CHAPITRE I

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  Je déambulai parmi les invités en jouant des coudes pour pouvoir atteindre Greta qui était en train de dresser la décoration comestible sur la bûche de Noël. Ses longs cheveux blonds striés de mèches argentées étaient relevés en chignon sur le sommet de son crâne. Des cernes marquaient ses yeux bleus et une expression pleine de concentration s'affichait sur son visage.

-Maman, Mathilde a encore essayé de raser les sourcils du petit Johnny avec une petite cuillère. , lui dis-je en m'appuyant sur le plan de travail.

-Tu vois bien que je suis occupée, je ne peux pas me dédoubler.

Son accent hollandais avait toujours cette pointe d'autorité qui dissuadait quiconque de la contredire.

Je retournai dans le salon et une voix masculine m'interpella :

-Alex ! Viens voir s'il te plait.

Je rejoignis alors Hans qui était surement en train de se disputer avec Henri. Ils étaient accoudés au rebord de la fenêtre. Hans passa la main dans ses cheveux roux qu'il tenait de notre grand-père maternel, et une lueur espiègle brillait dans ses yeux bleus qu'il avait hérité de Greta. Il faisait la même taille qu'Henri mais ses épaules étaient plus carrées et sa peau, parsemée de tâches de rousseurs, était plus pâle.

-Qu'est ce que tu veux ? , lui demandai-je avec une pointe d'agacement dans la voix.

-On avait besoin d'un avis objectif et, qui de mieux placée que notre petite sœur chérie pour nous dire qui est le plus beau de nous deux. , dit-il avec un sourire malicieux sur les lèvres.

Henri, quant à lui, avait les cheveux bruns et les yeux marrons. Il avait le teint bronzé et il avait une silhouette élancé. C'était mon portrait parfait à une exception près : on avait pas le même sexe. On était jumeaux , il était né trois minutes avant moi.

-Comme Henri me ressemble, c'est forcément lui le plus beau. , lançai-je en les reluquant tout les deux de haut en bas. , Tu aurais pu trouver plus neutre comme avis.

Je leur fis un clin d'œil et, tandis que je m'éloignais, je les entendis encore se disputer. Ces deux là s'aimaient autant qu'ils se détestaient.

De loin, j'aperçus Madeleine qui draguait encore Steve, le grand frère du petit Johnny. Elle était comme Henri et moi, elle avait tout hérité de Nicolas : ses longs cheveux bruns, ses grands yeux marrons, son teint bronzé. En revanche, elle était petite comme Greta.

-Alex !

Mathilde courrait vers moi, les cheveux trempés.

-Qu'est ce qui t'arrives ?, lui demandai-je en la prenant dans mes bras.

J'enfouis mon nez dans ses cheveux blonds : de la bière.

-C'est Sabrina !, cria-t-elle entre deux sanglots.

Je me détachai d'elle pour voir son visage : ses yeux bleus étaient embués de larmes. Elle ressemblait en tout point à Greta.

-Sabrina t'as renverser de la bière dans les cheveux ?

-Oui ! C'est parce qu'elle est jalouse que je joue avec le petit Johnny !

-Mathilde... Laisse moi t'expliquer une chose. Vouloir rasé les sourcil des gens avec une petite cuillère, ça ne s'appelle pas « jouer » ., lui dis-je d'un ton solennel.

-Mais on jouait à la coiffeuse !

-La coiffeuse c'est pour...

-T'as vu ce que ta petite sœur à fait à la mienne ?, cria une voix masculine.

ImperfectlyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant