" Platon avait une théorie selon laquelle il existait autrefois des êtres dotés de quatre jambes, quatre bras et deux têtes. Ils étaient parfaitement indépendants, heureux et puissant. Trop puissants au goût de Zeus qui les a coupé en deux et éparpi...
Je tentais une énième fois de faire tourner mon stylo sur mes doigts sans succès. Il vola hors de ma table et tomba pile aux pieds de mon insuportable prof d'histoire. Elle le ramassa et du bout de l'index de son autre main replaça ses lunettes sur son nez.
"Shaheen, si vouspen-spinez encore une fois dans cette classe et vous quittez mon cours."
Elle déposa mon Bic au bout de ma table et reprit son cours. Je l'attrapai avant de le fourrer dans ma trousse et ranger toutes mes affaires, puis mis ma tête dans mes bras croisés sur la table. Mon inséparable acolyte était partie pour une semaine à Paris et je me retrouvais seule à ma table dans tous cours. Ornella, si tu m'entends, please come back asap.
Le prochain cours était celui de physique. Mon préféré. Je m'installai confortablement contre le radiateur et écoutais mon professeur parler. Je buvais ses paroles comme des shot de vodka,tout en prenant quelques notes. J'essayais de me concentrer de tout mon être sur le cours.
Le froid glaçait mes doigts alors que je retournais chez moi. J'essayais tant bien que mal d'envoyer un message à Ornella pour prendre de ses nouvelles. La neige tombait à gros flocon sur Monaco, mais elle fondait dès qu'elle entrait en contact avec le sol. Vivement l'été.
14:48
"Kylian. 2,75. Vous viendrez me voir à la fin de l'heure."
Elle tendit la copie teinté de traces rouges au métisse à l'autre bout de la salle alors que ses potes rigolaient. Crétins.
"Théo, 5,5." Continuai la prof de Maths. "Jahan, 12.25. Claire, 8."
Elle s'approcha et tendait ma feuille en souriant.
"Shaheen, 17.5"
Puis elle continua de distribuer les copies, tandis ce que je fixais la mienne. Elle reprit son cours sur les nombres complexes que j'écoutais d'une seule oreille. J'étais collée contre le radiateur et regardait la neige qui s'était transformée en pluie tomber dehors. Triste temps.
Tous rangèrent leurs affaires bruyamment avant de sortir. Kylian traîna des pieds jusqu'au bureau de la professeur alors que je fourrai ma trousse dans mon sac.
"Si vous ne remontez pas votre moyenne, vous n'aurez pas votre BAC." Chuchotta Mme Gaidon.
"Je vous promet de faire des efforts." Répondit Kylian pendant je passait les anses de mon sac sur mes épaules.
"Monsieur MBappé, le trimestre dernier - attendez Shaheen - " Je me stoppai net. "Votre moyenne plafonnait à 5,5. Pour ce trimestre, vous avez 2.5. Vous chutez. C'est pourquoi Shaheen vous aidera pour les maths" Elle me regardait avec insistance, alors que je la devisageait, la suppliant de retirer ce qu'elle avait dit.
Wow. C'était plutôt inattendu. Je ne sais pas si j'aurai dû trainer autant. J'acquiescai avant de sortir de la salle Kylian sur mes talons
"Ce soir dix huit heures chez toi" dis-je sans même me retourner.
J'accelerai le pas pour me rendre vers la cafétéria. Il tourna un couloir avant pour rejoindre ses "potes". J'enfilai ma dernière. pièce de cinquante centimes dans la machine à café et choisissai le café latté. Rien. Je rappuyai sur la même touche toujours rien.
"Putain. De. Machine. De. Merde." Soufflai-je en tapant dedans de toute ma force.
"Tiens, rééssaye."
Une main me tendait une autre pièce de cinquante centimes. Je la saisie et la fit tomber dans le trou prévu à cet effet. Mon café coula enfin. J'attrapai le verre avant de me retourner vers l'inconnu qui m'avait aidé.
"Merci." Dis-je alors avant de prendre une gorgée de ma boisson.
"Pas de soucis. Je m'appelle Keyinan"
"Shaheen. Je te dois un café maintenant." Dis-je en lui souriant.
"Je crois bien que oui."
"Au prochain café alors." Dis-je en repartant vers le hall.
Je branchais mes écouteurs avant de m'asseoir en salle de permanence et sortir mes affaires.
Ma dernière heure de cours passa à une vitesse incroyable, pourtant elle fut d'un ennui impressionnant. C'était celui de philosophie, et autant dire que moi et la philo, ça fait moins douze. Je ne comptais pas non plus sur mon professeur pour rendre son cours intéressant, il avait l'air lui-même fatigué de sans-cesse nous répéter la même chose. Si bien qu'il était à moitié endormi, avachit contre le siège de son bureau.
Lorsque je suis sortie du lycée, il pleuvait des cordes. Je me suis retrouvée trempée de la tête aux pieds.
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