Cache-cache

Trouble

Quelques heures plus tard, Mary se réveilla tranquillement et fit le même chemin que Peter. Elle descendit les interminables marches en bois de l'escalier et sa mémoire l'alerta de ce qu'elle avait vu la veille. Elle se souvint alors de cet homme qu'elle avait accepté d'héberger pour la nuit. La mère fit un tour par le salon et découvrit avec soulagement le canapé vide.

C'est alors que deux choix lui vinrent à l'esprit:

- passer à autre chose sans se soucier de cet étrange moment,

- ou bien trouver des réponses à ses questions et déterminer qui était cet homme et que venait-il réellement faire chez elle.

Contrairement à son habitude, Mary choisit la facilité et décida de faire chauffer son thé sans se soucier de ce passage nocturne. Son côté "bonne samaritaine" avait finalement pris le dessus sur sa névrose.

Alors que son thé se réchauffait, elle alla à l'étage réveiller sa fille. Les pas de Mary sur le bois des marches étaient une étrange mélodie qui lui plaisait de plus en plus au fil des années. C'est à l'écoute de ce bruit qu'elle se sentait chez elle, avec ceux qu'elle aimait, en sécurité. Mary tapa donc deux fois sur la porte rose de la chambre de sa "petite Jess" et, dans un mouvement gracieux, elle entrouvrît la porte et glissa un petit 

"Bonjour mon cœur"

Une fois son texte matinal répété, Mary redescendit. Elle buvait à présent son thé tout en écoutant en bruit de fond une radio locale. Ah! C'était sa musique préférée du moment. À sa décharge, il faut dire que chaque mot que Bruno Mars sort de sa bouche se transforme en or. La science est inexplicable parfois. À chaque note qu'elle entendait, elle ne pouvait pas se retenir de l'imiter. Cela lui faisait du bien de chanter avant de partir au travail. Pour Peter, c'était un régal de l'entendre chanter et être de si bonne humeur tous les matins.

Son thé fini, elle éteint la radio, prépara son sac-à-main et attendit au pied des marches sa fille. Elle était en retard depuis quelques minutes désormais et Mary lui avait préparé un encas qu'elle mangerait sur la route de son école.

"Jessy?"

Mary avait beau appeler, cette dernière ne répondait pas. Énervée et ayant peur d'être en retard, Mary monta les marches en râlant à toute allure, et claqua la porte de la chambre de Jessy. La chambre était encore noire et rien n'avait bougé.

"Jessy bon sang réveille-toi, tu vas encore me mettre en retard!"

Mary fila ouvrir les volets, aéra la fenêtre, plia les rideaux et se retourna vers le lit de sa fille. Vide.

Il y a des moments dans la vie de chacun qui peuvent surprendre. Il y a aussi des moments qui font peur. Mais ce n'est que rarement que les deux sont assortis.

"Jessy! Jessy où es-tu ma fille?! Jess!"

Aucune réponse ne vint.

Mary fouilla le lit: elle jeta les draps, les oreillers, elle envoya valser le matelas. Mais toujours rien. Elle rechercha dans tout le reste de la chambre mais il n'y avait aucune trace de la fille.

La pauvre mère descendit les marches extrêmement rapidement mais cette fois-ci, le bruit qui retentit sous ses pas l'effrayait plus qu'il ne l'apaisait.

Tout en continuant de crier, Mary chercha dans la maison quand soudain elle eut envie de perdre ses yeux, horrifiée, à la vue de traces de sang à côté du canapé.

Elle s'écroula en sanglots, à genoux, en face de la tâche rouge écarlate. Son visage doux s'obscurcit peu à peu. Ses larmes devenaient bientôt noires.

Lorsqu'elle leva la tête, elle aperçut au bout du canapé un morceau de papier écrit à l'encre rouge. Mary se leva, en un coup de bras sec, elle sécha le résidu de ses longues larmes noires et lut sur le papier:

"Je t'avais dit de te souvenir Mary".