welcome in my mind

first one

J'me souviens encore du temps où j'étais jeune, un enfant insouciant qui vit sa vie sans se soucier d'être un petit garçon ou une petite fille. Je me contentais de jouer avec mes barbies un jour et de jouer avec mes petites voitures le lendemain, j'étais un enfant heureux qui portait des robes parce qu'on m'avait étiqueté 'fille' le jour de ma naissance et vraiment, ça ne me dérangeait pas. J'ai commencé à voir la différence le jour où je suis rentré à l'école avec ma robe et mon sac plein de p'tites voitures. Ce jour-là, on m'a mis dans une catégorie, celle des petites filles. À la maison, papa et maman utilisaient la même toilette, comme moi. Mais ce jour-là, je dû aller dans la toilette des filles, parce que j'étais une petite fille. À la récréation, quand j'ai voulu jouer au p'tites voitures, les petits garçons m'ont dit non, parce que j'étais une fille et parce que 'les petites filles jouent aux poupées, pas au p'tites voitures'.

Pendant longtemps, j'ai été étiqueter 'fille'. Je devais utiliser les toilettes des filles, je devais utiliser le vestiaire des filles et je n'avais pas le droit de faire les mêmes activités que les garçons. Dans mon petit coeur de jeune enfant, j'avais mal. On utilisait le pronom 'elle' pour me désigner, alors que moi dans mon coeur, j'me sentais comme un 'il'. Je voulais avoir le droit de jouer aux p'tites voitures sans entendre constamment le même refus dû à ma condition de 'elle', je voulais m'écorcher les genoux en jouant au foot, escalader une clôture sans qu'on me dise de descendre parce que je portais une jupe. Je voulais qu'on parle de moi en disant 'il', je voulais porter des jeans, jeter mes jupes aux poubelles et couper mes cheveux trop longs à mon goûts, mais mes parents ne voulaient pas. J'étais leur jolie petite fille et l'époque étant ce qu'elle était, ma réalité n'était pas encore la réalité de tous. Alors j'ai grandis en me cachant seul dans un coin, pour jouer aux p'tites voitures. Ma préférée, c'était ma voiture bleue. Elle roulait tellement bien, elle allait tellement vite. Je m'imaginais la conduire pour rouler vers un endroit où les 'il' et les 'elle' n'existeraient pas, un endroit où une petite fille à le droit d'être un 'il' et de jouer aux p'tites voitures, un endroit où les petits garçons peuvent être des 'elles' et ont le droit de chouchouter leurs poupées, mais ma voiture ne me conduisait nulle part. Elle était trop petite et moi trop grand, alors je me contentais de la faire rouler sur le béton sale de la cours de récréation, en imitant le 'vroum' du moteur avec ma bouche, pour me faire croire qu'elle fonctionnait vraiment et qu'elle serait un jour à ma taille. Elle ne l'a jamais été, mais je suis maintenant un 'il', un 'il' heureux.

Maintenant, je ne joue plus aux p'tites voitures, mais j'ai toujours gardé ma précieuse voiture bleue. Elle est mon porte-bonheur, je l'avais entre les mains le jour où j'ai demandé mon premier 'binder' à mes parents, elle était dans ma poche le jour où la coiffeuse a coupé mes cheveux autrefois long jusqu'à la chute de mes reins, elle était dans mon sac à dos le jour de ma première opération, elle y sera encore dans deux semaines, le jour de ma seconde opération. Je m'appelle maintenant Éliott et si ça a été un choc pour mes parents, pour mes amis et pour mon ex de l'époque, la plupart le vivent maintenant très heureux et je me considère comme étant chanceux d'être entouré de gens aussi compréhensif. Je suis maintenant en couple avec une jolie jeune femme répondant au doux prénom d'Abbie. Quand j'ai eu ma première opération et que j'ai vue pour la première fois les cicatrices sur mon torse maintenant plat, je me suis dis que personne ne pourrait l'aimer, que je vivrais en 'il', mais seul. J'y croyais fortement, jusqu'au jour où je l'ai rencontré, ma 'elle'. J'étais tellement honteux le premier jour où je me suis retrouvé sans t-shirt devant elle pour la première fois, mais elle a su me rassurer. Elle a dit que j'étais beau, elle a dit que ma différence, que mes cicatrices me rendaient beau et je l'ai cru. Je suis beau. Je suis un 'il' et je suis beau.