III - Béryl : Les vies éphémères

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- Là, ma belle. Voilà un peu d'eau pour toi.
Ma mère a toujours trouvé étrange que je m'efforce de parler un tant soit peu à mes fleurs, alors que je suis en général une fille plutôt silencieuse. Pour elle, ce ne sont que de stupides plantes, qui ne servent qu'à être belles, qui ne sont vivantes que le temps de grandir, avant de mourir pour servir en bouquets aux dames, ou en décoctions pour les malades. Évidemment, je ne vois pas les choses comme elle. Je m'efforce d'apporter un peu d'amour à toutes les formes de vie que je peux croiser autour de moi, animales, végétales ou même humaines. Mais étrangement, bien que les vies humaines devraient m'être plus intéressantes, ce sont les végétales que j'affectionne le plus. Ces vies éphémères, pacifiques et d'une beauté incontestable. Si elles n'ont pas besoin de moi directement, mais plutôt de ce que je leur apporte en soins, j'ai de mon côté besoin d'elles. De leur calme, et de ce qu'elles représentent. De la bouffée d'oxygène qu'elles m'offrent, moi qui en manque cruellement.
Je lisse du bout des doigts, affectueusement, les pétales d'une des pivoines blanches que je viens d'arroser. Je lève la tête pour regarder le ciel jaune et rose de ce matin, et prends une grande inspiration. Je parcours du regard le jardin qui s'éveille sous la rosée. Tout est d'or et de rouge. Le soleil miroite sur les gouttes s'accrochant aux tiges et aux feuilles. L'astre s'est infiltré partout. Entre les arbres, il s'est frayé un chemin en raies de lumière, qui viennent éclairer les parterres de violettes plantées à l'ombre; leurs têtes pointent vers le soleil, quémandant un peu plus la vie qu'il leur apporte.
La journée risque d'être longue, chaude et éprouvante ; il va falloir que je trouve un moyen d'échapper à ce soleil ardent le plus tôt possible, pour que ma peau, de son maudit blanc diaphane, ne me brûle pas ce soir ; et aussi que je m'occupe du grand nombre de bouquets que j'ai à faire pour père et pour la boutique demain, que je prévienne ma sœur que je ne pourrais pas venir en balade avec elle pour sa promenade du matin, et que je fasse l'ourlet de ma robe bleue, et aussi que...
Mes pensées sont interrompues par mère qui me hurle dessus depuis la maison. Elle se tient dans l'encadrement de la porte, une main sur la hanche l'autre tenant un panier de vêtement sales. Ses sourcils sont froncés, et ses yeux plissés à cause du soleil.
- Béryl ! Qu'est ce que tu fais dehors ? Ce n'est pas le moment de t'occuper de tes plantes. Nous partons dans l'heure ! Viens vite te préparer !
D'un geste du bras, elle m'encourage à venir le plus vite possible, et rentre dans la maison en laissant la porte ouverte derrière elle. Posant mon arrosoir à côté du pot, je jette un dernier coup d'œil au ciel rose, soulève mes jupes sales, et me met à courir jusqu'à la maison.
Mère m'y attends dans l'entrée, et m'attrape par le bras dès que je passe la porte, pour me traîner de force jusqu'à ma chambre, où je trouve une bassine d'eau. Je m'y glisse sans broncher, laissant mes vêtements aux pieds de mon lit, et écoutant ma mère me faire la morale, tandis qu'elle attrape une brosse sur ma commode.
- Pour une fois que je ne suis pas à la boutique à travailler avec ton père ! Je fais ça pour toi, tu sais. Pour que tu sois bien dotée ma fille. Peu de femmes font ce que je fais... c'est très mal vu, et tu le sais. Mais je le fais quand même pour que tu te retrouves dans une bonne situation. Tu devrais en avoir conscience.
Et j'en ai parfaitement conscience. Mes parents ne sont issus, ni l'un ni l'autre, d'une famille un tant soit peu aisée. Les parents de mon père étaient de simples fleuristes et il n'a fait que reprendre leur affaire. Quant à ma mère, elle, a perdu son père à huit ans d'une foudroyante crise cardiaque, elle est allée vivre avec ma grand-mère chez le jeune frère de celle-ci, alors épicier, pour l'aider à élever ses trois enfants. Cependant, depuis que sa fille aînée vit au côté de gens fréquentant la « gentry », ma mère croit elle-même que nous en faisons partie. Elle nous impose, à moi et à mon père, des codes, une gestuelle et des manières plus futiles les unes que les autres pour des gens aussi simples que nous. Et même si mon père ne supporte des fois pas ses obsessions pour les produits bien trop luxueux pour son petit revenu, il ne cherche pas non plus à l'en dissuader, aimant la voir s'épanouir dans ses idéaux, aussi infondés qu'ils puissent l'être. Et il me demande d'en faire autant.
Une femme mariée n'est pas censée travailler, sauf cas exceptionnel ; alors je sais pertinemment que ma mère enfreint des règles de la bonne société en faisant ça.
Mais nous ne sommes pas de ces gens là, malgré ce qu'elle s'acharne à penser.
Nous sommes des gens normaux, presque médiocres, et dans ce cas, il n'y a aucun mal à ce qu'une femme aide son époux lors de son travail. Le boucher est aidé de la bouchère, le boulanger de sa boulangère, et le fleuriste de sa femme. D'autant plus que selon elle, c'est uniquement pour moi qu'elle travaille : parce qu'ils n'arrivent pas à me trouver un époux convenable, alors qu'ils ont réussi pour ma sœur ; qui a maintenant atteint une condition plus favorable, et pas parce que les temps sont durs, ce que toute personne normale dirait. Mais au-delà de l'argent, ma sœur possède des qualités que je n'ai pas, et qui lui ont permis de faire un mariage d'amour, lui évitant alors toutes les galères par lesquelles ma mère me fait passer pour que je trouve un fiancé. Une femme célibataire et fortunée est respectable ; mais quand il s'agit d'une femme de famille médiocre, c'est misérable.
- Comprends alors pourquoi, quand je peux passer un peu de temps avec vous, je souhaite que les choses se passent bien, surtout dans un jour comme aujourd'hui... Je m'étonne, du reste, de t'avoir trouvée dehors ainsi, alors que tu sais combien cela me tient à cœur, me dit-elle en commençant à me brosser les cheveux, brossant un peu plus fort à chaque reproche qu'elle me fait.
Je ferme les yeux, frotte d'une main mon bras avec le savon, et essaie de profiter de la sensation plus ou moins agréable des picots de la brosse contre mon crâne. « Un jour comme aujourd'hui » ; en disant ça elle fait référence à une de nos rares sorties familiales chez les Carl, aujourd'hui à l'occasion de l'anniversaire de ma nièce, Lottie, pour fêter ses trois ans. Nous sommes invités en tant que belle-famille, ma sœur Lane ayant épousé Arthur Carl, il y a maintenant cinq ans. Je m'entends particulièrement bien avec Gemma Tanner, la grande-sœur d'Arthur ; bien qu'elle soit de dix ans mon aînée. Son esprit ouvert en est la cause. Mais au-delà de cette entente, je sais que le repas va être particulièrement long, et pénible, leurs discutions politiques ou autres d'adultes ne m'intéressant guère car ils me considèrent encore comme une enfant. Et c'est avec ça qu'on veut que je trouve un époux ?
Mère me fait lever, et déverse sur moi une bassine d'eau froide. Selon elle, cela rendrait ferme le corps et l'esprit. Je retiens ma respiration pour faire passer le choc thermique et sors rapidement du bain. J'obéis sans discuter aux ordres dont ma mère m'assomme, et la laisse choisir la toilette qu'elle juge bon de m'attribuer. Elle attrape une de mes robes du dimanche, rose pâle avec un col blanc délicatement brodé, qui gratte autant qu'une vieille couverture.
Commence donc l'enfilage de bas, puis des chaussures et de la sous-jupe pardessus ma chemise, et vient le moment du corset dont les baleines seyantes mordent ma peau dés que je bouge.
- Tu as grossi, ma fille, me dit-elle en tirant sur les lacets pour le serrer d'avantage.
Je tousse, serre les dents et entre deux inspirations, lui dit :
- Non, j'ai grandi. Ce corset doit bien avoir quatre ans, et j'en ai dix-huit.
- Et tu devrais être mariée depuis bien longtemps ! Tourne toi, fait d'avantage ressortir ta poitrine.
- Nous allons chez les Carl, pas me trouver un époux à un bal !
- Béryl, fait ce que je te dis !
Et tandis que je m'exécute, elle attrape mes poches, recousues maintes fois et ne ressemblant à rien d'autre aujourd'hui qu'à deux larges torchons pendant de chaque côtés de mes hanches. Heureusement pour moi, j'en ai vidé le contenu hier, craignant qu'elle vienne à jeter les caramels que j'ai marchandé chez l'apothicaire, sous prétexte que je vais grossir.
Puis vient le coussin qui créer mes hanches, et les jupons. Comme nous n'avons pas les moyens de posséder une crinoline, ces cages dotées de cerceaux en os de baleine formant une sous-jupe, elle me fait porter une superposition de jupons et ce coussin bien trop lourd pour donner du volume à la robe. Avec, je ne peux ni courir, ni m'asseoir confortablement. Je préférais mille fois une cage, car elle sont si facilement pliables. J'enfile une chemise courte par dessus mon corset, dont le coude est troué à force de m'appuyer sur le comptoir du magasin. Viennent enfin la jupe rose, si fanée qu'on dirait qu'elle va s'effeuiller comme un vieux pétale si on la touche de trop, et le corselet tout aussi miteux, avec cependant sa jolie dentelle qui fait bonne figure même dans les plus mauvais jours.
Quand elle termine enfin, elle s'attaque à ma coiffure. Mes raides cheveux châtains, qui selon moi sont les plus ternes d'Angleterre, sont une calamité à partir du moment où il faut les coiffer ; elle fait alors dans la simplicité, séparant ma chevelure en deux parties distinctes, tressant l'une puis l'autre, avant de former un chignon avec les deux tresses. J'en profite discrètement pour me pincer les joues et me mordre les lèvres, donnant alors des couleurs à mon visage. Je ne prends pas la peine de me regarder dans le miroir, sachant pertinemment ce que je vais y trouver. Deux yeux un peu trop grands pour mon visage, un petit nez en trompette, des lèvres boudeuses, une mine d'enfant, et quelques taches de rousseur sur une peau trop blanche. À voir ma mère et ma sœur, on peut se demander si je suis bien de leur famille, elles qui sont rousses à en faire pâlir un écossais, et dotés de traits féminins et matures, bien loin des miens.
A peine suis-je prête que nous partons. Père a dû apprêter la barouche pendant que mère me préparait, car il nous attend à la place conducteur. Par chance, elle me laisse lire la suite de mon roman durant notre course, et je ne vois pas le temps passer. Nous possédons peu de livres, mais une fois par mois, quand je vais faire le marché avec Lane en ville, j'ai l'occasion d'y acheter un roman ou deux, de quoi m'instruire et m'évader à la fois. Si ma mère voudrait que je lise des histoires plus rationnelles, j'ai une prédilection pour les romans d'amour, et en particulier ceux qui sont réputés pour choquer. J'aime imaginer qu'il puisse à moi aussi arriver un pareil conte de fée, rencontrant un jour un homme pour lequel j'aurais des sentiments dès le premier regard, peu importe sa condition, et que ces derniers seraient réciproques. Je rêve d'un mariage d'amour, pas d'un arrangement : le plus stupide rêve qu'une jeune femme de ma condition puisse faire, j'en ai conscience.
Ma sœur me dit souvent que je suis très fleur bleue en ce qui concerne mes relations avec les hommes. Qu'ils ne sont pas comme ceux que l'on trouve dans les romans, et que je ne devrais pas me faire trop d'illusions ; que tout n'est pas doux et rose. Mais ce qu'elle ne sait pas, c'est qu'il n'y a pas que la question de l'homme idéal qui m'intéresse dans ces romans. C'est la conquête, comment un homme peut prendre possession du cœur d'une femme et inversement. Il y a le rapport charnel qui m'intrigue également ; bien qu'il soit inavouable pour une jeune fille de se poser des questions sur les plaisirs du corps. Pour autant, ça ne m'empêche pas de me poser mille interrogations sur ce monde parfaitement inconnu, simple acte qui régit le monde de façon presque aussi irrévocable que l'argent le fait.
Le trajet jusqu'à la demeure des Carl est plutôt court, et dans la demi-heure, nous sommes arrivés. Je suis encore dans la voiture en train de lire lorsque mère, descendue, me secoue en tirant sur ma robe pour me sortir de mes rêveries et me rappeler à l'ordre.
- Nous sommes les derniers Béryl, dépêche-toi donc ! Et soulève bien ta robe pour ne pas crotter ta jupe, la terre est humide.
A ses côtés, mon père me sourit discrètement, pour me dire que malgré les inquiétudes de ma mère : rien ne presse. Il me tend une main pour m'aider à descendre, ce que je fais avec autant de grâce qu'un veau nouveau-né, et ce qui a le don de faire soupirer ma mère si fort qu'on doit l'entendre de la maison. Je frotte les plis de ma jupe de quelques revers de main, pour qu'elle se défroisse, en vain. Le vieux tissu est décrépit et a beaucoup trop vécu pour prendre un autre pli que celui auquel il est habitué. Je vais devoir m'en contenter. Père semble avoir remarqué cela, car il s'empresse de me dire :
- Ne t'en fait fais pas, tu es très belle.
Mais ma mère le rappelle vite à l'ordre.
- Georges ! Dépêchons !
Ma relation avec mon père est particulière. Il est le seul homme que je connaisse vraiment, et avec qui je sois proche. Je n'ai que très peu d'individus masculins dans mon entourage, si ce n'est quelques cousins, lui et mon beau-frère. Notre passion commune pour les fleurs et les ornements floraux, fait que nous passons beaucoup de temps ensemble, et qu'une vraie complicité s'est créée entre nous depuis mon enfance. Mon père est un homme simple, tout comme ses bouquets. Il ne s'encombre jamais d'extravagances morales ou physiques, aime les choses telles qu'elles sont naturellement, et a la patience d'apprécier les choses correctement faites plutôt que rapidement exécutées. Contrairement à mon beau-frère, Arthur, qui se trouve être un homme impatient et superficiel, mais qui reste tout même fort gentil et attentionné. Le voilà d'ailleurs qui vient vers nous.
- Bonjour ! Avez-vous fait bonne route ?
Il baise la main de mère, serre celle de mon père, et s'attaque à moi en dernier, m'adressant au passage quelques compliments pour la forme :
- Vous êtes ravissante Miss. Winters, un bonheur pour les yeux !, me dit-il en m'attrapant par le bras pour m'escorter jusqu'à la maison, tandis que mes parents suivent quelques pas derrière.
Ne te fatigue pas, je sais que je ne rivalise en rien avec Lane. J'ai beau apprécier Arthur, cette proximité me dérange. Mais toute proximité avec une personne du sexe opposé m'est dérangeante, alors je n'en fais pas une histoire. Nous marchons silencieusement mais de bon train jusqu'à la maison. Il me tient la porte pour entrer, et j'ai à peine le temps de faire trois pas dans le vestibule qu'une petite tête bouclée et rousse me saute dessus en hurlant :
- TANTE BÉRYL ! TANTE BÉRYL !
L'enfant me saute littéralement dans les bras, s'accrochant à moi de toutes ses forces, si bien que j'entends ma mère déglutir derrière moi. Lottie est grande et lourde pour son age, elle me fait presque basculer, mais je la retiens et me met à rire. Derrière elle, ma sœur arrive en pestant :
- Lottie, et les bonnes manières bon-sang ! On ne saute pas dans les bras des gens ainsi ! Mon dieu, ma pauvre enfant, pour quoi vais-je passer si tu contin...
Je souris en regardant l'une, puis l'autre et serre à mon tour fort Lottie dans mes bras. Je frotte mon nez contre le sien, ce qui a le mérite de la faire rire à nouveau, puis dis doucement à Lane :
- Ce n'est pas grave, cela ne me dérange pas, tu sais...
- Là n'est pas la question Béryl, il faut qu'elle apprenne, me dit-elle en me prenant sa fille des bras pour la poser à terre.
Quand on voit quelle enfant magnifique est Lottie, on peut admettre une qualité à Arthur, c'est qu'il maîtrise parfaitement l'art de la Callipédie, celui de faire de beaux enfants . La demoiselle ne met pas deux secondes pour repartir en trottant vers le salon dès que ses petits souliers touchent le sol, oubliant rapidement l'extase qui l'a submergée en me voyant. J'entreprends alors de retirer mon manteau et mon chapeau, que je remets au majordome.
- Passons, reprend-t-elle. Comment vas-tu ?
- Bien, si on passe au-dessus du fait que mère n'a pas cessé de me rabâcher l'importance de me marier depuis hier. Je ne sais pas si c'est l'annonce de la rencontre entre la fille aînée du Duc et de son fiancé, dont tout le monde parle en ce moment qui lui est montée à la tête, mais c'est harassant.
- Oui, je vois, j'ai connu ça avant toi, me dit elle en chuchotant. Suis moi, je vais te présenter au reste des invités, même si tu en connais déjà la majorité, ajoute-t-elle en passant son bras sous le mien et en nous dirigeant vers le petit salon.
La première personne à venir me saluer se trouve être la mère d'Arthur, Mrs. Jane Carl ; une femme des plus distinguées, portant toujours beaucoup de bagues aux doigts, plus grosses les unes que les autres et aimant les robes très colorées alors que la mode est au sombre et au sobre, mettant si possible ses rondeurs en valeur. Elle porte aujourd'hui une robe rouge et a relevé ses cheveux noirs en un chignon complexe qui me fait me poser des questions sur le temps qu'a bien pu mettre sa bonne pour le constituer et sur le nombre d'épingles qu'elle a dû planter dans son crâne. En me prenant dans ses bras, je remarque qu'elle empeste le parfum, tellement fort qu'elle me donne presque des vapeurs, si bien que j'en viens à éternuer. J'ai tout juste le temps de mettre ma main devant ma bouche et de m'excuser comme une enfant devant son visage surpris et quelque peu choqué, comme si je venais de lui faire un affront. Je lui explique alors en mentant que cela vient des fleurs disposées dans la salle, et elle se met à rire, d'un rire forcé, me disant à quel point c'est un comble d'être allergique au pollen quand on est fille de fleuriste ; en profitant donc au passage pour me remettre à ma place.
Les autres invités me regardent avec les yeux ronds, mais je ne relève pas sa remarque et vais saluer Miss Gemma qui m'accueille à bras ouverts. Cette femme est une réelle bouffée d'oxygène dans la pièce, plus fraîche encore que les roses posées sur la table basse, et tout aussi rayonnante. Elle m'emmène rapidement saluer sa tante Martha et son époux Arty, qui est un lointain cousin de ma mère, par alliance je crois, et qui a d'ailleurs sans le vouloir, œuvré dans la rencontre entre Lane et Arthur. Comme à leur habitude, les Tanner sont tout ce qu'il y a de plus charmant, m'accueillant avec des sourires et des compliments qui n'en n'ont pas que la forme. En me voyant, ils regardent soudainement autour d'eux comme cherchant quelque chose ou quelqu'un, mais n'en disent pas mot. Je me surprends alors à faire de même, essayant de deviner ce qu'ils peuvent bien chercher.
Gemma me sourit, et nous dirige alors dans un coin de la pièce pour discuter, attrapant au passage un verre de vin et un toast de jambon, qu'elle me tend avant de se servir. Tout en avalant un peu de vin, elle me dit :
- Qu'as tu à me raconter ? Nous ne sommes pas envoyées de lettre depuis trop longtemps à mon goût !
- La vie à la maison est longue et calme, tu sais, lui dis-je. Contrairement aux tiens Gemma, mes parents travaillent, alors quand je ne les aide pas à la boutique, je reste seule à la maison et je m'occupe comme je peux. La dernière obsession de ma mère est la broderie, alors je m'amuse à broder ses robes. Mais, comme tu le sais, je préfères m'occuper du jardin. Et toi ?
Je bois une gorgée de vin, et tente de ne pas grimacer, bien que trouvant le liquide acre et amer. Cependant, si Gemma remarque quelque chose, elle n'en dit rien.
- Je suis invitée à Londres par Miss. Louisa Chester le mois prochain, ça fait un long voyage mais je compte bien y aller pour pouvoir revenir lorsque la saison commencera...
Je vois sur son visage qu'elle est plus qu'enthousiaste à cette idée. Pour moi, Londres n'est qu'un nom, un mot pour une chose qui sonne à mes oreilles comme une consonance lointaine, un pays lointain, bien loin et bien différent de tout ce que je connais. Comme si tout à Londres était plus beau, plus riche, et plus vivant à la fois ; et l'idée de voir mon amie y partir m'attriste, car je ne peux qu'envisager à quel point je vais être encore plus seule que je ne le suis déjà.
A l'autre bout de la salle, Lane me sort de mes pensées en annonçant qu'il est temps de passer à table. Tous les convives posent un à un leurs verres, essuient leurs bouches avec coquetterie et se dirigent vers la pièce mitoyenne, la salle à manger. Nous nous disposons tous aux places attribuées autour de la grande table en bois, et les discutions, coupées par l'intervention de ma sœur, reprennent de bon train. Cependant, coincée entre mes parents, je n'ai personne à qui parler, et je m'occupe donc en regardant le parc par la fenêtre en face de moi.
Les terres verdoyantes qui entourent Parm Hall sont si agréables et dotées de si nombreux spécimens de plantes, que je vais devoir résister pour ne pas faire un caprice à ma sœur pour pouvoir aller m'y balader. Sans compter sur sa magnifique serre à rosiers. Je reste environ une minute fixée sur le grand magnolia rose qui s'agite au grès du vent derrière la fenêtre, avant de me rendre compte que si j'ai une si jolie vue, c'est parce que la chaise en face de la mienne est vide. Je jette un coup d'œil à Lane et lui fait comprendre du regard qu'elle s'est trompée quelque part dans son plan de table, mais elle fronce les sourcils et secoue la tête avant de reprendre sa conversation avec sa belle-mère à propos de l'éducation de Lottie. Je cherche dans le regard d'un autre convive le même questionnement que le mien, mais ne trouve rien de cela. Si ce n'est ma nièce qui se précipite à son tour à la fenêtre, debout sur la pointe des pieds pour pouvoir voir quelque chose. Elle dit doucement, tandis que sa mère la prend et la confie au majordome pour qu'il l'amène à sa nourrice :
- Le Monsieur revient.
Quelques murmures et bruits de toux résonnent dans la pièce, sans que je ne puisse comprendre qui est ce « Monsieur ». Est-ce la personne manquante à la table ? Et pourquoi s'il revient, était-il parti ?
La réponse ne se fait pas attendre, elle vient avec l'homme que j'entends entrer dans la maison, derrière lequel on claque la porte, et dont le majordome, avec toute sa diplomatie, annonce le retour en revenant dans la pièce, ce dernier sur les talons. Le nouvel arrivant s'excuse vainement tandis que les regards se tournent tour à tour vers lui et vers moi, tantôt accusateurs, tantôt compatissants. Il ne semble absolument pas gêné par son retard et son manque de diplomatie. Cette insolence me surprends et m'intrigue : qui est-il pour se permettre un tel affront à ses hôtes ? Je ne l'ai jamais vu avant, que fait-il donc là ?
Il vient s'asseoir à table et se place devant moi. Sur ce, mon beau-frère prend la parole :
- Mr. Tanner, pour vous excuser de nous avoir privé un temps de votre charmante compagnie, voudriez vous réciter le bénédicité ?
Le jeune Monsieur en question s'exécute sans poser de questions, suivit par tous les autres convives, moi y compris :
- Bénissez-nous, Seigneur...
Et tandis que tous ferment les yeux pour se concentrer sur les paroles prononcés par la voix rauque et ferme de Mr. Tanner, j'ouvre les miens pour observer celui qui attise ma curiosité. Cet homme n'est pas un homme commun, il me rappel tout de ces hommes qu'on trouve dans les romans, je ne peux donc pas ne pas en profiter. Ce petit écart de conduite fait palpiter un peu plus vite mon cœur, mais je sais qu'il me sera pardonné au confessionnal dimanche, alors je ne me soucie pas trop de ce mince péché. Je tente de capturer par mes simples yeux, les détails du corps de l'hôte en face de moi, avant qu'il ne finisse sa phrase. Par chance ses mots sont lents. J'observe en premier temps ses mains, larges, noueuses et puissantes, semblables à celles des hommes de mes lectures : de celles qui ont toujours parfaitement leur place au creux des reins de l'héroïne, comme si elles y avaient étés sculptées. Je me risque à imaginer de telles mains sur mon corps, et un frisson me parcourt l'échine si brusquement que je ne peux faire autrement que de détacher mes yeux de ses doigts. A son annulaire gauche, il porte une étrange chevalière, mais je n'arrive pas à distinguer ce qu'elle représente. Je passe alors à son visage ; il est plus vieux que le mien de quelques années, mais certainement moins de cinq ans ne nous séparent. Ses traits sont affirmés, francs et sincères, laissant imaginer une âme tout aussi affranchie. Sous ses paupières, ses yeux bougent. Je me risque à imaginer leur couleur : un brun sombre, ou bien un bleu azur...
Un gris fade. Les yeux grands ouverts, ses iris couleur d'un ciel pluvieux dirigées vers moi, il termine sa phrase :
- ... Ainsi soit-il !
Tout le petit monde ré-ouvre les yeux, mais Mr. Tanner et moi même restons quelques instants suspendus les yeux dans les yeux, mes joues s'empourprant de rouge et son regard devenant de plus en plus interrogateur. Je peux lire là qu'il se demande qui je suis, mais que, comme nous n'avons pas étés présentés, il ne peut m'adresser la parole ; et je ne peux faire de même. Nous continuons alors notre questionnement silencieux jusqu'à ce que le ballet des serveurs nous interrompe. Il à tout du personnage de roman type : son physique, sans lui être un défaut, est à son avantage et pourtant il n'y a pas de quoi s'extasier dessus non plus. Il fait également une entrée improbable, qui marque les esprits. C'est un être qui semble particulier, et que je n'arrive pas du-tout à cerner. Ce qui m'intrigue encore plus.
Les pains se rompent, on annonce du bouillon de faisan en entrée, les lèvres sont trempées dans le vin, et les conversations reprennent de bon train. Mr. Tanner, aussi discret qu'il est possible de l'être, me surprend alors en mangeant des quantités pharaoniques de nourriture, comme si chez lui, cette dernière était rationnée. Et alors je l'observe avec attention, lui, regarde avec la même ferveur les plats disposés devant sa personne, avide d'en savoir plus à leurs propos ; tout comme c'est mon cas en ce qui le concerne.
Son oncle, ayant terminé, prend la parole :
- Que diriez vous d'aller nous balader dans le parc de Parm Hall après le déjeuner ? Enfin, si la maîtresse de maison est de cet avis évidemment, mais les lieux sont si charmants !
Je réprime un sourire, bien qu'il soit évident pour qui me connaît un tant soit peu que l'idée m'enchante au plus au point. Pour tout dire, tout ce qui concerne les plantes m'enchante.
- Quelle bonne idée en effet, dit Miss. Gemma exprimant à ma place mon enthousiasme, me sachant trop timide pour le faire. Quoi de mieux pour faire passer un si bon repas que de se promener en allant admirer les merveilles du domaine ! Et puis, Lottie aurait l'occasion de s'amuser elle aussi ! Après tout, c'est son anniversaire.
- Je suis totalement de cet avis, répond ma sœur avec beaucoup d'entrain. Et toi, Béryl ?
D'une petite voix, je réponds :
- Tu connais ma passion pour la nature et pour les fleurs....
- C'est drôle Arty, mais j'ai moi même aussi toujours aimé la nature, quelle bonne idée tu as eu, dit Mr. Tanner en me regardant, m'adressant là ses propos, ce qui me fait par la même occasion remarquer l'accent écossais de sa voix, et une pointe de sarcasme qui semble adressée à son oncle.
- Heureux de te faire plaisir par la même occasion, Isaac, répond Arty d'un ton bienveillant.
- Oui, ajoute-il, je serais parfaitement heureux de faire la découverte de nouveaux spécimens.
Je me demande si je comprends vraiment ce que j'entends. Parle-t-il de moi ? Suis-je... un spécimen ? Ses yeux, qui n'ont plus grand-chose du gris morne à mesure qu'il parle, devenant plus sombres, s'attardent si intensément sur moi que je suis surprise que les autres ne le remarquent pas. Je regrette soudainement mon intérêt pour cet individu, je ne veux pas qu'il se fasse d'idées et que j'en pâtisse par la suite. Lane ajoute cependant, comme si elle était dans la confidence du petit jeu en train de se dérouler :
- Vous ne risquez pas d'être déçu, très cher, même les plus singulières plantes ont toujours des atouts et des qualités non négligeables, n'est-ce pas Béryl ?
