C'est là que la période la plus sombre de ma vie a commencé. Je me suis un peu effacée de Wattpad, supprimé mon rantbook de l'époque et je suis devenue tout simplement triste. Je ne portais plus que des pulls trop grands, de novembre à mai, de sorte à cacher mon visage, mon corps, mais surtout mes bras. Ils étaient affreux, recouverts de cicatrices rougies par le frottement de mes manches. Je m'entraînais à sourire, le matin devant mon miroir, après avoir mis du mascara pour "m'ouvrir le regard". Mais lorsque je voyais mes yeux vides, mes pupilles criant à l'aide, l'envie de mourir me serrait le cœur et je m'enfuyais de chez moi, la gorge nouée.
Je parcourais les deux cent mètres qui me séparaient de l'arrêt de bus à vélo. Je sprintais, non seulement parce que j'étais en retard, mais aussi parce que je voulais entendre mon cœur battre fort dans mes oreilles, comme si j'avais peur qu'il s'arrête soudainement. Paradoxalement, je voulais mettre fin à ma vie, mais j'avais peur de mourir.
J'étais perdue, effrayée à longueur de journée. Sans cesse sur la défensive, le moindre petit mot mal placé me transperçait et creusait une nouvelle fissure dans mon cœur déjà bien abîmé...
J'écrivais. Beaucoup. Un brouillon Wattpad sobrement intitulé "Livre Noir", comportant une vingtaine de poèmes et de textes. Je ne l'ai jamais supprimé. Un soir, j'ai tenté le grand saut, le grand cri à l'aide. J'ai posté le livre, avant de l'enlever au petit matin, pleine de regrets. Je ne l'avais laissé en ligne que quelques heures, mais ça avait suffi pour que ma mère se pose des questions, et ça avait suffi pour que mes petites habitudes se bousculent. Pour que je me demande si après tout, ça valait le coup que je continue de me cacher et de souffrir seule.
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T'es gouine?
General FictionGouine (n.f.): Homosexuelle (injurieux). Ou quand la violence n'est plus que normalité.