Possibilité

Prologue

La pluie tombe bruyamment sur la pelouse. Mon regard vide est fixé sur la tombe présente devant moi. Je ne pense pas, je ne pleure pas, je ne ressens pas. Je ne sais pas quoi dire ou quoi faire devant cette plaque de pierre qui ne représente pas ce qu'il était. 

Son visage me vient en mémoire et mon cœur se serre si fortement que j'ai l'impression de m'évanouir. Mes jambes me lâchent et je me retrouve boueuse. À genoux devant sa tombe. Mon amour, je ne comprends pas. Où es tu ? Pourquoi tu n'es pas à mes côtés ? Que s'est-il passé ? Je refuse de croire que tu n'es plus là. Mon amour j'ai besoin de tes bras. Tout de suite. Tu es où ? Bordel tu me manques, où es tu ? Tu es en retard, tu es où, pourquoi ? Pourquoi tu n'es pas là avec moi ? Pourquoi je suis devant cette chose où ton nom y est écrit ? Les larmes se mélangent à la pluie et les sanglots ne tardent pas à arriver. Micke, tu es où ? J'ai froid, j'ai peur, je tremble sans toi. T'es où bordel ? Micke, mon amour, Micke. Je ne suis rien sans toi, reviens moi Micke. Micke reviens moi, juste reviens moi. Je te promets tout ce qu'il te plaira mais Micke, reviens. Je ne suis rien sans toi, Micke, bordel, je t'aime, bordel tu ne peux pas être parti, bordel, reviens, Micke !

***

"Elle n'a pas mangé depuis trois jours... Je te jure Mélanie, je ne sais plus quoi faire... J'ai peur pour Rosie..."

Mes paupières se lèvent lentement tandis que j'essaie de comprendre où je suis. L'odeur est la première des choses qui me fait penser à l'hospital. Le lit où je suis posé, les draps, mon accoutrement, les fils reliés à mon bras gauche et tout ce matériel médical me font frémir de dégoût. Je vois ma mère qui discute avec ma soeur, de deux ans mon aîné, sur un siège. J'essaie de comprendre pourquoi je suis ici mais je ne comprends pas. Je me souviens juste que j'étais allée me promener et qu'il pleuvait. J'allais voir la... Micke. Non. Oui je me rappelle. Je ne veux pas me rappeler, je... Micke. "Je veux voir Micke" dis-je en me relevant. Mes yeux se fixent sur le mur devant moi et je ne sais de nouveau plus quoi faire. Je suis perdue.

"Ma chérie..." souffle maman en me prenant dans ses bras.

Je suis incapable de répondre à son étreinte et je ne m'en sens même pas désolé. Je ne ressens rien à part du vide. Un énorme vide en moi qui me tue de l'intérieur. 

"Rosie, ça va ?". C'est la voix de Mélanie, je ne tourne pas la tête vers elle.

"Je veux voir Micke" est la seule chose qui sort de ma bouche pour la seconde fois.

"Rosie... Tu sais... Il faut que tu te reposes, Micke n'aurait pas voulu que tu te mettes dans cet état."

J'entends maman pleurer tandis que Mélanie me caresse le bras. Elle me parle mais je n'entends pas. Du moins, je n'écoute pas. J'en suis incapable. Je veux voir Micke.

***

"Bonjour Rosie, comment ça va ma chérie ?". Ma maman vient de pénétrer dans ma chambre d'hôpital et elle a un timide sourire. Elle me rendait visite tous les jours ; cela fait deux semaines que je suis cloîtré dans cette chambre déprimante. Son regard se pose directement sur le plateau repas pour inspecter si les assiettes sont vide. C'était devenu son rituel depuis que je suis ici et son sourire s'agrandit après avoir constaté que je m'étais alimenté. Oui maman, si je mange c'est pour sortir d'ici. Et malheureusement non, je ne le fais ni pour moi, ni pour toi. Je suis désolée maman, tu sais que j'ai besoin de retourner chez lui. J'ai besoin de lui, il me manque. 

Elle s'installe près de moi et m'annonce que je vais pouvoir sortir d'ici. "Quand ?", je demande à la hâte. Je vais pouvoir retourner chez lui, je vais pouvoir sentir son odeur à nouveau. Micke. "Dans la soirée ma puce" me répond maman. Sans réfléchir plus, je me défais de mes couvertures, sors du lit et me précipite vers mes affaires. Je vais pouvoir retourner auprès de lui. Micke, je vais pouvoir sentir ton odeur bordel. Tu me manques, si tu savais. Mon amour...