Il y a un ton de défi dans la voix de ma sœur, presque imperceptible, mais je viens quand même à me demander pourquoi. Que se trame-t-il que je n'ai pas compris ? Qui est ce jeune homme et pourquoi est-il là au juste ?
Mr. Tanner se réajuste dans sa chaise et tout en mâchant un morceau de pain, lance un regard complice à son oncle. Ce dernier, se redresse alors et confus, dit :
- Oh mais veuillez me pardonner, j'ai manqué à mes devoirs : Monsieur, Madame et Miss Winters, je vous présente Isaac Tanner, mon neveu.
- Bien, maintenant que les présentations sont faites, nous pouvons pleinement profiter de ce repas, dit Isaac en me toisant.
Je ne répond rien, et lui rend son regard.
Il est aussi déplaisant que le Mr. Darcy de Jane Austen au premier abord, mais je ne crois pas qu'il puisse cacher une attitude bien plus distinguée. Ou peut-être devrais-je arrêter de comparer les hommes de la vraie vie à ceux de fiction ? Si nous avons besoin d'écrire et de lire à propos d'hommes particuliers, sortant de l'ordinaire et nous faisant rêver, c'est peut-être parce que les hommes de la réalité n'ont rien de bien fascinant ?
Toute fois, son regard est particulier, et semble dire mille choses à la fois. Le mot exacte est : perturbant. Comme s'il avait déjà tout vécu et tout vu, en gardant pourtant une sorte de méfiance sur ce monde, celle qu'ont les enfants lorsqu'ils sont mi-intrigués mi-effrayés par une chose qu'ils ne connaissent pas encore.
Moi qui cherchait le regard de cet homme quelques minutes plus tôt, je lui en veux de maintenant s'attarder ainsi sur moi, me dévisageant si violemment que cela me fait presque me sentir nue sous ses yeux.
Mon père me rappel à l'ordre en posant doucement sa main sur la mienne, comme pour m'intimer de revenir à la réalité. Je regarde alors autour de moi, mais personne sauf lui ne semble avoir remarqué le comportement de Mr. Tanner et le mien. Je termine mon repas sans dire un mot et en évitant tout contact de toute sorte avec l'hôte face à moi, et Mr. Tanner ayant certainement remarqué ma gêne, me laisse en paix.
Cependant, le répit ne dure qu'un temps.
Après la fin du repas, nous partons tous en promenade comme prévu. Ma tenue n'est pas du tout adaptée à la marche, mais je met un point d'honneur à sortir avant tout le monde et à entamer la balade avec un peu d'avance, de quoi les distancer de façon raisonnable, faignant de vouloir aller observer la serre, mais ayant surtout besoin d'air frais. Pour mon plus grand bonheur, personne ne fait de remarque sur mon manque de distinction en faisant cela, mais tous doivent penser que c'est ma passion pour les plantes qui me donne cette attitude. Et puis, Mr. Tanner nous à également fait une entorse à l'étiquette ce matin, donc une de plus ou une de moins ! Même Gemma reste à discuter avec ma sœur alors que je comptait sur elle pour m'accompagner. C'est donc seule que j'entre dans la serre de Parm Hall, la jupe crottée à en faire hurler ma mère pour des décennies, mais avec de l'avance et de la tranquillité devant moi.
L'endroit est d'une beauté telle que j'ai beau l'avoir déjà visité plusieurs fois, je ne m'habitue pas ce cadre idyllique. Si seulement nous possédions une telle structure ! J'y passerais mes journées et peut-être même mes nuits. Les roses grimpent le long de la serre, pour former une sorte de voûte sur laquelle les bourgeons rouge sang pourraient être pris pour des rubis tellement leur couleur est vive. Les variétés se croisent et mêlent parfois, confondant les formes, les couleurs et les senteurs : du blanc pur au rouge pourpre en passant par le rose pale et le jaune, la reine des fleurs est ici d'une telle splendeur que je n'ose imaginer ce à quoi peuvent ressembler les serres de Sa Majesté. Le spectacle est à couper le souffle et pourtant, même cela n'apaise pas ma nervosité qui se décuple lorsque j'entends au-dehors des bruits pas, signe que mon répit se termine. Est-si difficile de voir ses plans se dérouler comme on le souhaite ?
Je me dis que je pourrais cependant à nouveau féliciter la maîtresse de maison - bien qu'elle n'ai certainement jamais pris le temps de s'occuper d'une seule de ces beautés - et je n'aurais plus qu'a attendre dans un coin que le temps ne s'écoule jusqu'à ce que nous rentrions.
