Fire Soul

Prologue

Harper

''Tout m 'écorche.Un rien soulève en moi l'abandon.Je supporte mal les autres,le vouloir-vivre des autres,l'univers des autres.Attiré par une décision de retraite loin des autres.''

                                                                            Roland Barthes,Journal de deuil.

Je suis dans le couloir,je me dirige vers les casiers pour aller chercher les affaires dont j'ai besoin pour mon prochain cours même si je n'ai clairement pas envie d'y aller,sur le mien il y a encore inscrits les insultes et les différentes phrases horribles que les élèves de ce bâtiment                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                               ont écrit.J'ai essayé de les enlever mais ils ont écrit cela avec du marqueur...Je respire profondément et ouvre mon casier j'y trouve un papier que je déplie:

Tu devrais te jeter d'une fenêtre,tu es une salope même l'enfer ne voudrait pas de toi espèce de traînée.

Je déchire le papier avant de serrer les poings pour me retenir de craquer devant tous les élèves qui ne finissent pas de rire derrière mon dos.Je vais vers les toilettes et m'enferme à clé pour être seule,l'espèce humaine est la pire qui soit.

J'ai fini les cours plus tôt...C'est ça le point positif quand on se fait tabasser par trois filles dans les toilettes après un cours d'histoire.J'étais sur le sol,complètement apeurée,la bouche en sang,mes phalanges également car j'ai tout de même essayé de me défendre.Elles sont partis me laissant là alors que je n'arrivais même plus à bouger,je sentais mes larmes chaudes rouler sur mes joues puis elles arrivaient à mes lèvres se mélangeant à mon sang.Je m'étais relevée en essuyant le sang qui coulait de mon nez du revers de ma manche.C'est là que l'infirmière est arrivée et m'a aidé,elle a prit le temps de me soigner sans me poser une seule question car elle sait déjà ce qu'il se passe pour moi.Je me remémore tout ce qu'il s'est passé aujourd'hui,je subis ça depuis bientôt deux ans mais les choses sont de pire en pire.Personne ne le sait,ma mère n'est pas au courant,mon père non plus et même si j'aurais l'envie de lui en parler il n'est jamais à la maison... Je ne dois plus me laisser faire,je dois survivre mais comment est-ce que je peux réussir à m'en remettre quand tout le monde veut ma mort ?Je tire de ma poche arrière mon paquet de cigarette mais en l'ouvrant je me rends compte qu'il n'y en a plus aucune,je le jette par terre et me dirige vers le tabac du coin.J'ouvre la porte en verre et entre dans cet endroit que je connais bien,l'odeur de tabac froid et d'alcool me frotte le nez.Je me dirige vers le comptoir où se trouve Bob comme toujours.

-Salut gamine qu'est-ce que je peux faire pour toi ?

-Un paquet de clope,n'importe le quel...

-Tu n'as pas l'âge et tu le sais gamine.

-Ne m'appelle pas ''gamine'' et je te signale que je suis ta plus fidèle cliente donc passe moi ce paquet de merde.

-Tu as passé une mauvaise journée ?

-C'est que tu serais presque un bon psychologue.Dis-je en déposant un billet sur le bois du comptoir.

-Offert par la maison.Dit-il avec un sourire en me tendant le billet que je reprends.

Je le remercie rapidement puis je me dirige vers la sortie.

-Fumer tue gamine!Dit-il en criant dans mon dos.

-Vivre aussi mon vieux.Dis-je en claquant la porte.

Bob et moi on adore se chamailler mais on sera toujours là l'un pour l'autre,je vais dans ce bar depuis que je suis enfant,mon père est ami avec Bob.Ce qui est drôle c'est que Bob a été plus présent pour moi que mon père. Je prends une cigarette que je mets et l'allume puis je prends une grande bouffée.En rentrant chez moi,je pose toutes mes affaires et je monte dans ma chambre.Mon téléphone n'arrête pas de sonner,je jette un œil dessus et je vois que toutes les notifications sont principalement des insultes où des moqueries.Je vois sur mon bureau, les médicaments que je dois prendre contre ma ''dépression'' avec un mot de ma mère pour me rappeler que je ne dois pas les oublier.A l'aide de mes bras je dégage toutes ses choses de mon bureau,ma lampe s'écrase sur le sol avec tout le reste.Je me dirige vers la salle de bain et me regarde dans le miroir,je commence à essayer de camoufler mes hématomes avec du maquillage pour éviter que ma mère le découvre.Je n'aurais jamais du lui faire confiance,je n'aurais jamais du aimer car j'ai appris que lorsqu'on aime profondément un jour le lendemain la blessure est aussi profonde.