C.N. : Sur mon Corps et dans mon Cœur [ TERMINÉE ]

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Vous ais-je déjà raconter comment l'on envoya Tom au cachot ?
Tom est un esclave bien plus petit, plus jeune et frêle qu'Hercule et Fresky. Il n'est certes pas très fort, mais le jeune homme de quelques dix-neuf années approximativement avait des idées en tête et espérait, dès la tombée de la nuit, s'enfuir. Le jeune homme avait tout prévu de ses cachettes périodiques dans la forêt à ses armes de défense. Seulement, avant de mener à bien son opération, Tom eût un souci qui lui coûta plusieurs journées et souffrances. L'adolescence est un état d'homme assez fragile ; nous sommes impulsifs, spontanés et quelque fois nous posons des actes complètement irréfléchis.

C'est alors que sous un soleil de plomb arrivèrent les cousins germains et éloignées de la belle Jessica, ainsi que les frères et sœurs de Sir Winchester. Il fallut réparer tous les dégâts de la maison ; nettoyer la cheminée, refaire du jardinage, entretenir les cours extérieurs et tout cela sans compter les limites physiques à supporter et surtout, la faim.

Et il y avait dame Jeanne qui lui répétait des mots dénués de sens, comme pour l'embêter. Mais surtout, Elisa et mademoiselle Winchester.

Elisa était arrivée d'un autre grand propriétaire d'esclave, tout d'abord louée pour les cultures qui étaient fructueuses et que les biens meubles déjà au travail ne pouvaient terminer, puis achetée car elle faisait du bon boulot. Elle portait en son sein un enfant que personne, auparavant, n'avait su. Puis peu à peu, son ventre s'arrondissait, se marquait de sorte qu'elle en soit à son huitième mois. Mais depuis le début de la journée, la dame ne cessait de travailler, multipliait les lourdes charges à supporter, montait et descendait les marches hautes des escaliers. Sa face était noircie par de la suie et ses muscles serrés. L'énergie en elle s'épuisait. Elle souffrait. Mais dame Jeanne, ou encore Winchester ; personne ne daigna lui dire d'arrêter.

Justement, Sir Daniel discutait avec deux autres richards devant la fontaine devant l'entrée de la maison. Ils la regardaient du coin de l'œil.

— Je n'ai plus besoin de ça, expliqua-t-il. De toutes façons elle ne m'est plus si précieuse qu'auparavant ; elle devient trop paresseuse. Et elle est frêle. Et enceinte. Je leur ai toujours dit que je ne voulais pas de reproduction ici... Et madame de Habor l'a demandé à une forturne ! J'en ai besoin pour acheter du nouveau matériel.

— Bonne idée. Elle s'occupera de quelques tâches pour elle, énonça sa sœur.

Tom qui passait juste à côté d'eux entendit cela. Éléanor l'avait alors croisé, et il s'était empressé de se vider l'âme.

— Mais pourquoi sont-ils aussi inhumains ! Il n'y en a vraiment pas un qui a une once d'intelligence ? Ils vont vendre Elisa !

Et Tom devenait aussi triste, car l'amour qu'il ressentait pour Elisa augmentait de jours en jours. Comment ferait-il si elle s'en allait ? Tous ces beaux moments passés ensemble, ces promesses faites au coucher du soleil ?
Il pouvait toujours sauver l'amour de sa vie, il le savait.

— Et si nous fuyions ? J'y pense depuis beaucoup de temps !

— C'est risqué, surtout que toute la famille est présente. La garde est doublée.

— Mais ils vont repartir très vite !

— Pas avant la semaine prochaine, Tom. Et j'ai comme l'impression... qu'elle ne tardera pas à accoucher, avoua-t-elle en la regardant porter deux lourds paniers de fruits, la maîtresse la suivant durement du regard.

Elisa tomba sur le sol et resta assise. Tous les fruits dans les paniers roulèrent sur le sol, certains entrèrent dans la boue, d'autres aux pieds de madame l'impératrice qui rougit immédiatement de colère et rugit :