Flower [Partie unique]

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« - Toi et moi, c'est à jamais !

- À jamais ?

- Oui, ça veut dire pour toujours ! »


Une promesse d'enfant.

Des mots dans le vent.

Des années passés.

Les mots ont perduré.

Une promesse d'enfant.

Une amitié solide.

Des idées reçues rigides.

Et voilà que souffle le vent.

Une promesse d'enfant.

Des sentiments inavouables.

Des intentions pourtant louables.

Des mots pour carcan.



Te souviens tu de ces paroles que nous échangions chaque été, au bord du lac ? Ces quelques mots estivaux qui revenaient chaque année. Ces sourires que l'on avait, ceux qui ornaient nos visages d'enfants insouciants ? Tu me disais toujours que j'étais le plus beau en mettant des pâquerettes dans mes cheveux rebelles. Et à chaque fois, mes joues devenaient pourpres comme les coquelicots épanouis et tu riais. Cela t'amusait de me faire rougir. Tu étais très espiègle autrefois... Et tu l'es resté longtemps.


Tu n'as pas oublié ces journées d'automne que nous passions, tout les deux dehors, sous la pluie, à rire et danser en observant les escargots. Hugo et Huguette faisaient la course devant nos yeux émerveillés. Quand tu venais chez moi, nous allions souvent dans le jardin pour ramasser des noisettes et toi, voulant me montrer l'étendue de ta force, tu essayais de les casser avec tes dents. Une fois, tu as réussi. Les autres fois, tu t'es mordu la langue ou fait mal aux dents. Mais c'était amusant... Ou quand nous allions trouver les châtaignes. Tu ne semblait pas comprendre qu'il fallait retirer la bogue et tu te plaignais souvent d'avoir mal. Quel casse cou tu étais...


T'es tu déjà remémoré tout ces hivers que nous passions côte à côte, enfouis sous la couverture que l'on nous laissait, soit chez toi, soit chez moi. La cheminée derrière nous, les chocolats chauds dans les mains, la table basse sous les pieds et la télévision devant les yeux, nous étions bien quand nous ne faisions pas de batailles de boules de neige. Ça aussi, c'était amusant. Mais à chaque fois, tu lançais tes boules trop fort et ça me faisait mal. Tu étais assez brusque malgré tout ce que te disait ta mère. Elle s'efforçait de te faire comprendre que la violence ne résolvait rien. Pourtant, tu continuais. Et quand les autres enfants du village venaient me prendre pour cible, que ce soit par les mots ou par la neige, tu me défendais. J'avais mon chevalier servant...


Tu n'as pas pu perdre de vue nos escapades dans les champs au printemps. Heureux, nous courions et cueillons les fleurs. Ou plutôt, tu allais chercher les plus belles, même dans les endroits les plus déconseillés, et j'en faisais des couronnes que nous portions, ignorant les préjudices et les pensées fermées qu'avaient les autres enfants de nos âges. Combien de fois avions nous eu le droit à des insultes, des moqueries ? « Les fleurs, c'est pour les filles. » Je m'en souviens de cette phrase. Et je suppose que toi aussi même maintenant. Surtout maintenant. Mais on s'en moquait et on continuait. À chaque fois, tu me ramenais des fleurs de plus en plus belles. Un jour, tu avais trouvé une tulipe noire. Ma fleur préférée. Tu avais dit l'avoir trouvée par hasard mais comment te croire ? Seul le père Durand en cultivait... Des bouquets, des couronnes, des bracelets, des colliers... Nous faisions tout avec ces ravissants présents du renouveau du printemps. Et nous le faisions fièrement.

Flower [OS BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant