Oliver Thomas, jeune docteur fraichement diplômé, décide de quitter Londres pour un petit village nommé Hopkins afin d'être auprès de sa tante gravement malade.
Expliquant tout par les faits et par la logique depuis la disparition inexpliquée de sa...
Le papier est froissé et jauni, probablement à cause de la forte humidité qui règne perpétuellement à Londres.
Cette atmosphère poisseuse m'a toujours dégouté au plus haut point.
Cela faisait une éternité que je n'avais pas été contacté par un membre de ma famille, et en particulier par mon cousin, William.
Je me souviens avoir vécu la majeure partie de mon enfance avec lui, sa présence m'avait toujours paru si naturelle que je croyais même qu'il s'agissait de mon grand frère, avant même de comprendre avec l'âge qu'il s'agissait du fils de ma tante.
Mais la vie change les gens, et la mort de maman nous a séparés.
Ma tante maternelle n'a pas su s'en remettre et a décidé avec William, de partir le plus loin possible de la ville où sa sœur avait disparu.
Assassinat? Enlèvement? Sa disparition est un mystère, comparable à la trame d'un roman d'Agatha Christie.
Malgré toutes ces années, penser à sa disparition me met encore dans tous mes états.
- Docteur? Vous allez bien?
La voix de Margareth, ma secrétaire, me ramène brutalement à la réalité.
- Oui, ça va. Merci Margareth, vous pouvez y aller.
Elle me dévisage, je vois bien dans son regard suspicieux qu'elle ne me croit pas.
Elle fait mine de rien et sort de la pièce, en fermant la porte avec douceur.
Je récupère la lettre que j'avais fait tomber à terre durant ma rêverie et me décide enfin à la lire.
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J'allume la cigarette que je venais de glisser entre mes lèvres et m'accorde une seconde lecture.
Une pléthore de sentiments se déchaine en moi à chaque fois que mes yeux se posent sur un mot de cette lettre, sans que je sache pourquoi.
J'ai toujours su contrôler mes émotions en temps normal, mais cette lettre me fait ressentir une grande mélancolie: je finis par tousser, ayant oublié d'expulser la fumée de ma gorge.
Au fur et à mesure que je consume cette cigarette, la pression sur mes poumons devient de plus en plus oppressante, comme si une force inconnue et lourde pesait sur ma cage thoracique.
J'aimerais refuser, néanmoins ma conscience me pousse à l'aider, comme si elle m'obligeait à renouer avec mon passé que je tentais désespérément de fuir depuis toutes ces années.
J'ai toujours su qu'un jour, il allait me rattraper: je suppose que ce jour est arrivé.
J'écrase instinctivement le mégot dans le cendrier posé sur le bord de mon bureau.
- Margareth! dis-je d'une voix rauque.
Je l'entends se lever d'un coup, comme si elle venait d'être réveillé par un bruit sourd.
- Oui Docteur? dit-elle en ouvrant la porte.
- Je vais m'absenter quelque temps. J'aimerais que tu prennes toutes les dispositions nécessaires pour que je ne sois pas dérangé durant mon voyage.
- Très bien... puis-je vous demander où vous allez?
- Je vais rendre visite à ma famille.
Ces mots résonnent dans ma tête: depuis que ma tante avait coupé les ponts avec mon père et moi, je n'avais plus considéré appartenir à une famille.
- Je ferai ce qui est nécessaire.
Elle claque la porte, visiblement exaspérée par la charge conséquente de travail que je venais de lui rajouter.
