LÉO

I. Démission

" Quand finiras-tu par canaliser cette colère ? Quand contiendras-tu cette rage, cette fureur qui sont en toi ? Par Merlin ! 6 ans que je me demande nuit et jour ce que tu fais à Poufsouffle ! Tu es trop impulsive, bien trop Eléora ! Bon sang ! Mais pense à ton avenir !Tu ne te rends pas service, loin de là !"

En effet, cela faisait 6 ans, bientôt 7, qu'Eléora Hare étudiait à la célèbre école de magie anglaise de Poudlard. Et cela faisait également 6 ans, bientôt 7, que sa directrice de maison tenait les mêmes propos à son égard. En 6 années, bien des choses changent ! Et pourtant... jamais au grand jamais Pomona Chourave n'avait remanié ne serait-ce qu'une virgule du discours, ou plutôt du blâme, qu'elle destinait de façon quasi-hebdomadaire à son élève.

Il fallait bien reconnaître que cette dernière était particulièrement atypique pour une noir et jaune. Ceux-ci se distinguaient en effet généralement de par leur gentillesse, leur tolérance, leur patience, leur générosité hors norme. Ajoutez également à la liste justice, fair-play, modestie... Amour de la nature... Fatalement, l'impulsivité, la franchise ainsi que le caractère têtu et sauvage d'Eléora faisaient quel que peu "tâche".

La jeune fille n'était certes pas la plus docile des élèves et on pouvait, à raison, lui reprocher une certaine tendance à suivre son instinct en premier lieu, puis à réfléchir dans un second temps.Pour ce qui était de la franchise, il était cependant difficile d'en faire un tort, elle avait simplement en sainte horreur l'hypocrisie et la superficialité. Ne s'exprimait alors que la sincérité si chère à sa maison. Pour ce qui était de son obstination et de son "côté sauvage"... Nul n'est parfait non ? Et puis, ces quatre attraits étaient loin d'être les seuls permettant de la dépeindre.

Pourtant, c'étaient ceux-ci que la responsable de Poufsouffle exposaient dans sa diatribe qui, en tant d'années, avait fait et refait en long en large et en travers le tour des couloirs du château ; valant à son élève la réputation ô combien glorifiante "d'asociale barbare mal-élevée" ainsi que le surnom tout aussi plaisant de "vilain petit blaireau". Notez le génie, la qualité de la plume ainsi que la connaissance subtile et appréciable de la culture moldue de l'auteur de ce trait d'esprit.
Oui, à Poudlard, les discours-de-profs-périmés-particulièrement-réducteurs ainsi que les potins, les surnoms ou encore même les nouvelles vont vite,vraiment très vite. Et, pas moins de deux semaines après la rentrée de septembre 1993, c'était une toute autre allocution qui avait fait le tour du château. Celle que nul autre qu'Eléora Hare avait prononcé devant l'équipe de Quidditch de sa maison, fraîchement sélectionnée, et dans lequel elle séparait titulaires et non titulaires, tout en énonçant les nouveautés relatives aux entraînements.

En effet, au départ l'an passé de l'emblématique Austin Shields qui avait mené les noir et jaune durant pas moins de 3 ans, performance assez remarquable puisqu'elle entend qu'il avait pris la tête de l'équipe dès sa cinquième année, Eléora avait hérité du poste de capitaine. Repérée dès sa deuxième année puis formée et entraînée par Austin, elle était devenue une joueuse exceptionnelle. Jouissant d'une aisance naturelle pour ce sport et animée par une ardente passion pour celui-ci, Eléora n'avait reçu de Shields que la technique et la manière. Celui-ci, s'était par ailleurs toujours félicité d'avoir un tel membre de caractère et de talent à Poufsouffle et avait, sans hésitation, légué sa fonction à son élève, devenue bras-droit et amie.

Bien décidée à fournir la meilleure performance possible pour cette dernière année de Quidditch à Poudlard, elle avait été particulièrement sévère lors des sélections qui, à l'exception des septièmes années partis, n'avaient pas trop différées des années précédentes. Elle avait constitué une équipe titulaire forte, dont elle savait qu'elle vivrait et fonctionnerait bien ensemble, ainsi qu'une équipe de réserve prometteuse, avide de progresser et jeune, puisqu'elle comptait tout de même une deuxième année qui avait pris de cours la jeune capitaine. Elle avait également pris la liberté d'entraîner les deux équipes séparément la semaine et ensemble sur l'unique créneau du week-end. Un mode de fonctionnement testé l'an passé qui avait porté ses fruits et qui, quoi que semblant diviser l'équipe,préservait la persévérance des plus jeunes, moins assurés que ceux ayant pris leurs aises du fait de leur ancienneté. Elle s'était de plus octroyé le droit de nommé un co-capitaine qui, comme elle l'avait fait officieusement l'an passé, ferait ses gammes à ses côtés avant de voler de ses propres ailes lors de la saison 1994-1995.