chapitre II.1

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Ne sachant plus que faire, elle décida de quitter elle aussi cette ville. Elle évoluait avec peine entre deux voitures, quelques charrettes chargées de matelas et de petit mobilier, et ce au beau milieu de gens de tous âges au regard fatigué, inquiet. À son image ils semblaient avoir tout perdu également, sauf, peut-être, un vain espoir en de possibles jours meilleurs.

Prise d'un soudain vertige elle réalisa tout à coup qu'elle n'avait rien mangé depuis plus d'une journée. Ses jambes affaiblies refusaient de la porter. Elle devait cependant tenir bon, ce n'était pas le moment de s'apitoyer sur elle-même. Une foule désespérée marchait à ses côtés, courbée sous le poids de valises dans lesquelles l'on avait jeté précipitamment quelques vêtements et des souvenirs dont on n'avait résolument pas pu se défaire. Cheminaient ensemble ce jour-là un cortège de mères seules accompagnées d'enfants, des jeunes filles chevauchant des vieilles bicyclettes ainsi que des chiens faméliques vraisemblablement à la recherche de leur maître. S'arrêtant tous les dix mètres pour reprendre leur souffle, des personnes âgées au pas hésitant tentaient de suivre le rythme. Les trottoirs étaient jonchés de nombreux corps de civils et de soldats gisant sans vie, abandonnés ici et là au milieu d'un amoncellement de décombres dans l'urgence de la situation. 

Le médaillon de Monet (Roman)Where stories live. Discover now