1.2 - Les trois méfaits de Doudou Pas Gentil

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Résumé de l'épisode précédent : tout allait bien au pays Outoutaidou où vivait Mondoudou.

Un jour, vint Doudou Pas Gentil. C'était un jour où le ciel était bleu, un jour fait d'amour, de bisous et de gros câlins ; en somme, un jour comme tous les jours. Rien ne laissait supposer que Doudou Pas Gentil allait venir. Et pourtant, c'est ce jour-là qu'il est venu. Si on y réfléchit, puisque tous les jours avaient un ciel bleu, de l'amour, bisous et câlins tout ça, alors Doudou Pas Gentil, s'il devait venir, ne pouvait venir qu'en un de ces jours-là... Mais quoiqu'on en dise, il est venu, et c'était ce jour-là.

Nul ne sait ni comment, ni pourquoi, ni d'où (ni Doudou, ni les autres) il est venu. Quoiqu'il en soit, il est venu... et c'était ce jour-là.

La dernière fois qu'on avait vu un Doudou méchant au pays Outoutaidou, c'était il y a si longtemps que personne ne s'en souvenait. Si bien qu'il était entendu que l'on avait jamais entendu parler d'un Doudou méchant au pays Outoutaidou. Personne même ne pouvait en supposer l'éventualité. Et pourtant, il est venu (et c'était ce jour-là).

Le premier signe du passage de Doudou Pas Gentil était un grand désordre. Mondoudou, partout où il allait, se demandait :

— Mais pourquoi ceci est-il là ? Il n'est pas à sa place !

Et ensuite il le rangeait. Mais tout de suite après, c'était encore autre chose qui n'était pas au bon endroit. Il fallait de nouveau le ranger, et recommencer avec encore autre chose. C'était incompréhensible.

Le second signe du passage de Doudou Pas Gentil était le vent violent qui se mit soudain à souffler dans la plaine de Mamaman. Il soufflait si fort que les ciélologues craignaient que, pour la première fois depuis que la ciélologie existait, des nuages gris ne viennent dans le ciel bleu. (Oui, des nuages gris !). Les vents disaient "Je commence à en avoir AAAssssez". Alors Mondoudou disait, aux choses qui se déplaçaient :

— Bon, j'en ai a-ssez! (d'une voix agacée).

Mais ça ne changeait rien. Les Doudous et les Joujoux continuaient à se déplacer, à plein d'endroits où ils n'avaient pas à se trouver.

Le troisième signe du passage de Doudou Pas Gentil était un bruit venant du Mont Pah'Pa. De cette montagne d'ordinaire si tranquille se mit soudain à surgir un volcan. Et le volcan à rugir. La voix du volcan roulait et tonnait fort, à en faire se fermer les oreilles avec les mains.

Devant tous ces évènements inquiétants, Mondoudou décida de chercher qui en était la cause. Car il y avait forcément une raison, comme disait la voix du volcan. Et il fallait que cela s'arrête, comme disait le vent dans la plaine.

Mondoudou interrogea donc, un à un, tous les Doudous, tous les Joujoux, et tous les chefs de tous les peuples qui vivaient dans Mamaison. Jusqu'à ce qu'un Doudou noble, Doudou des Lateurs, informe Mondoudou qu'un nouveau Doudou avait l'air bizarre. Ce Doudou bizarre, c'était Doudou Pas Gentil.

— On devrait se méfier de Doudou Pas Gentil, disait Doudou des Lateurs. Parce que, déjà, il a un nom qui en dit long. Parce que, ensuite, il n'est pas doux. Et un Doudou pas doux, c'est comme une plaine vide : c'est pas naturel. Et parce que, enfin, il a un regard cruel. Et un Doudou au regard cruel, c'est comme un mont sans fond : ça ne veut rien dire. C'est pourquoi je pense que, si on lui demande ce qu'il faisait aux heures des crimes, eh bien il ne parlera pas ; car il ne veut rien dire.

Mondoudou prit un regard sérieux pour écouter Doudou des Lateurs et sa logique implacable. Puis Mondoudou décida d'aller parler à Doudou Pas Gentil, pour lui demander sa version des faits. Mais, comme l'avait prédit Doudou des Lateurs, Doudou Pas Gentil ne voulait rien dire. Et c'était bien naturel, car un Doudou, c'est gentil, par définition. Alors, Doudou Pas Gentil fut convoqué au tribunal des Doudous, qui se tenait au 5 de la rue Soumonli, dans le quartier de Machambre.

— Doudou Pas Gentil ! dit d'une voix forte le juge Aiparti après des heures de débats. Votre nom et votre apparence semblent être, selon le procureur Asarien qui vient de s'exprimer, les preuves de votre anormalité. Qu'avez-vous à dire pour votre défense ?

— Rien, répondit Doudou Pas Gentil, supposé innocent (parce qu'il faut d'abord l'être avant d'être coupable).

— Même pas que vous êtes innocent ? insista le juge.

— Même pas, confirma le suspect (parce qu'un innocent, c'est tout de même très suspect).

— Même pas que vous êtes désolé de ce que vous avez rien fait ? s'indigna le juge.

— Même pas, confirma le coupable (parce que quand on est suspecté, on devient coupable au moins d'être suspecté).

— Doudou Pas Gentil ! reprit le juge. Puisque votre nom, votre apparence et votre silence font de vous le coupable des faits qui vous sont mis sur le dos, je vous condamne à partir du pays Outoutaidou et à n'en plus revenir ! Qu'avez-vous à ajouter ?

— Bah, euh, rien.

Décidément, Doudou Pas Gentil ne voulait rien dire, c'est à dire ne dire que rien... Il dut donc partir, quittant le pays Outoutaidou pour le pays de Jeunesaizou, escorté par Mondoudou pour être sûr que Doudou Pas Gentil soit bien parti.

Et c'est ainsi que Mondoudou apprit la morale de l'histoire précédente : Quand tout va bien au pays Outoutaidou, il y a toujours quelque chose qui fait que ça va mal. Mais comme tout va bien au pays Outoutaidou, alors ce qui va mal s'en va.

Mondoudou revint ensuite en héros à Mamaison, tous les Doudous l'acclamant sur son passage, car c'était grâce à lui que l'ordre et la sécurité étaient revenus à Mamaison. Tous, sauf un. Doudou Tout Triste, lui, ne participait pas à la liesse. Il restait seul dans son coin à pleurer. Alors Mondoudou vint le voir et lui demanda :

— Mais pourquoi pleures-tu, Doudou Tout Triste ?

— Ah ! C'est tout une histoire ! répondit ce dernier d'une petite voix mouillée.

C'était en effet toute une histoire. Une histoire incroyable... Mais tout cela, on le verra la prochaine fois. Pour l'instant, il faut dormir.

Mondoudou au pays Outoutaidou (Wattys 2019)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant