Souris !

1- Œillet Pourpre

NDA : L'oeillet pourpre est symbole de caprice et d'antipathie.
Bonne lecture et n'hésitez pas à donner un avis !

_________________________________________________________

"Et voiiilà, chérie !"

Le rouge à lèvres se retira de la bouche de l'enfant. La femme qui tenait le bâton fit un pas en arrière en souriant.

"Tu es magnifique, je suis sûre que tu vas gagner ce concours !"

Elle s'accroupit et lui passa le bikini rose avec la jupe à pois. La mère se mit à rembourer le haut en rassurant sa fille de 5 ans au bord des larmes. La femme mit ensuite un collier de fleurs exotiques fluo autour du coup de la mini-miss.

"On répète, mon chat ? Allez, une dernière fois !"

Elle attrapa le bras de sa fille en souriant et lui fit répèter les pas, que, munitieusement, elles avaient appris la veille.

"Sois juste souriante, ma fille, et la victoire sera à nous ! Souris !"

Mais la mère remarqua que sa fille ne souriait pas comme d'habitude. Elle posa ses pouces sur les coins de ses lèvres crispées et les releva rapidement.

"Oh, chouchou, tu ne va pas pleurer et ruiner ton maquillage, si ? Souris."

Le ton qu'elle employa n'était pas maternel. Il n'était pas du tout chaleureux, pas encourageant, pas consolant. C'était un ordre. Elle ordonnait à sa fille comme elle ordonnerait quelque chose à un chien désobéissant. Avec dureté, avec peine, avec colère.

La petite obéit, elle se mit à sourire, puis à tamponner ses yeux avec un mouchoir en papier. Elle ferait tout ce que maman lui dirait, parce que Maman connaissait et savait comment faire. Parce qu'une maman, c'est quelqu'un qui montre la voie, qui nous accompagne, nous soutient. Mais elle garda la tête baissée. Ce ne fut qu'en entrant en scène qu'elle la releva, avec un minois impeccable, faisant risette aux caméras, marchant sur le podium. Arrivée au bout, elle prit une pose "comme dans les magazines". Puis une autre, puis une autre, et encore une autre. Petite femme maquillée comme une voiture volée, enfant à qui on a dérobé subtilement l'innocence. Et elle entendit les applaudissements des spectateurs et ceux des juges vinrent après. Elle avait gagné.

"Bravo ma chérie !"

Les bras de sa mère l'enlacèrent, elle riait tandis que sa fille se blottissait, à nouveau une enfant.

"C'est bien, c'est bien ! Je suis fière de toi ! Tu verras, tes camarades t'applaudiront en te voyant, Mirai ! Papa et moi t'achèteront une nouvelle poupée."

Mirai hocha la tête, intimidée soudain par les regards, son sourire s'effaça. Elle se dit du haut de ses cinq ans que ce n'était pas normal, mais elle effaça cette réflexion par une pensée rassurante.

"Maman sait quoi faire, c'est pour ton bien."

"Alors... Souris !"