11.

5.9K 754 58
                                        

L'embarras, voilà ce qui me tenaillait en cet instant.

Le regard figé dans celui du prince, dont les sourcils ardemment froncés me scrutaient et m'interrogeaient de façon tacite sur la raison de ma présence.

En cet instant, je ne savais où me réfugier, où poser mes yeux, tant la situation m'était étrange et déstabilisante.

Dans un mouvement désordonné, je détournai le regard, noyée dans une gêne profonde, avant de me diriger machinalement vers la grande table.

Le plateau que j'y posai semblait peser une tonne, un fardeau supplémentaire à cette scène.

Ma main, tremblante, se perdit dans mes cheveux en cherchant à apaiser un embarras dont je ne parvenais pas à me défaire.

Il me faudrait fuir ce moment, prendre la fuite et effacer cette scène de ma mémoire, me réfugier dans la solitude de ma chambre pour faire de cet instant un lointain souvenir.

Et pourtant, je demeurai là, comme pétrifiée, ne sachant que faire.

Comment pourrait-on feindre l'indifférence face à une telle situation ?

Le prince tant recherché était enfin de retour, mais dans un état qui laissait place à des ambiguïtés.

Des questions légitimes se soulevaient.

Pourquoi se trouvait-il dans une telle condition ?

Avait-il, comme le pressentait son cousin quelques minutes plus tôt, frôlé un danger ?

C'est alors que la voix de Monsieur Rodrigue résonna à nouveau dans la pièce, sèche, autoritaire, dénuée de toute hésitation.

Rodrigue: Il faut que tu te fasses soigner. J'appelle Rick immédiatement.

Sa voix, ferme et tranchante, contrastait avec l'apathie glacée de son cousin.

Il détourna enfin son regard de moi pour reporter toute son attention sur Arole, dont l'expression n'avait pas changé.

Non.

Son regard n'avait jamais quitté ma silhouette.

Lorsque enfin il daigna détourner les yeux, ce fut uniquement pour jeter un bref coup d'œil à monsieur Rodrigue avec un éclat de lassitude qui traversait fugitivement ses traits.

Puis, sans un mot de plus, il se détourna et gravit les premières marches de l'escalier.

Son pas était légèrement hésitant ce qui trahissait une faiblesse qu'il s'efforçait d'ignorer.

Lui : Si tu nourris l'intention que tout soit rapporté à ma mère, tel que tu le redoutes, appelle-le donc !

Prononça-t-il avec une désinvolture glaciale tout en poursuivant difficilement son ascension vers l'étage supérieur.

Son cousin, ne tarda pas à le suivre sans la moindre hésitation.

Rodrigue : Alors, que comptes-tu faire ? Rester là, sans chercher à te faire soigner ?

LE PRINCE ET LA CHRÉTIENNEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant