Une Vie

Jilles

« Vous êtes ici pour parler Mademoiselle Davis. J'ai besoin de mieux comprendre la situation pour être capable de vous aider. On m'a demander de vos aider à surmonté un décès, mais vous refuser de me dire qui a perdu la vie.»

Je levai les yeux au ciel. Pensaient-ils réellement que m'envoyer voir un psychiatre allait tout changer ? Que j'allais redevenir « Moi-même » ? Redevenir « Normale » ? Cet homme ne pouvait pas ramener les morts, il ne m'étais donc aucune utilité. 

Le fameux docteur Marten était assez âgé et soufrait peu. Il avait des airs me rappelant une vieille tortue centenaire qui aurait tout vécu dans la vie et qi aujourd'hui était remplie de sagesse. C'était déjà la troisième séance que je passais assise dans son bureau, sur sa chaise en osier, et je refusais toujours de lui parler. Après tout, c'était une perte de temps, qu'allait-il bien pouvoir faire à part me prescrire des médicaments qui me donnerai l'illusion que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possible. Les seules informations qu'il avaient obtenue à mon sujet étaient que mon nom était Fae, que je ne souhaitais pas être ici et que mon chien était un Jack Russell.

« Alors, je vais parler et vous allez simplement hocher la tête comme si vous compreniez ? Je vais très bien, je ne vois pas pourquoi tout le monde s'inquiète pour moi. Je ne suis pas dépressive et je n'ai pas l'intention de mettre fin à mes jours. Cela vous va ?» Répondis-je sur un ton agressif.

« Je pense que votre entourage s'inquiète du aux derniers évènements qui sont survenus dans votre vie, ceux qui ont peut-être créer vos... » Il s'arrêta pour lire sur la fiche médicale à mon nom posée sur ses genoux, « Vos crises d'angoisses. »

Je ne savais pas quoi répondre, il n'avait pas tort.

« - Vous savez Mademoiselle Davis, je n'arriverai peut-être pas à vous comprendre mais peut-être que je peux vous aider à mieux vous comprendre vous-même. Parler ouvre des portes sur nos profonds intérieurs, sur les souvenirs cachés et enfouis,Déclara le vieil homme.

- Je n'ai rien vécu d'extraordinaire monsieur, rien pouvant faire le sujet d'une étude psychologique, pas plus que n'importe quel autre individu.

-Chaque cas est unique et à sa propre part d'extraordinaire, répondit le docteur convaincu de ce qu'il avançait.

- Je ne pense pas que mes problèmes successifs avec les hommes, la tentative de suicide de ma mère, la disparition de mon père, ma relation toxique avec ma meilleure amie ou encore mon angoisse face à la future soient si unique qu'ils en ont l'air. Tout le monde à ses propres problèmes, les miens n'ont rien de plus. Le décès de... le décès n'était qu'une goutte d'eau de plus dans une mer de problème »

Je crachai ces derniers mots d'une voix de glace presque tranchante. Aucune émotion accompagnait ma voix. Il resta silencieux face à ces aveux, ce qui jeta un froid glaciale dns la petite pièce blanche. C'était les premiers aveux que je faisais. Il me regardait dans les yeux, comme s'il attendait la suite.

« - Vous savez, Monsieur, si je devais vous raconter toute ma vie et les raisons qui m'ont conduite dans ce bureau, les raisons pour lesquelles je suis apparemment folle ou dingue, je ne serai même pas par où commencer,admis-je d'un ton plus doux.

-Commencer par la première chose qui vous vient en tête, le reste suivra, vous avez tout votre temps »

Je pris ma respiration et regarda la petite horloge jaune située dans le rejoins de la pièce. 11h48. Il restait donc encore une heure et douze minutes dans cette pièce. Prendre des rendez-vous psychologiques de deux heures était plus qu'inutile. Je restai silencieuse quelques secondes réfléchissant à ou j'allais commencer. Ce que j'allais bien pouvoir lui dire. Puis ce fut comme une évidence. Ce n'était pas l'évènement le plus ancien, mais c'était un des premiers à me marquer. J'allais lui raconté l'histoire de 8 personnes ayant marquée ma vie. Peut-être devenir-t-il laquelle a perdu la vie. Peut-être comprendra-t-il pourquoi je suis dans cet état.