Here come the regrets [Red Velvet]

•15•

Past

- Je n'ai pas été prise.

Ce fut les premiers mots que Tsuyu dit à Sangbum quand il décrocha. Elle sortait du café que Bae avait quitté quelques minutes avant. La jeune fille ne pleurait pas, elle n'en voyait pas l'intérêt. Elle avait joué son sort et sa vie, et elle avait perdu. Elle n'avait pas réussi à intégrer les SMRookies, et maintenant, elle allait devoir épouser Han. Et elle ne pouvait plus rien faire.

- Je te le promets, il ne t'épousera pas, jura Sangbum. Je trouverai un moyen, ne perds pas espoir.
- Je ne sais plus quoi faire, avoua sa petite-amie. Mes parents m'attendent à l'appartement. Même mon frère est là.
- Je t'aime. Sois forte, et je te retrouve dès que possible.
- D'accord.

Elle arriva à la porte de l'appartement de ses parents. Quelques mois après son arrivée à Séoul, ses parents avaient décidé de se rapprocher de leurs enfants. Tsuyu les suspectaient fortement de vouloir les surveiller de plus près, mais elle n'avait rien dit. Elle ne voyait pas Sangbum souvent, jusqu'à ce que lui aussi arrive dans la capitale pour ses études de stylisme. Son père l'avait proposé de l'inscrire dans une école à Paris, mais il avait refusé. Il aimait la Corée, et il ne voulait pas la quitter, même pour ses études. Aussi, il voulait passer le plus de temps possible avec Tsuyu. Mais leurs emplois du temps étaient remplis, et ils avaient parfois à peine un moment pour boire un café ensemble.

Et maintenant, c'est avec Han que je boirai mon café, pensa Tsuyu avec amertume en ouvrant la porte. Ses parents l'attendaient, le visage grave.

- Je n'ai pas été prise, grogna leur fille, prête à s'enfermer dans sa chambre.
- Ce n'est pas de ça dont nous voulons te parler, l'arrêta sèchement sa mère.

Elle lui montra le carnet que lui avait offert Bae, des années auparavant. Il lui fallut quelques secondes pour saisir l'ampleur de la situation, et son estomac tomba en chute libre. Elle blêmit, prête à se défendre, mais elle n'eut le temps de rien faire. Sa mère ouvrit sur la page ou le nom de Bae était entouré de petits cœurs.

- Allez dormir chez Bae. Allez à Séoul avec Bae. C'était juste une façon de pouvoir coucher avec elle plus facilement.
- Non, fit faiblement Tsuyu, terrifiée. Elle n'a rien à voir dans cette histoire ! Elle n'est pas au courant !
- Ce serait dommage, fit alors son père d'une voix très calme. Qu'elle l'apprenne je veux dire. Qu'elle sache qu'elle vivait avec une telle... horreur. Que penses-tu qu'elle dirait si elle l'apprenait ?

Tsuyu ouvrit la bouche pour parler, mais ses mots refusaient de sortir. Sans qu'elle comprenne comment, une douleur fulgurante irradia sa joue gauche et elle tomba sur le sol, sonnée. Une pluie de coups s'abattit sur elle, et soudain, ce fut comme si elle ne ressentait plus rien. Les coups continuaient, mais elle était totalement vide. Elle ne tenta pas de se défendre, même lorsqu'elle se mit à cracher du sang. Lorsque son père arrêta enfin, il lui fallut plusieurs minutes juste pour s'asseoir. Pendant ce temps, ses parents l'insultaient copieusement. Tsuyu avait trop mal pour pleurer.

Tout son corps se remit à fonctionner quand elle entendit la phrase de son père :

- Nous allons t'inscrire dans un camp... Ils te soigneront là-bas.
- Me soigner de quoi ? ironisa Tsuyu dans un murmure.
- De... ce que tu es devenue, fit sa mère, avec un visage dégoûtée. Ce n'est pas normal, tu entends ? Tu n'es pas normale ! Là-bas, ils t'enlèveront tes pensées malsaines... Contre-natures.
- Vous ne pouvez pas faire ça. Je vais épouser Han.
- Je doute que tu épouses qui que se soit avant de te faire soigner.

Soudain, sous la force du désespoir, Tsuyu cria :

- Jamais ! Jamais je n'irai là-bas. Je préfère encore brûler en enfers avec les autres gays que de rester une minute de plus avec vous ici.

L'adrénaline lui permit de s'emparer de son sac et de sortir de l'appartement à toute vitesse pour se jeter dans l'ascenseur avant que ses parents ne comprennent qu'elle s'enfuyait. Elle pria tous les dieux du ciel tandis qu'elle descendait les étages, et elle sortit de l'immeuble. Elle courut le plus vite possible jusqu'au quartiers les plus mal famés de la ville. Jamais ses parents ne penseraient la chercher là-bas. Et lorsqu'ils le feraient, elle serait déjà en lieu sûr. Elle s'accroupit dans une petite ruelle et sortit son portable. Elle composa le numéro de Sangbum, paniquée. Les trois secondes qu'il lui fallut pour répondre parurent des années pour Tsuyu.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Mes parents... Je t'en supplie... Viens me chercher.

Et Tsuyu explosa en sanglots.