Le coeur a ses raisons que la raison ignore.

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Cela fait six mois bientôt que je suis arrivée dans ce nouveau lycée, dans cette nouvelle ville. Au jour d'aujourd'hui, je suis bien intégrée : je connais la ville, le lycée, les profs, les élèves et j'ai aussi quelques bons amis. Une vie calme et heureuse en perspective, seulement une tâche d'ombre au tableau : je l'aime. Vous me direz : "Ho mais mon Dieu c'est horrible, tu as des sentiments!" d'un ton ironique et en effet, je comprends, ça peut paraître étrange de se plaindre d'aimer. Cependant, ils me font souffrir. Je sais, les sentiments peuvent aussi bien nous faire du mal que du bien. Je sais aussi que je ne suis pas à plaindre : je ne connais ni la guerre, ni la faim, ni la soif. Cependant, je ne peux m'empêcher d'être égoïste. J'aimerais tellement l'oublier, passer outre ma souffrance, mais je ne peux pas. Et pour cause, je le vois, lui parle, rigole avec lui et ce tous les jours. C'est dur, douloureux et pourtant, je ne peux me résoudre à l'oublier, à l'ignorer. Il est malheureusement indispensable à mon équilibre et...

- Angie!
- Salut Alex, comment ça va? Demandais-je en m'approchant de lui pour le serrer dans mes bras.

C'était notre petit rituel tous les matins : on se retrouvait devant le lycée dix minutes avant le début des cours pour commencer la journée ensemble. J'arrivais toujours avec cinq minutes d'avance, un miracle pour moi qui suis toujours en retard. Lorsqu'il arrivait, il clamait toujours mon prénom. Il avait une manière si particulière de le dire, prononcé par ses magnifiques lèvres, mon prénom avait quelque chose de plus... sexy? A la place de le prononcer [AndJ], ça donnais quelque chose comme : [NdJ]. Sans compter le fait que c'était ses belles lèvres pulpeuses qui le prononçait, ces lèvres que je rêvais sans cesse de goûter...

- Angie? Allo la lune, ici la Terre, Angie, tu m'écoutes ?
- Hein? Heu oui? Désolé, je ne suis pas très réveillée ce matin!
- Comme tous les matins!
-Haha oui...

Voilà à quoi ressemblait nos conversations du matin, j'aimais profiter de cet instant dans ses bras, je me sentais plus proche de son cœur. Nous nous dirigions en classe, et comme tout les jours, je faisait attention à ne pas être trop tactile. Je me contentais de l'observer lui et ses cheveux un peu rebelles, ses yeux malicieux, sa bouche si désirable... Si je m'écoutais je passerais mes journées, ma vie entière collée à ces lèvres.

- Léonouneeeet!

Arrivés en salle de classe Alexy fonça sur Léo, avec sa bonne humeur habituelle. Je les rejoignis plus tranquillement et alla m'effondrer sur ma chaise. Le matin c'est vraiment pas mon truc. Je regardais alors comme tout les matin Alex taquiner Léo et je ressentis comme toutes les fois un pincement au coeur. J'aimais Alexy et j'adorais Léo, seulement Alexy lui aimait Léo et m'adorait moi. Ce n'était pas une supposition, une idée ou un rêve. Il me l'avait dit. Il m'avait très clairement dit : « Tu sais Angie, je n'ai jamais autant été proche d'une personne que toi... et c'est pour ça qu'il faut que je te dise un truc qui me travail depuis un moment... Je crois que... que j'aime Léo. ». Bien sûr, je savais pour ses goûts, il ne s'en est jamais vraiment caché, si on le connaissait un tant soit peu, on le devinait facilement. Je savais aussi que je n'avais aucune chance. Mais l'entendre dire très clairement qu'il aime un garçon en particulier, ça rend tout de suite les choses plus réelles et ça ne laisse plus aucun espoir... Alors je me demande pourquoi, pourquoi mon coeur bat comme ça.

A Sens unique, c'est impossible.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant