Jeux d'enfants

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L'innocence n'existe pas que chez les enfants, elle subsiste encore chez certains adultes comme Méra et Alex, par exemple. Après s'être rejoints à la statue, ils ont discuté pendant quelques heures, de la fermeture de l'école à celle du bar dans lequel ils se sont abrités des flocons de neige. Ils s'échangèrent leurs numéros et se séparèrent à vingt-trois heures sur le quai de l'arrêt République. Alex se dirigea vers chez lui, un studio au dernier étage d'un grand immeuble. On pouvait monter sur le toit et contempler Paris. C'est ce qu'il fit, une cigarette à la main, il regardait le ciel sombre et la ville illuminée qui s'offraient à lui en pensant à Méra, cette charmante jeune femme qu'il avait rencontré. Bien sûr qu'il l'avait remarquée, et ce, de nombreuses fois. Dans le métro, à l'école d'art, dans les rues de la ville parfois, mais il n'avait jamais pensé qu'elle viendrait d'elle même. Qu'elle était belle sous la lumière blanchâtre des lampadaires parisiens faisant ressortir son rouge à lèvres couleur ketchup. Un soupçon d'amour mélangé à des litres de curiosité.
Méra se promenait au bord de la Seine, sautant dans des flaques d'eau gelées. Une des seules choses qui pouvaient la détendre, effectivement, il y avait le rire enfantin d'Alex aussi. Bizarrement, c'est comme s'ils se connaissaient depuis la maternelle. Elle l'imaginait alors jouer à la marelle, ce qui la fit sourire. Elle rentra ensuite chez elle, un petit appartement dans le XVe arrondissement de Paris. Pas très grand mais juste ce qu'il faut. Le lendemain vers dix-neuf heures, elle reçu un message d'Alex : «Je t'emmène au Louvre, il fait nocturne aujourd'hui. Retrouve-moi à Sainte-Anne à vingt heures trente». Surexcitée à l'idée d'aller à l'un de ses musées préférés, elle se prépara vite et se mit en chemin. Elle était arrivée avec quelques minutes d'avance. Elle regardait le ciel noir parsemé de nuages cotonneux, quand Alex arriva derrière elle.
-«Salut !»
Elle sursauta, lui fit la bise et se dirigea avec lui vers la bouche de métro. Il y avait beaucoup de monde, Méra observa les gens : un enfant aux cheveux blonds avec sa mère, un ou deux sans-abris, des personnes âgées et beaucoup de personnes qui avaient l'air de rentrer du travail. Le train s'arrêta soudainement, faisant vaciller Méra mais elle fût très vite rattrapée par Alex. Se retrouvant maintenant dans ses bras, elle virait au rouge pivoine, ce qui se voyait malgré son teint basané. Face à lui, elle le regardait. Ses yeux verts brillaient et son teint nacré était à moitié caché derrière sa grosse écharpe. Elle continuait de l'observer quand il lui dit en souriant :
«Regarde, c'est notre arrêt.»
Ils descendent alors de la rame et se dirigèrent ensemble vers le musée. Tableaux admirés et expositions enchaînées, ils finissent leur visite incomplète vers trois heures du matin. Main dans la main, ils entrent dans le métro et ne disent rien. Méra décide alors de prendre la parole : «C'était vraiment bien, on finira notre visite un autre jour, d'accord ?»
«Oui, on pourrait se revoir demain ?»
Méra répondit positivement et ils rentrèrent chacun de leurs côtés. Elle était épuisée mais avait apprécié ce moment partagé avec lui à détailler les œuvres et à les commenter.

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