Bonheur éphémère 2/3

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Harry est tant surpris que sa bouche s'ouvre en grand. Ses mains tremblent sous l'effet de l'excitation. Il sent son cœur qui s'emballe et est incapable de réfléchir pour l'instant. Mais Louis ne le voit pas ainsi. Il a peur de l'avoir brusqué et s'en veut immédiatement.

-Je sais c'est bête. Tu dois sûrement avoir de la famille qui t'attend.

Louis ne peut s'empêcher de se sentir mal à cette idée. Il baisse la tête, accablé. Des larmes se forment aux coins de ses yeux, c'est si dur d'être éloigné d'un être cher. Mais il a peut-être une famille qui l'attend et s'inquiète pour lui. Une famille ? Ce mot laisse un goût amer à Louis. Elle est où sa famille à Louis ? En train de s'amuser avec une amie. Délaissant encore son fils. Et si Louis ne voulait pas pleurer ce matin et bien il a changé d'avis. C'est trop dur, d'abord sa mère qui l'abandonne puis Harry. Louis ne peut en supporter plus. Il est lassé d'être toujours rejeter. Il comprend mieux pourquoi il a si peu d'ami. Il est si difficile de construire une relation solide, à quoi bon. Personne ne veut s'embêter avec un homme qui aime la couture et la danse. Louis aimerait tellement que les choses changent. Que quelqu'un s'intéresse à lui, à ce qu'il fait et surtout qui ne le laisse pas tomber.

-Non Louis. Pleure pas. Je serais ravi de voir ton atelier et de goûter ta cuisine.

Le mécheux relève aussitôt la tête. Il n'en croit pas ses oreilles. C'est vrai ? Il veut bien venir ? Il ne le laisse pas ? Louis n'arrive pas à réaliser et pour cause. Cela ne lui est jamais arrivé. Quand d'autres apprennent qu'il aime coudre ou danser, ils le montrent du doigt en le traitant de « sale pédale » sans chercher plus loin. « Il est comme les autres » dit-on, à quoi bon le connaître. « Les pédales sont toutes pareilles, tous à faire des manières et à tout le temps se plaindre, à croire que cela ne leur suffit pas d'être contre-nature. » De nombreuses fois Louis a entendu ce genre de propos à son égard. Il n'a jamais compris. Il ne pense pas faire de manières. Il n'aime pas non plus les hommes alors pourquoi le traite-t-on de pédale. Il ne sait pas. Mais cela n'avait plus d'importance une fois qu'il avait rencontré Harry.

-C'est vrai ?

Harry sourit grandement, de ce sourire qui dévoile ses fossettes et fait fondre le cœur de Louis. Il passe ses doigts sous les paupières du mécheux pour en essuyer la moindre trace de larmes du plus petit, gardant ses mains sur ses joues. Sa peau douce comme de la soie donne des frissons au bouclé. Les deux hommes se perdent dans les yeux clairs de l'un et de l'autre. Chacun d'eux détaille le visage de son partenaire, à la recherche d'une trace d'imperfection pour Harry qui n'en trouve aucunement et du moindre signe de mensonge pour Louis qui n'arrive toujours pas à comprendre qu'Harry puisse accepter.

-Puisque je te le dis.

Un sourire se forme sur les lèvres de Louis également. Il est si joyeux qu'il n'arrive pas à se l'expliquer. Harry reste. Ces mots raisonnent dans son esprit tel un hymne à la joie. Il ne le laisse pas. Pour une fois Louis ne se sent pas abandonné. Harry ne le rejette pas, Louis peut même voir le bonheur dans les yeux du bouclé à l'idée de passer cette journée ensemble. Mais Louis pense à un détail qui pourrait bien faire échouer leur plan.

-Mais ta famille ?

Harry semble n'en avoir que faire. Comme si cela ne lui faisait ni chaud ni froid, il regarde toujours Louis avec engouement.

-Ma mère peut bien manger seule. Ce ne sera pas la première fois.

Louis est rassuré. Il avait si peur qu'Harry ne s'en aille. Mais finalement, Harry reste. Il veut en découvrir plus sur le châtain et Louis en est très heureux rien qu'à cette idée. Aussi, sans réfléchir, il saute dans les bras du bouclé. Une larme de joie lui échappe rien qu'à penser au déroulement futur de cette belle journée au côté de sa magnificence d'émeraude. Harry le serre contre lui sans retenu. Lui aussi est heureux de pouvoir en découvrir plus sur le plus petit. Les deux hommes ainsi enlacés, se sentent enfin complet. Un sentiment de plénitude qui leur manquait tant à l'un qu'à l'autre et si Louis ne comprend pas bien ce que ce sentiment implique, il sait en revanche qu'il est bien là, dans les bras musclés de sa magnificence d'émeraude. Pourtant, cet instant aussi beau soit-il doit prendre fin, éphémère, tout comme un feu d'artifices, sublimes mais de courtes durées. C'est pourquoi ils se séparent lentement, le sourire scotché aux lèvres.

Who I Should BeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant