires, lui serre la main puis entre dans la salle. Elle me donne mon sujet, que je ne retourne qu'une fois assise et prête à préparer mon brouillon. Elle lance le chrono et je regarde mon sujet : le roman. Oui ! J'ai trente minutes de préparation, alors je donne tout ce que je sais par rapport au sujet : Nous sommes cruels, de Camille de Peretti. C'est la réécriture moderne des Liaisons Dangereuses. Les trente minutes passent affreusement vite, et lorsqu'elle m'appelle pour que je commence mon oral, j'espère m'en sortir.


Nolhan


Mon tour est dans vingt minutes, et Isaac est en ce moment même dans la salle. J'espère qu'il aura eu ce qu'il voulait comme sujet, car il était vraiment à fond ! Pendant que j'attends, dans l'impatience et le stress, je vois deux personnes, une fille et un gars, qui doivent avoir notre âge, regarder partout autour d'eux.

« - Vous cherchez votre salle ? je demande poliment.

- Nous cherchons plutôt l'administration, pour nos inscriptions pour la rentrée prochaine, me répond la fille.

- Oh, vous êtes français ?

- Ça se voit tant que ça ? rit de bon cœur le mec.

Il porte une chemise bleue jean avec des motifs - des petits éclairs ? -, un nœud papillon et des lunettes. Plutôt élégant mais cool à la fois.

- Votre accent quand vous avez parlé espagnol, je lui lance. Sympa le nœud pap' !

- Merci ! me répond-il.

- L'administration, c'est dans le couloir perpendiculaire à celui-ci ; vous allez par-là, j'indique avec mon bras droit, puis vous tournez à droite et ce sera au fond du couloir. C'est écrit en gros dessus, vous ne la louperez pas !

- Merci mon pote ! Et bonne chance pour ton oral, ajoute-t-il avec un clin d'œil.

La fille n'a pas arrêté de me fixer, et elle est d'ailleurs toujours en train de le faire.

- Bouleau Nolhan! crie le jury dans le couloir.

-J'arrive, je suis là !»

Je croise Isaac qui, lui, sort de cet enfer. Il me fait un signe de tête avec son sourire de '' j'ai réussi ''. Je suis content pour lui, et on n'a pas le temps d'échanger plus de regards car le jury me demande d'entrer dans la salle après que mon jumeau en soit sorti. Il me tend mon sujet que je n'ai pas le droit de retourner tant qu'il ne m'y a pas autorisé. Après cinq interminables minutes, j'ai enfin le droit de voir le thème de ma torture : le théâtre. Bordel. Je regarde quel est le texte que je dois présenter, et bon sang, la chance m'a lâché devant la porte ou quoi ? Ionesco ? mais c'est une blague ? J'essaie tant bien que mal de préparer ce que je vais dire pendant ces dix minutes. Ma préparation touche à sa fin, et je sens que le gars a les yeux fixés sur ce que je fais, pour être sûr que je ne triche pas. Je ne vois pas comment je pourrais tricher étant donné que je n'ai que mon stylo et une petite pochette, qui est restée sur la table devant lui.

Il me dit d'approcher quand mon temps de préparation est achevé, et je sais que je vais me rater, mais je fonce quand même. Les dix minutes passent finalement très vite, et l'entretien qui suit le texte s'est, je semble, bien déroulé également. Une fois tout ça terminé, je récupère ma pochette et mon stylo, dis au revoir, et sors. Mila se jette à mon cou, et Isaac est là aussi.

J'embrasse ma jolie blonde et lorsque, pendant le baiser, je lève les yeux pour voir si on nous voit, j'aperçois la fille de tout à l'heure, au fond du couloir, qui nous regarde.

L'illusion de l'espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant