Le crayon

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Vert comme l'herbe des champs d'été, rouge comme la rose qui y a poussée, noir comme la nuit ou jaune comme le soleil, grand ou petit, épais ou fin, tel un caméléon, le crayon s'adapte et se fond selon les envies.

Lisse, il se glisse au creux des mains, pour enfin se fixer entre les doigts. Enfin le papier arrive, et le crayon n'hésite plus devant cette feuille vierge, il tourne et vacille à en perdre la tête. Et s'il ne sait pas encore, s'il est un peu perdu, il découvrira bientôt le tracer de son étrange danse, couché gris sur blanc.

Soudain la mine a la tête à l'envers, et c'est son autre extrémité qui prend le relais. La gomme attend, observe, attentive et lente. Elle rectifie les moindre de ses faux pas, de ses erreurs, rendant le ballet préliminaire du bout de charbon toujours plus pur.

De nouveau face au sol, le crayon à peu être la nausée mais il doit continuer, après tout c'est son métier. Il créer, au fil des mots, des histoires sans fin ou bien la liste des courses, au fil des traits, des montagnes, des forêts, au fil des courbes, des vêtements venus d'ailleurs ou des femmes nues.

Enfin, c'est fini, terminé, les lumières s'éteignent et le crayon est essouflé, il a besoin d'être taillé. Mais au lieu d'être choyé, il tournoi une dernière fois autour des ongles avant d'aller se loger dans des cheveux.

Au chaud mais sous tension, le crayon est devenu indispensable au domptage de cette crinière nébuleuse et il n'en n'est pas peu fier.
Cependant le crayon se sent fatigué et se demande si demain, il ne risque pas de s'éventrer, ou du moins de se craqueler avant de complètement se démanteler.

Le crayonWhere stories live. Discover now