dear mask, save me

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Hyuna a toujours laissé paraître au monde extérieur une âme joyeuse, bonne vivante, bienveillante, un masque peint de mensonges, qui, fidèle, la suivait depuis ses premiers mœurs, et, n'empêche, lorsque tombé, révélait une façade bien plus sombre, meurtrie, faible. Bon compagnon, il l'avait accompagnée récemment entre la foule, criant à la joie, trinquant à la bonne humeur et à la folie passagère, embrassant à l'amour d'une nuit, jusqu'aux sanitaires, qui furent fermés aussi vite qu'ils furent ouverts. Il tombait alors, las, sur le carrelage glacé, près de sa propriétaire, et se lançaient un regard mélancolique.

Un balai d'émotions se déroulait alors au plus profond de ses entrailles où les cavaliers, ainsi que les dames, dansaient au rythme d'insultes, de rabais, des larmes qui venaient caresser ses joues gonflées -sûrement de ses peurs, et rosies, avant de s'échouer sur le carrelage glacé. Ses fins doigts attrapèrent le petit moule de chat, fait de plastique, et venaient en tripoter les reliures dorées qui l'entourait, chaque petit relief qui donnait un effet plus réaliste, la dentelle blanche, soigneusement brodée par l'Homme.

'L'Homme'

Nom péjoratif et de reniement qu'elle lui avait donné, aux définitions d' "inconnu", "égoïste", et mieux encore, cependant, elle n'avait pas le moral à réciter les défauts de l'espèce humaine. L'était-elle? Sans aucun doute; elle fut la première à le rabaisser, mais aussi la première à penser à ce qu'il allait causer, au futur, à son futur.

A la force de son bras gauche, elle poussait le reste de son corps vers le plafond; quelqu'un venait de pénétrer dans la pièce, et elle était la dernière à vouloir se confronter à un être qu'elle ne connaissait point, dont l'alcool brûlait surement ses veines, et troublait son cerveau.

"- Bonso-" L'intrus n'eut même pas le temps de prononcer quelques dernières syllabes, qu'il se précipita vers la rousse, enveloppant son dos de ses bras endoloris. Il ramena la silhouette féminine vers son torse, puis, après quelques secondes, la relâcha, - elle s'éloigna quelque peu, et il émit des gloussements de gène.

" - Qu'allais-tu dire?" Elle termina sa phrase, les joues un peu plus colorées, tandis que le garçon semblait la reluquer à même ses os, voulant garder à tout jamais dans sa mémoire chaque parcelle de la jeune femme, qui tenta de s'essuyer les yeux de sa manche; elle descendit, un peut trop, oui.

" - C'est quoi, ça?" Il s'avança de deux petits pas, et empoigna tendrement son bras, faisant attention à ne pas entrer en contact avec l'endroit perturbant. Il le retourna, et écarquilla les yeux, ébahi, devant tant de marques, de coupures, légères, profondes, anciennes ou récentes.

"- Imagine-les comme des coffres où j'enfouis mes chagrins" Elle rigola, baissa les yeux; des mèches tombèrent sur son visage, et elle souffla. "Tu en parles, je te les coupe.

- Hui" La jeune femme inclina sa tête, le laissant voir son incompréhension.

"- Je m'appelle Hui.

- M'en fous."

Elle tourna les talons, et dirigea ses pas vers la sortie, masque en main.

"- Essaie de les cacher, la prochaine fois; toi non plus, tu n'es pas discret."

Le blond voulut répondre, mais elle s'était déjà enfouie dans l'horde de femmes et d'hommes, dansants à en perdre haleine, satisfait d'avoir pu converser, et peut être mit de la joie dans la journée de cette étrange créature. Sur ce point, il n'avait pas faux. A son tour, il se libéra des quatre murs jaunis, et entama une marche rapide entre les fêtards, les bousculant sous des injures, dites plus ou moins fortes, toutes lui passant au dessus de la tête, tant il était concentré sur sa quête.

━ MASKSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant