Un rayon de lumière traverse le carreaux fin de la lucarne pour venir caresser son visage. Tom ouvrit péniblement un oeil, le soleil inonda le bleu de ses yeux une fraction de seconde avant qu'ils ne se referment. Emmitouflé dans son lit, son esprit était bien réveillé mais il lui fallait encore quelques minutes pour que le reste suivent. Contrairement à Zoé, lui, il lui fallait du temps. C'est une chose dont il s'était souvent étonné. Avec elle, tout était immédiat. Aucune attente. Pas de déception. Le réveil sonnait et elle était la, près de lui.. Et lorsque Tom frissonnait au contacte de sa main dans ses cheveux, ils ouvraient les paupières sans peine et souriait. C'est fou, pensa t-il, comme certains souvenir persistent. Ils te guettent, te traquent, ne te laissent aucune chance. Le pire avec les souvenirs, c'est qu'ils cherchent des portails et s'entremêlent à la réalité. Dans la chambre de Tom, tout était porte ouverte sur son coeur, tout était chemin ramenant à Zoé. De sa chemise en boule sur son bureau qu'elle avait souvent porté, aux draps qu'ils avaient froissé, en passant par ce vieux stylo bleu mâchouillé, ses chaussons zébrés, pour finir sur les bribes d'un vieux paquet de pépito sous le sommier. Tout était Zoé. Tom la respirait chaque jour, à chaque pouffé d'air qui traversait ses poumons. Du sol poussiéreux au plafond blanc. De jour comme de nuit. Chaque larme qui roulait sur sa joue lui été dédié. Toutes les souffrances et les peines portaient son nom. Zoé. « Zzzz-o-é.. » Tom aimait la vibration que produisait sa langue contre son palais à chaque prononciation.
Parfois, lorsque le regard de Tom se perdait dans le décors de la pièce, la silhouette de la disparue se dessinait au loin; sur le papier peint près du porte manteau, près de la fenêtre derrière le rideau et le plus souvent sur le rocking chair bleu « B-l-eu ». Son absence avait laissé une épine dans le coeur de Tom. Petite d'apparence mais infiniment douloureuse.
Du plus loin qu'il se souvienne, elle avait toujours était là. A l'école pendant les brimades, sur la balançoire loin des moqueurs, à la piscine aussi, sous les regards oppressants. Zoé venait briser sa solitude, souvent silencieuse mais présente. Partout. Tom se souvenait très bien de la seule et unique fois où il était monté à cheval. Dans son esprit, il s'amusait à replaçait chaque éléments, chaque détails, comme dans un puzzle où tout avait une place, c'est comme cela qu'il conservait les précieux souvenirs de cette journée où, sous les applaudissement de sa familles, il riait à gorge déployée. Cette journée où le soleil avait cognait ses omoplates. Cette journée où il était tombé. Cette fameuse journée où, tandis qu'il convulsait sur le sable chaud, elle le tenait par la main. Ce jour la pour la première fois, il rencontrait Zoé. Sa main... Sa main chaude et réconfortante avait toujours et sans exception, effacer la douleur de l'aiguille qui perforait sa peau.
La porte de la chambre s'ouvrit et le chat se faufila sous l'épaisse couette. Tom savait qu'il avait déjà trop trainé. C'était la, un des nombreux rituels entre lui et sa mère. Ou plutôt un consensus. Lorsque l'aiguille avait déjà trop tournée sur le cadran, elle entrouvrait la porte et laissait entrer le chat qui prenait sa mission très au sérieux ! Le chat « Ch-at » c'était l'assurance d'un doux réveil, léger et sans crise.
Tom posa délicatement sa main sur l'épaisse fourrure du matou. Et tandis que les yeux du félin s'emmurait, les yeux de Tom s'entrouvrait. Il ne cessa de caresser le matou jusqu'à ce qu'il n'ai plus à lutter pour maintenir ses yeux grands ouverts. Il souhaitait juste que son ami reste là, près de lui. Et que le temps s'écoule sans les attendre.. Mais la sonnerie retentit une troisième fois et Tom se redressa sur son lit. Il savait que c'était la dernière avant que sa mère ne monte, agacée. C'était comme ça, c'était un pacte. Une promesse. « C'est important de trouver un terrain d'entente Tom »
Le jeune homme enfonça ses pieds sur le tapis bordeaux et sentit chaque ficelle de l'épaisse laine sur sa plante. Le chat qui vint lui mordiller l'orteil le fit sortir de ses pensées. Il était 7h59, et à 8h précise, il devait descendre les escaliers qui menait à la cuisine où l'attendait sa mère.
Il éprouvait de curieux sentiment pour elle. Il l'aimait c'était indéniable, mais il l'as haïssait de tout son être. Elle qui n'avais jamais accepté Zoé depuis sa tendre enfance, elle qui l'en éloigner un peu plus chaque jours, pour son bien lui disait-elle. Parfois même il sentais de la peur émanait de son regard.Le jeune homme enfila son vieux t-shirt des Ramones, et entrepris de descendre les onze marches de l'escalier en bois.
Onze marches. Un chiffre impaire. Tom détestait par dessus tout les chiffres impaires ! Presque autant que la friction de ces fichus fermetures éclaires qui lui hérissait les poils du torse ! Chaque matin il y pensais, et sans savoir vraiment pourquoi, il les comptait chaque marche. 1, 2, 3 puis 4.. Et sans savoir pourquoi non plus, il ne s'arrêtait jamais à 11. Il n'y avait pourtant que onze marches !! Mais douze ! « D-ou-Ze » c'était un beau chiffre ! Presque aussi beau que Dix ! Il comptait donc jusqu'à 12 chaque matin.Et comme chaque matin, il s'assit sur sa chaise blanche près du pot de fleur rayé. Celui avec la tache bleu en forme de feuille, pas le rouge. Et sa mère non loin, dont le sourire ne cachait jamais la fatigue déposait chaque matin, un baiser sur son front. Et devant Tom il avait un plateau, toujours le même. Le plateau au rebord violet avec au centre, une voiture imprimée. Aucun autre, celui ci seulement. Sur ce plateau, la tartines de Nutella quotidienne. Cette fois ci, elle était un peu plus grillée que d habitude et Tom l'avait immédiatement remarqué. A coté de cette tartine, un récipient remplis de gélule suivis d'un verre de jus multi-vitaminé dont Tom raffolait.
Il souleva le verre et en prit une gorgée. « Hmm »
Tom ferma les yeux de plaisir. Oui c'est bien ça, se dit-il. La même saveur à chaque gorgée, un jus où l'on distingue à la fois chaque fruit, mais dont le mélange crée une saveur régulière et délicieuse. Comme chaque matin, de chaque jours, depuis des années. Tom n'éprouvait aucun désir à changer cela. Il se considérait comme un jeune homme simple, dont les choses simples comme la plus douce des routines le faisait se sentir heureux et en sécurité. Pas d'imprévu, pas de perte de contrôle. Mais depuis quelques mois, rien n'était plus pareil. La seule chose qui lui manquait, comme la couleur manque à un aveugle, c'était Zoé.
Tom, ce jeune homme dont les yeux était aussi bleu que l'océan. Tom à cette table, dans cette cuisine, tout les jours. Ce brun dont le sourire était rare mais plus sincère qu'aucun autre, Tom l'enfantin, Tom le torturé, Tom le garçon malade.
Dans cette maison qui été baignée de soleil et d'amour, Tom à grandis avec sa famille, ses camarades et Zoé, sa précieuse amie que jamais personne n'as pu voir.
La gorgée fut passé et Tom rouvrit les yeux. Et comme il le fit depuis des mois, il approcha le récipient remplis de pastille colorée près de sa bouche et avala tout d'un seul trait. Il détestait cela mais le fit quand même, car c'était une promesse qu'il avait faite. C'était un pacte, un consensus. « C'est important de trouver un terrain d'entente Tom. » Une larme roula sur sa joue à l'instant où il sentis les gélules descendre maladroitement dans sa gorge car il savait, il savait qu'aujourd'hui encore, elles l'empêcheraient de voir Zoé.
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Tom
Short StoryTexte tiré d'un de mes ateliers d'écriture. Consigne : Une nouvelle à chute est construite avec une fin qui surprend. Ce n'est pas ce qui est demandé aujourd'hui. Nous voulons une nouvelle « instant ». Nous devons montrer que cet instant du perso...