Who I Should Be

Bonheur éphémère 1/3

Le soleil brille aujourd'hui tant dans le ciel que dans le cœur du mécheux. Louis est heureux. Il ne saurait dire ce qui le rend si joyeux mais peu importe, il n'a pas besoin d'une raison tant qu'il est heureux. Le sourire aux lèvres, il se lève et va déjeuner comme tous les matins. Ses tartines lui semblent bien meilleur que la veille. Louis ne se presse pas, savourant le bonheur qui lui est accordé. Il prend sa douche en chantonnant, s'habille d'un bermuda et d'un simple t-shirt voulant sentir la caresse du soleil sur sa peau. Il est ivre de bonheur et ce n'est pas le mot de sa mère sur le comptoir disant qu'elle ne sera pas là à midi qui risque de le rendre malheureux. Non, pas aujourd'hui. Apparemment elle mange chez Marie pour le déjeuner, une de ses collègues, elle explique que la pauvre ne se sent pas très bien suite à une rupture et qu'elle a tenu à la soutenir puis s'excuse de ne pas être présente pour son fils. Louis aurait été triste d'ordinaire, sa mère soutient son amie lorsqu'elle va mal mais l'a-t-elle soutenu lui lorsqu'il se sentait mal ? Non. Elle n'était pas là, comme d'habitude. C'est Harry qui a redonné le sourire à Louis. Harry que Louis connaît à peine et non sa mère qu'il connaît depuis toujours. Louis aurait sans doute pleuré en temps normal, il se serait installé sur le balcon de sorte à pouvoir observé l'entièreté de la ville, tous ces gens heureux alors que lui ne l'est pas. Il se serait interrogé sur l'avenir, se demandant si un jour lui aussi pourra prétendre au bonheur qui lui semble si lointain. Il aurait pleuré toutes les larmes de son corps, appuyé sur la rambarde de son balcon, pleuré cette solitude qui le pèse tant et dont il n'arrive pas à se débarrasser. Mais pas aujourd'hui. A la place, il se rend au marché en souriant. Evidemment que le mot de sa mère l'a touché, bien-sûr que cela le blesse mais Louis ne se laisse pas abattre, il y a quelque chose de spéciale dans cette journée, quelque chose qui le pousse à sourire et à penser que ce sera une merveilleuse journée et ce même si Louis ignore ce que cela peut bien être.

Le châtain se balade dans les allées. Les cris des commerçants, la joie des passants qui pensent faire et font peut-être de bonnes affaires rendent Louis d'autant plus joyeux. Il avance, cherchant ce qu'il va bien pouvoir se mettre sous la dent sachant qu'il est seul à manger. Il doit aussi trouver quelque chose pour le soir. Fidèle à lui-même, il déambule dans les allées sans but précis. Il inspire la bonne odeur des produits frais, de l'air iodée, l'air marin est un pur bonheur pour le jeune homme. Il aime vivre au bord de la mer, comme au bord du vide. L'océan lui fait peur de par sa grandeur et l'apaise par son silence, il lui permet de s'évader, d'oublier ses problèmes. C'est dingue comme on se sent petit face à l'océan mais en même temps, un sentiment de puissance nous envahit lorsque l'on se retrouve face à ce géant, comme si on pouvait tout affronter. Louis adore ce sentiment. Il déambule entre les étales sans regarder où il va. Il se demande ce qu'il va bien pouvoir préparer quand il entend un fermier vanter les mérites de ces œufs. Un met que Louis n'a pas pu déguster depuis longtemps. Sa mère n'aime pas ça alors il n'en prend pas habituellement. Cependant elle n'est pas là ce midi alors le jeune homme s'approche du stand en souriant. « A la coque ce serait parfait ! » pense-t-il. Il faudra aller chercher du pain à la boulangerie aussi. Ce qu'il y a de bien avec les œufs c'est que ce n'est pas très cher et on peut les utiliser de diverses manières. Louis en prend donc une boite de six en tendant 3 livres à l'éleveur. Ce dernier lui demande s'il ne veut pas de volailles mais Louis refuse et se retourne pour reprendre sa route seulement dans son élan, il heurte un torse.

« Pardon. Articule Louis en se frottant le front.

Louis s'en veut d'être si brusque, il s'est fait mal et espère ne pas avoir blessé la personne face à lui.

-Non c'est ma faute, je ne pensais pas que tu te retournerais si vite.

Louis relève la tête. Cette voix. Il ne s'attendait pas à le revoir si tôt.