Le Harcèlement Scolaire

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12% des élèves de primaire et de collège se font harceler. Ce qui veut dire que, dans ce lycée de 1800 élèves, 216 d'entre vous soit 7 classes de 30 élèves ont subit des violences répétés, des moqueries tous les jours, des "blagues" douteuses, des insultes "pour rire", des coups, la mise à l'écart, le déshabillage forcé et bien d'autres violences et ceci, tous les jours de leur scolarité. Car c'est cela le harcèlement, des violences à répétitions, exercées sur un élève et qui entraînent une dégradation de ses conditions de vie. Ce sont ces comportements intolérables dans nos cours de récréation, où, à l'heure de la pause et des jeux, de jeunes gens sont plongés dans la solitude, la peur et la détresse. Le harcèlement a des conséquences graves pour ceux qui en sont victimes. Elles sont autant physiques que morales et psychologiques pouvant aller des comportements compulsifs dangereux comme la boulimie, l'anorexie et la scarification aux troubles du sommeil dû à l'augmentation du stress ainsi qu'à la phobie ou l'échec scolaire, la destruction de l'identité, la perte de la confiance en soi.... le suicide.

L'année dernière, l'Insee a recensé 1,2 million d'élèves harcelés en primaire et au collège et la psychologue Emmanuelle Piquet a déclaré que 20% des élèves étaient moqués fréquemment, 7% sont souvent insultés de manière raciste, 17% sont fréquemment frappés et 14% ont été l'objet de déshabillage forcé.  Lorsqu'un élève est victime d'un type de violence il est très probable qu'il le soit aussi de tous les autres types.

De plus ces chiffres sont inexactes puisque les témoignages d'élèves sont rares, ces élèves éprouvant de la honte ou n'étant pas pris au sérieux. Ils n'osent même pas en parler autour d'eux pour ne pas faire de peine à leurs parents et ne pas les culpabiliser.

Des solutions sont trouvés mais elles consistent à sortir les élèves de l'établissement ce qui peut-être pris pour eux comme une forme de fuite et de lâcheté par l'élève qui se retrouve plus encore en souffrance et de plus cela ne fait pas disparaître les harceleurs qui trouveront une autre cible. De même il est injuste et intolérable que ce soit encore une fois à la victime de payer le prix des affronts qu'elle a subit en changeant d'école.

Elles peuvent aussi faire appel au numéro vert mis en place par le Ministère de l'Éducation mais celui-ci n'apporte pas de réelles solutions, en effet, beaucoup de témoignages relatent l'expérience avec ce numéro vert en indiquant que les seules solutions fournies étaient de sortir l'élèves de l'établissement ou de porter plainte, ils n'aident pas à un arrêt du ou des harceleurs et à une reconstruction de la victime. Probablement car il s'agit un numéro mis en place par l'État qui cherche plutôt à enfouir les scandales et préserver la réputation de ses établissement. Il en est de même pour beaucoup de chef d'établissement qui cherchent plus à combattre pour leur bonne réputation que pour leurs élèves harcelés.

Un témoignage simple, venant d'un proche qui est l'une des raisons pour lesquelles je veux combattre cette violence confirme mes dires. En effet il a été victime de harcèlement, notamment au collège et, après l'avoir caché pendant des mois à ses parents pour les préserver, ceux-ci ont fini par le deviner, connaissant les signes. Ils ont alors contactés les éducateurs du collège qui n'ont rien fait ne les prenant pas au sérieux puisqu'il était bon élève et souriant alors ils sont allés porter plainte mais, ne connaissant pas les identités des harceleurs car l'enfant avait peur de les donner et qu'une nouvelle vague de violences s'abatte sur lui. Ils ont dû porter plainte contre X ce qui n'a donc pas servi à arrêter les violences. Alors, ils ont appelé le numéro vert qui leur a conseillé de se plaindre auprès des éducateurs du collège ou d'aller porter plainte. Au final, ses parents l'ont changé d'école. Ainsi, les enfants qui se plaignent auprès des profs sont accusés de victimes et ceux qui ne se plaignent pas ne le font pas car ils considèrent la réponse des adultes comme étant inadaptées et l'intervention adulte peut amplifier le phénomène.

Pourtant des lois existent, notamment le décret anti-discrimination du 12 décembre 2008 qui stipule que "l'intervenant (dans l'éducation, la guidance psycho-médico-sociale, etc.) est tenu d'apporter aide et protection à l'enfant victime de maltraitance" ou encore l'article 8 du décret "Missions" du 24 juillet 1997 "chaque établissement éduque au respect des convictions de chacun, au devoir de proscrire la violence tant morale que physique [...] et de mettre en place des pratiques démocratiques de citoyenneté responsable au sein de l'école" mais surtout l'article 222-33-2 du code pénal qui explique que "le fait de harceler autrui par des propos ou des comportement répétés ayant pour objet ou pour effet la dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d'altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000€ d'amende" mais prévoit une sanction pour les mineurs de "travaux d'intérêt général, réparation des dommages par proposition du jeune suivi psychologique". Mais encore faut il avoir des preuves pour appliquer ces peines.

Mais qui sont les véritables coupables alors? La question aurait dû être posée plus tôt mais j'attendais d'avoir tous les éléments. Et bien.... tout le monde (ou presque), nous sommes tous responsables à notre échelle. Les harceleurs sont bien sûr les premiers pour une raison évidente ainsi que le personnel de l'établissement puisqu'il ne rempli pas sa mission de protection. Mais les harceleurs ne sont pas seul, en effet, ils sont entourés de personnes qui les soutiennent par peur ou par conviction, quelque soit la raison ils en deviennent harceleurs ainsi que tous ceux qui ferment les yeux et qui deviennent coupables de non assistance à personne en danger.

Ainsi, sans agir utilement contre le harcèlement scolaire on accepte la destruction physique et mentale des adultes de demain, de la survie de nos nations, de l'espèce humaine.

 Alors? N'y a t'il rien d'efficace? Doit-on se résigner à laisser nos enfants, nos frères, nos sœurs, nos cousins, cousines, ami.e.s à subir ses violences sans rien pouvoir faire? 

Et bien pas tout à fait, en effet, certains établissements mettent en place des structures en internes constituées majoritairement d'élèves qui repèrent les harceleurs pour les signaler et ne jouent plus ainsi le rôle de moutons qui laisse faire. Tout le monde fait ainsi sa part pour prévenir du harcèlement en n'agissant plus dans le sens du coupable pour ne pas devenir une victime mais en protégeant la victime pour ne pas devenir un coupable. En agissant ainsi en groupe on évite les représailles. De plus cela apprend véritablement aux élèves la vie en société ou il faut aider ceux qui sont dans le besoin et se soutenir. 

Car ils ne sont pas plus fort, ils ne sont pas plus malins, ils n'ont pas plus de droits, ils ne peuvent rien sans notre soutien, c'est à nous, à nous tous de lutter contre les violences dans nos écoles, à nous de faire notre part en ne laissant pas faire. Soyez courageux, soyons le tous.

Plaidoyer: Le Harcèlement ScolaireWhere stories live. Discover now