Mon cher ami,
Aujourd'hui ma petite Anne-Marie est venue me rendre visite accompagnée de toute sa petite famille. Je ne te cache pas sa surprise en me voyant dans un fauteuil roulant, elle ce n'était pas imaginée que mon état avait empirer à ce point, elle semblait même s'en vouloir de n'avoir pu venir me voir plus tôt. La pauvre se blâmait tellement. J'ai fait de mon mieux pour la rassurer, l'informant que je pouvais toujours marcher mais que cet engin me permettait de me fatiguer moins rapidement. Elle ne sembla pas plus sereine. Elle est comme cela, toujours à s'inquiéter pour des détails insignifiants. Elle tient cela de sa mère. Je ne me suis, pour ma part, jamais réellement inquiété de quoi que ce soit. Un défaut que ma fille à bien heureusement évitée. Nous n'y réfléchissons jamais assez, mais ceux qui sont incapables de s'inquiéter parte avec un désavantage dans le monde. Et je te dis cela en connaissance de cause. Tu ne peux t'imaginer le nombre de fois où mon manque d'inquiétude m'aura porté préjudice. L'un des plus beaux exemples est ma baisse de vision rapide au cours de ma vie. Etant jeune je n'y prêtais aucune importance et c'est une fois trentenaire que je me décidais enfin à voir un opticien, sous les conseils avisés de ma défunte épouse. Conclusions de l'histoire je porte une lourde correction. De temps en temps je me dis que si j'y avais prêté plus d'attention... Mais il ne sert à rien de se blâmer pour d'aussi vieille décisions. Pour en revenir à Anne-Marie, sa visite ma vraiment fait un bien fou. Elle n'est malheureusement pas restée longtemps. Elle n'a pas arrêté de s'excuser de ne pouvoir venir plus souvent. J'avais beaux dire que l'important était qu'elle soit là maintenant, rien n'y a fait. Je ne lui en voulais vraiment pas. Sa aussi elle le tient de sa mère. Elle passait aussi le plus clair de son temps à s'excuser de ne pas être parfaite. Même si cela pouvait devenir énervant, c'est aussi cela qui faisait son charme. Je sens ma main trembler. Je vais changer de sujet si cela ne te dérange pas. Penser trop longtemps à Olivia m'attriste toujours autant. J'admire ceux qui arrive à chérir les moments passés avec les défunts. Cela n'a jamais été mon cas. Voilà le papier mouillé maintenant. Si tu savais seulement à quel point elle me manque. Bien il vaut vraiment que je change de sujet. Je ne vais tout de même pas t'écrire une lettre déprimante à chaque fois. Te souviens-tu d'Edgar ? C'est le petit de Joelle. J'espère que tu te souviens de Joelle. Je ferai comme si. Et même si ta mémoire te fais défaut tu peux toujours relire mes anciennes lettres. Enfin, je l'ai recroisé pas plus tard qu'hier. Joelle m'avait de nouveau sortie et déposée à l'ombre d'un chêne, le même que la dernière fois. Je suis de nouveau resté seul environ une heure avant qu'Edgar ne vienne me récupérer. Exactement comme la dernière fois. A la différence que notre conversation portait sur les fruits. Je sais que cela pourra te faire sourire mais c'est la vérité. Nous avons belle et bien débattu pendant environ une demie heure sur les meilleurs fruits. Si tu veux tout savoir, nos avis divergeaient au sujet de la banane. Tu le sais déjà mais je ne porte pas la banane dans mon cœur. Mais il se trouve que la banane est le fruit préféré d'Edgar. Il paraissait même indigné du fait que je ne partage pas son amour pour cet aliment. Il est même allé jusqu'à me citer les biens faits de la banane. Savais-tu, par exemple, que la banane est un bon remède contre le stress ? Ou encore qu'elle aide à la concentration ? Eh bien je me dois de t'avouer que moi non. Les jeunes en savent un rayon sur ce qu'ils aiment de nos jours. Il paraissait tellement renseigné sur le sujet, je me suis mis à l'admirer. J'aurais aussi bien voulu savoir tout cela à son âge. Il est vraiment intéressant ce petit. Il a fini par me promettre de me faire changer d'avis sur la banane. Je me demande bien comment il va si prendre. Mais je suis convaincu qu'il va réussir, il a de la ressource ce jeune. Il est temps pour me de te laisser. Il commence à se faire tard et je t'avoue me sentir un peu faible. Je vais sans doute aller me coucher. Passe une bonne nuit. Au plaisir immense de te retrouver.
Charles
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Adieu mon cher ami
Historia Corta"Je suis Seul, au fond d'un couloir, on demande pas mon avis J'ai pris de l'âge donc voilà j'ai bien plus de rides que d'amis J'aimerais partager mes erreurs, vous faire part de mes doutes Parfois j'me parle à moi-même pour être sûr que quelqu'u...