Chapitre 2 : L'enfer vert

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Jamais les habitants du village ne s'étaient aventurés aussi loin dans cette forêt. Ils restaient usuellement à proximité de leurs masures et ne dépassaient jamais la lisière. Ils étaient ainsi coupés du reste du monde et vivaient en autarcie, la région environnante subvenant à tous leurs besoins, une rivière trouvant même sa source dans leur village et coulant vers la forêt.

Il faut dire que ces épais pins logés les uns sur les autres n'étaient pas très accueillants. Il régnait ainsi dans cette forêt une atmosphère étouffante, oppressante. Le fait qu'elle n'était jamais traversée par quiconque en faisait un lieu totalement lugubre.

Le groupe suivait le cours de la rivière car il offrait de minces bandes de terre pratiquables sur ses berges. L'espoir débordant suivant l'échappatoire du massacre avait tôt fait place à un désespoir certain. Ils ne connaissaient rien de cette forêt où tout s'y ressemblait. Ils avaient complètement perdu leurs repères cardinaux et beaucoup venaient à penser qu'ils auraient de la chance s'ils sortiraient un jour de ce monstre feuillu.

   Après avoir marché de la sorte jusqu'au crépuscule, le moral du groupe était au plus bas. Beaucoup parlaient d'abandonner et d'attendre la fin arriver, ce qu'effectivement une poignée fit le lendemain à l'aube. Les efforts incommensurables déployés par Gustave et Marc, dont les paroles le surprenaient lui-même, avaient été vains.

   Une autre calamité s'abattit sur le groupe, désormais amoindri, de survivants dès qu'ils reprirent la route. Durant la nuit, une pluie torrentielle s'était abattue sur la région environnante. Il en résultait qu'une horrible boue avait remplacé la berge sèche que le groupe avait emprunté jusqu'alors. Cette terre boueuse s'infiltrait partout et ces villageois habitués à la vie citadine n'y étaient pas du tout préparés. Progresser ainsi dans ce marécage était devenu extrêmement pénible et éreintant, de même que le sommeil de ce second jour en fut perturbé.

   Comme si cela ne suffisait pas, un autre problème évident vint bientôt s'ajouter à la liste de ceux que nos rescapés subissaient déjà. Cela faisait désormais 3 jours qu'ils n'avaient rien mangé si ce n'est une poignée de baies cueillies la veille et partagée entre les membres du groupe, ce qui était clairement insuffisant. Ils criaient famine et ne connaissaient rien des éventuelles techniques de survie en pleine nature qui auraient pu les sustenter, les sauver.

   L'enfer vert, c'est ainsi que les survivants appelaient désormais cette forêt à l'aube du quatrième jour. L'enfer vert où rien ne pousse du fait de l'absence de lumière. L'enfer vert où la faune possède un large éventail de cachettes pour échapper à leurs estomacs affamés. L'enfer vert qui deviendrait bientôt leur tombeau. C'était d'ailleurs déjà le cas de Samuel qui tomba, sous les coups de la famine, pour ne jamais se relever.

La surprise vient quand on ne s'y attend pas. Tandis que le reste de la bande était en proie à un terrible dilemme moral sur la question du cannibalisme, une ombre se dirigea vers la carcasse fraîche de Samuel et commença à la déguster. Le groupe se retourna et poussa un cri horrifié. Il s'agissait d'une énorme araignée, de taille presque humaine. Une deuxième sortit des fourés. Elles ne semblaient pas agressives, uniquement intéressées par le cadavre.

   Marc se fit la réflexion qu'au delà de l'aspect répugnant du met, cela n'était pas mauvais en bouche une fois cuit. La patte d'araignée avait une texture croustillante qui lui plaisait beaucoup. Il faut dire aussi que son avis était dans doute biaisé par 4 jours de famine intense.

   Un climat chaud avait par ailleurs séché l'horrible boue et rendait à nouveau les déplacements supportables. Le moral du groupe était regonflé à bloc, malgré la mort récente de Samuel, une fois le ventre plein. Certains les disaient même déjà sauvés. Marc se garda bien de rappeler leur avenir incertain et le fait qu'ils étaient toujours dénués de repères. Néanmoins, il s'endormit serein.

   Dans son rêve, Marc revit sa vie passée, sa maison, sa famille. C'était son anniversaire, il était extrêmement impatient de pouvoir ouvrir son cadeau et goûter son gâteau. Ses parents le regardaient d'un air enjoué. Tout n'était que bonheur. Soudain, lorsqu'il déchira l'emballage qui recouvrait son présent, Marc fut soudain entouré par les flammes et des cris de détresse se sont mis à retentir de toutes parts.

   Marc se réveilla en sueur. Ce n'était pas un rêve. Ils étaient réellement entourés par les flammes.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 13, 2018 ⏰

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Le règne des divins - Partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant