Tu n'es pas un monstre Malefoy..

Épilogue

La fraîcheur de l'après midi lui caressa le visage, comme des mains glacées qui se posaient délicatement sur son front. La chaleur estivale se retirait peu à peu, si bien qu'ils furent laissés à contempler ses vestiges dans le parterre de feuilles jaunâtres que la brise amassait sous leurs pas, et les arbres, encore nostalgiques, qui se raccrochaient à leur dernier feuillage. La sensation de picotement sur ses joues ne déplût pas à Hermione, l'air flamboyant de l'été ayant été d'une sécheresse infâme, ajoutant une pesanteur supplémentaire à ses longues journées rythmées par l'écliptique. Les volontaires après la guerre s'étaient montrés nombreux pour restaurer ce qui pouvait encore l'être, et le message annonçant la fin du règne du Mal avait filé comme la plus rapide des comètes à travers villes, villages, bois et recoins isolés du territoire anglais. Il n'y avait rien de plus libérateur que de voir un pays scier ses propres chaines, reprendre ses droits et affronter à pleins pouvoirs leur ennemi commun. Bravoure et deuil avaient été de puissants comburants pour instaurer une telle combativité, et la contribution d'Hermione, bien qu'un grain dans cet immense océan, l'avait quelque peu aidé à retrouver sa paix avec elle-même. Quart mois plus tard, la jeune femme avait enfin atteint un état d'esprit dans lequel elle se complaisait et qui pouvait l'aider à aller de l'avant. Etre ainsi capable de marcher librement, aux côtés de l'homme qu'elle aimait le plus au monde, loin de la folie stressante, lui était de loin la sensation la plus agréable qu'elle ne puisse dater. Les mèches brunes et ondulées de ses cheveux fraîchement coupés voletaient avec son écharpe et Hermione inspira une goulée d'air, s'accrochant fermement à la main de Drago. Ce dernier lui sourit en posant ses yeux sur elle.

- Je suis tellement soulagé d'être enfin hors des griffes du Ministère, je pensais que ces procès n'en finiraient pas... Je dois avouer que je préfère largement Shacklebolt à n'importe quel de ces idiots qui travaillent avec lui.

Les talons des bottines d'Hermione claquaient sur le bitume à un rythme modéré. La promenade, prise d'assaut par quelques riverains, longeait la Tamise secouée par l'agitation du vent.

- Pour les autres, la sentence a été plutôt rapide, et puis les aurors se chargeront de rattraper les derniers fuyards. D'après certains t'as eu une veine incroyable, bon nombre n'étaient pas en ta faveur... "Bon ou mauvais", la distinction était vite faite.

- Etre un Malefoy en vie après la fin de la guerre, c'est déjà défier tout ce que l'univers avait en réserve pour nous. Et puis j'ai déjà fais mon propre séjour en prison, le renouveler m'aurait été insupportable. Mais j'imagine que sans votre intervention, à Harry et à toi, les choses auraient évolué différemment...

Son visage aux traits lisses était rivé droit devant lui, ses prunelles hasardant à détailler ce paysage Moldu qui lui était encore inconnu. L'agitation de la capitale, avec ses bus, sa circulation dense, ses habitants marchant en file, journal et café en main ainsi que les lumières clignotantes des spots publicitaires, le rendait nerveux, tel un bambin bien trop jeune qui découvrait le monde.

- Ce n'était pas une manière de traiter un homme aussi courageux. Et pour ton père alors, ta mère tient-elle le choc?

Même en plein jour, une ombre dans ses yeux ne se tarissait pas, affectant leur gris comme un nuage d'orage voilant le ciel. Drago passa timidement sa main dans son dos, caressant le tissus de son manteau de sa main gantée.

- Ma mère est épuisée... Elle avait bien cru que j'étais décédé, tu sais, ça l'avait anéanti. Lorsque j'étais rentré au manoir ce jour là, elle a pleuré pendant des heures. J'essaie de la soutenir comme je peux, maintenant, mais c'est une femme forte, j'ai bien l'impression qu'elle endure mieux que moi.

Hermione baissa les yeux au sol, suivant du regard les mosaïques recouvertes par les feuilles qui décoraient le trottoir. Plus loin, un escalier descendait en direction du métro.