Mais ce ne sont que les pas d'une seule personne qui franchissent la porte de la pépinière. Je prie pour que ce soit Miss Gemma, évidement ce sont ces pas lourds et peu féminins. Pourquoi le bon dieu s'acharne sur moi aujourd'hui ? Je me retourne, craignant de voir entrer Mr. Tanner, mais c'est le jardinier qui entre à la place. Je laisse filer un soupire de soulagement, et lui adresse un bonjour peu sonore, sachant que je ne devrais pas m'adresser aux domestiques, mais ne pouvant m'en empêcher, me sentant plus proche d'eux que des propriétaires de ce lieu.
Je retourne à mes observations, laissant l'homme à son travail. Je m'approche des roses dont la senteur est si enivrante que je me surprends à fermer les yeux pour mieux en apprécier l'essence. Je reste un moment ainsi, à essayer de capter toutes les nuances, allant des petites rouges aux imposantes blanches, du clou de girofle au musc, comme mon père me l'a enseigné. Mais certaines me font aussi penser à l'odeur d'une boite de thé frais lorsqu'on l'ouvre, et d'autres à des agrumes, bien que je n'en aie pas goûté depuis longtemps. Les effluves sont toutes riches, parfois entêtants mais toujours équilibrés. Je ne suis pas habituée à un tel spectacle des sens, même dans le magasin de mon père.
- Cette variété est particulièrement belle, n'est-ce pas ? chuchote l'homme, sans que je ne l'ai entendu arriver prés de moi.
Sans me retourner, car je sais que si sa patronne le surprends à me parler, il sera répudié sur le champs - je souris et hoche la tête, avant de répondre :
- J'ai cependant quand même une préférence pour les rosiers cent-feuilles.
Je l'entends se rapprocher, bien qu'il soit assez discret. Je ferme à nouveau les yeux et hume à une autre fois la rose qui est entre mes mains.
- Imaginez juste l'odeur de celle là avec du thé, quelle merveille cela doit être...dit-il assez bas mais juste assez fort pour que je l'entende.
- Jamais je n'aurais les moyens d'y goûter, ce n'est pas le genre de chose que l'on trouve chez l'apothicaire. Et si j'en avais, je préférais les planter et les faire pousser, même si je ne possède pas de serre aussi belle que celle là.
Quelle douce vie cela doit-être d'avoir les moyens de boire des infusions de plantes si rares et précieuses.
- Vous appréciez donc les fleures ? Me demande-t-il, plus prés encore cette fois, à voix haute cette fois.
Je comprends en l'entendant plus clairement qu'il s'agit de la voix de Mr. Tanner. Si c'est ma punition pour ne pas avoir écouté le bénédicité, c'est un peu beaucoup, non ? Lui, il est arrivé en retard ! Je me demande sérieusement pourquoi il fait ça : entre son comportement à table, et maintenant son attitude... C'est certainement pour s'amuser de moi, car il n'a pas mieux à faire. Mon visage passe d'une expression à une autre en si peu de temps que le jeune homme affiche un air de surprise mêlé à de la déception quand je me retourne vers lui. A quoi s'attendait-il après qu'il ait été aussi insistant pendant le repas ? Cela marche peut-être avec d'autres filles, mais je vais devoir vivement l'éconduire s'il continu ainsi.
- C'est ce que j'ai cru comprendre pendant le repas et avec la vitesse à laquelle vous vous êtes rendue dehors.
Je ne répond toujours pas et me contente d'observer le spécimen qui est face à moi. Je le fixe aussi intensément que le jeune homme me toisait plus tôt dans la journée, et passe même la main sur les plus gros pétales. Ils sont aussi doux que la peau de la petite Lottie. Mr. Tanner s'approche de moi, et je sens dans mon dos qu'il regarde lui aussi la rose. Comprends-il seulement que cette création de la nature est à elle seule une œuvre d'art, où voit-il uniquement une plante parmi tant d'autres ? Je repense alors a ma réflexion de ce midi, comme quoi il me fait penser au Mr. Darcy du début du roman de Jane Austen. Mais il y a aussi ce personnage, Mr. Wickham. Il s'éprend du personnage principal et devient l'homme le plus attentionné et intéressant du monde pour elle... Mais c'est finalement un homme mauvais, un trompeur et un menteur, avec tout le monde qui plus est. Presque le méchant de l'histoire. Si Mr. Tanner est finalement un Mr. Wickham, un trompeur, je ferrais mieux de ne pas me laisser berner dés le début et de rester sur mes gardes. Je me retourne donc vers lui, et en me tenant bien droite pour feindre un semblant de confiance en moi-même, essayant de faire fuir toute ma timidité, lui dit :
- Il n'y a pas de chaperon avec nous. Si ma mère apprends que j'ai transgressé la bienséance, s'en est fini de moi.
Mr. Tanner se recule doucement. Il affiche une expression indescriptible sur son visage, mélange de curiosité et d'interrogations, avant de dire :
- Vous avez entièrement raison. Pardonnez moi, Miss Winters.
Et il s'en va, quittant la serre sans un mot, me laissant seule parmi les roses, comme s'il n'était jamais venu.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 27, 2018 ⏰

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