VII : Révélations

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Alphonse Areola se réveilla avec son vieil compagnon, le vide. Nous sommes le 23 juillet, et cela fait deux jours que le joueur et sa femme ne dorment plus dans la même chambre.

Hier, Alphonse avait tout fait pour éviter Marrion, trop honteux et trop boulversé par ce qui c'était passé. Il était parti le matin, pour ne revenir que le soir. Le gardien n'avait fait que conduire pendant toute la journée, ne s'arrêtant que pour faire le plein ou soulager sa vessie. Au volant de sa voiture, il n'avait cessé de réfléchir, et il était venu à la conclusion suivante : tous ses problèmes venant du vide et de sa source. C'était clair comme de l'eau de roche pour lui, et il ne comptait plus les fois où il s'était maudit de ne pas l'avoir remarqué plus tôt.

Mais revenons au présent. Alphonse soupira, déjà fatigué de l'effort qu'il allait devoir faire. Il s'était mis en tête de trouver la source du vide, une bonne fois pour toute, pour l'éradiquer et ainsi revenir à un état normal. Il soupira une deuxième fois, puis ferma les yeux, relaxant son corps, et partis tout doucement dans les méandres de sa mémoire.

Ayant déjà identifié la date à laquelle il devait chercher, il se lança rapidement dans ses souvenirs de l'année 2013-2014. Son cerveau fonctionnait ainsi, par saisons de foot. Il se pencha sur la mi-2014, mais il fut surpris de ne rien y trouver à part les souvenirs concernant le football. À vrai dire, lorsque ses parents mentionnèrent la lettre, il ignorait qu'il était allé chez eux. Il fouilla et fouilla ses souvenirs, sans trop de résultats. Cependant, alors qu'il était frustré de ne rien trouver, Alphonse entendit quelque chose : « Mon Soleil, pourquoi es-tu parti ? », et il ressentit une grande douleur dans son cœur, comme si quelqu'un essayait de le sortir de sa poitrine.

Le gardien se leva de son lit, en essayant de calmer son rythme cardiaque; et alors qu'il repensait à cet étrange souvenir, une image lui vint en tête. C'était lui, embrassant le même inconnu que dans son rêve. L'homme était grand, même un peu plus grand qu'Areola, il avait les cheveux bruns, la peaux blanche, légèrement bronzée, et des yeux d'un vert magnifique.

Alphonse resta un instant figé, estomaqué par la découverte qu'il avait faite. Il n'en revenait pas, et si le rêve qu'il avait fait n'était justement pas un souvenir enfoui dans sa mémoire qui essayait de sortir ? Oppressé par la chambre, il décida de sortir. Il enfila un pantalon et un t-shirt, mit des baskets et descendit à toute allure les escaliers. Heureusement pour lui, tout le monde était déjà réveillé, et ainsi il évita un scandale. Alphonse sortit par la porte de derrière sans croiser personne, et commença à courir dans le grand jardin. Faisant comme à l'entraînement, il enchaînait les tours sans s'en rendre compte. Tout ce qui importait pour lui était de se défouler et oublier que sa vie sentimentale n'était qu'un vrai foutoir.

Ce fut sa mère qui le ramena sur Terre en lui tendant une bouteille d'eau et une serviette. En effet, Areola-fils ne pris en compte que maintenant sa respiration saccadée, ses poumons brûlants, sa bouche sèche et son corps couvert de transpiration. Il la remercia d'un geste de la tête, avant de s'effondrer sur la pelouse. Sa mère s'assit à côté de lui, et commença à passer sa main dans ses cheveux, comme il l'aimait tant. Les deux ne parlaient pas, se comprenant juste à travers des regards et des gestes.

Il restèrent ainsi longtemps, et se fut Alphonse qui rompi en premier le confortable silence, avec un air perdu dans sa voix, :

« Maman ? »

« Oui mon chéri ? »

« Je crois que j'ai aimé un garçon. »

Voilà, la bombe était lancée, et rien ne pouvait l'arrêter. Le gardien avait inconsciemment retenu sa respiration, en l'attente d'une réponse. Contre toutes attentes, Areola mère ne s'arrêta pas de carreser les cheveux de son fils, et répondit d'un voix douce :

« Ce n'est rien mon chéri, tu restes mon fils après tout. »

À l'entente de ces paroles si anodines mais si remplies d'importance et de sens aux yeux d'Alphonse, il ne pu s'empêcher de commencer à pleurer, tout en serrant sa mère dans ses bras.

Il n'était plus l'Alphonse Areola gardien de football du PSG et membre de l'Équipe de France, mais le petit Al' qui était perdu, n'ayant trouvé de repères qu'en sa maman.

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Lost Memories  ~  𝒶.  𝒶𝓇𝑒𝑜𝓁𝒶Où les histoires vivent. Découvrez maintenant